Contrats territoriaux de la Plaine de Niort : être pragmatique !
La démarche territoriale de la plaine de Niort est en constante évolution. Aujourd’hui, deux contrats territoriaux pollutions diffuses couvrent ce territoire : celui du Vivier et celui de la Courance. Bien que très différents, ils présentent une similitude d’actions. Une mutualisation des actions vise à favoriser de manière concrète et opérationnelle l’atteinte des objectifs environnementaux.
Du petit syndicat à la grande communauté d’agglomération
Depuis 2020, en application de la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRé), le syndicat est rattaché à la communauté d’agglomération de Niort. Toutes les communes ont transféré au syndicat la totalité de leur compétence eau potable : production, distribution et protection de la ressource.
La transversalité et la mise en réseau des compétences sont facilitées pour une grande structure. La communauté d’agglomération de Niort a ainsi créé un service « agricole et économique ». Un chargé de missions agricoles à mi-temps appuie l’équipe de techniciens déjà en place dans la mise en œuvre des deux programmes d’actions. Niort Agglo offre aussi la possibilité de créer de nombreuses passerelles sur des sujets tels que le foncier, les projets alimentaires territoriaux (PAT) ...
Florian Durand, coordinateur de la cellule Protection de la ressource, communauté d’agglomération de Niort :
« Le fait de travailler avec une agglomération comme celle de Niort ouvre le champ des possibles. »
De gauche à droite : Florence Barre (AELB), Alexis Ingrand et Florian Durand (communauté d’agglomération de Niort)
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
Des actions agricoles
Une trentaine de partenaires, chambre d’agriculture, coopératives et négoces, associations environnementales, est associée à la démarche et porte des actions.
Les actions agricoles mises en place sont nombreuses :
- implantation des couverts végétaux pour éviter le lessivage, avec une animation spécifique et un suivi avec la télédétection par photo aérienne. Une expérimentation d’implantation de couverts avec des céréales sur 90 ha vise à allier efficacité environnementale et gain économique ;
- maintien et développement des haies avec pour objectif « plus un seul mètre arraché ! » ;
- réduction de 50% des détections de produits phytosanitaires dans l’eau en déployant le désherbage mécanique. Du matériel de désherbage mécanique est mis à disposition par l’intermédiaire des coopératives d'utilisation de matériels agricoles (Cuma).
Alexis Ingrand (communauté d’agglomération de Niort)
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
Le territoire s’est donné pour objectif d’atteindre 66% d’exploitations certifiées sous différents labels de qualité : agriculture biologique, agriculture de conservation des sols (au cœur des sols)... Le développement de l’agriculture biologique, au travers de l’accompagnement et de la structuration des filières, est remarquable avec 25 % d’exploitations agricoles labellisées.
Pour encourager ces pratiques vertueuses, Alexis Ingrand, animateur agricole de la Courance, compte sur le collectif :
« Les agriculteurs sont mes meilleurs VRP. »
Sensibiliser aussi le grand public
Des actions sont menées pour sensibiliser largement le grand public aux enjeux de protection de l’eau. Les animateurs tiennent des stands sur les vide-greniers ou les marchés, font des « bars à eaux », organisent des ateliers pour l’entretien des jardins au naturel.
Une station de mélange pour respecter les normes de potabilisation
Pour respecter les normes de potabilisation, la solution mise en place est l’installation d’une station de mélange. Elle permet de mélanger les eaux provenant des différents captages afin d’obtenir une moyenne respectant les normes pour la potabilisation. Grâce à ce procédé, seule la désinfection au chlore est effectuée sur les eaux avant l’envoi dans les réseaux d’eau potable par le prestataire de la collectivité.
Comme l’explique Alexis Ingrand, le territoire de la Courance est en fond de vallée du marais poitevin avec des nappes captives à 10 à 15 mètres de profondeur. Deux cent exploitations agricoles sont implantées sur ce territoire rural de 12 000 hectares de surface agricole. Le contrat territorial de la Courance inclue 4 captages dont 2 classés « Grenelle ». Des problèmes de nitrates et de phytosanitaires, répartis de manière hétérogène entre les différents captages, sont observés sur la qualité de l’eau. Mais leur mélange permet de respecter pour tous les normes de potabilisation.
Clin d’œil à une particularité du territoire : la dénitrification naturelle
Sur l’un des captages du contrat territorial de la Courance, un phénomène assez rare et fragile est observé : la dénitrification naturelle. Lorsqu’elle est active, elle contribue à la protection de la ressource en eau potable vis-à-vis des pollutions azotées (nitrates). Le phénomène, peu commun, est choyé par le service des eaux du Vivier (SEV). En effet, il faut respecter quelques conditions pour optimiser le processus, dû principalement à la présence de pierre de pyrite sur lesquelles les bactéries se fixent.
Alexis Ingrand précise :
« Il faut faire attention au niveau de la nappe car si elle baisse trop, l’oxygène augmente, ce qui empêche le développement des bactéries en charge de la dénitrification. »
En effet, les bactéries responsables de la dénitrification sont anaérobies, c’est-à-dire qu’elles ne peuvent pas se développer au contact de l’oxygène. La surveillance et la gestion du niveau de la nappe sont donc importantes pour le maintien de ce phénomène.