Le dialogue : la force du contrat territorial Chère Don Isac
Le syndicat Chère Don Isac est issu de la fusion des trois syndicats qui co-existaient auparavant sur ce territoire. Cette convergence des structures a naturellement conduit à une mutualisation des actions entre les trois contrats territoriaux que chaque syndicat portait. C’est aujourd’hui un seul contrat territorial qui couvre le territoire. Grâce au dialogue et à la concertation, le syndicat est parvenu à mettre en place une démarche territoriale efficace reposant sur une gouvernance forte et la volonté constante de sensibiliser les élus et la population.
Le dialogue pour parvenir à une gouvernance solide
Le syndicat Chère Don Isac couvre une superficie de 1900 km². Il est à cheval sur deux régions, la Bretagne et les Pays-de-la-Loire, et sur trois départements (Ille-et-Vilaine, Morbihan, Loire-Atlantique). Il est issu de la fusion de trois syndicats. Cette fusion a nécessité de travailler avec huit intercommunalités qui ne se connaissaient pas. Elle aura mis presque trois années à aboutir.
De gauche à droite : Guillaume Rocher – Hervé Ponthieux (AELB) – Delphine Forestier (responsable pôle milieux aquatiques et animatrice BV) – Hélène Bouille (animatrice BV collectivités) – Didier Pécot (Vice-président de la communauté de communes Pontchâteau et Président du syndicat) – Michelle Darabi (Directrice du syndicat et maire de Saffré) – Mme Lefèvre
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
Michelle Darabi, directrice du syndicat :
« L’accompagnement au changement a été essentiel ; on s’est appuyé sur le passé pour construire le présent et prévoir le futur. »
Comme tout changement, cette fusion a été source d’inquiétude dans les équipes. Il a fallu que chacun compose, revoie sa façon de s’organiser, ses habitudes, son bureau…. Il a été essentiel de ne pas sous-estimer la gestion humaine lors de cette période d’incertitude, ni la crainte qu’elle a généré chez les salariés ainsi que chez les élus. L’effectif a connu un roulement important avec un taux de renouvellement de 50 %. Finalement, travailler ensemble, se regrouper, partager ses expériences est devenu une force. Cette mutualisation des structures a permis de créer une équipe de techniciens pouvant partager et s’enrichir des compétences et expériences de chacun.
L’organisation de ce syndicat a également été modifiée par rapport à celle des anciennes structures, passant d’un niveau hiérarchique à deux. En effet, des cadres intermédiaires, appelés responsables de pôle, ont été mis en place. Cela a entraîné des incompréhensions au départ. Avec le recul, cette organisation permet de protéger les techniciens au contact des acteurs. Dans les cas de tensions ou problèmes avec des usagers (habitants, agriculteurs, riverains…), le responsable de pôle prend le relais et, si nécessaire, le binôme responsable de pôle - élu référent. La complémentarité entre les élus et les animateurs, techniciens et encadrants est un élément déterminant pour la réussite du programme d’actions.
M. Pécot, président du syndicat :
« Quand le politique et le technique sont chacun bien à leur place et dialoguent, le travail est serein et les projets avancent. »
Enfin, le territoire a su mettre en place une gouvernance forte. Le bureau représente les huit communautés de communes. Des délégués référents par commune sont désignés. Leur rôle est essentiel. Ils sont au plus près du territoire qu’ils connaissent, peuvent alerter par rapport aux situations territoriales et relayer les informations. Les élus sont présents, disponibles et des réunions régulières sont planifiées.
M. Pécot, président du syndicat :
« On pourrait vite être mauvais élève à être happés par nos autres mandats mais là, le point est toutes les deux semaines et permet de ne pas délaisser ce sujet prioritaire. »
Le contrat territorial pour obtenir des résultats concrets dans la durée
Le contrat territorial permet de se rassurer sur l’accompagnement financier de l’agence pour une durée de 6 ans, avec une montée progressive en ambition. Tous les problèmes ne sont pas solutionnés à l’issue du premier contrat.
M. Pécot, président du syndicat :
« C’est une course de fond, il faut faire preuve d’humilité pour faire tenir nos équipes. On ne mettra pas 6 ans à réparer ce qu’on a mis 60 ans à détruire. »
La fusion des syndicats a conduit naturellement à une mise en commun des outils. Pour commencer, les programmes d’actions prévus dans les trois contrats territoriaux de chaque syndicat ont été juxtaposés. Il a fallu apprendre à travailler ensemble et, avec du recul, rendre une première année moins ambitieuse pour se laisser plus de temps au démarrage.
Le trio gagnant : concertation, binôme technicien-élu et sensibilisation
Les techniciens sont de plus en plus amenés à utiliser la concertation pour faciliter l’acceptabilité des projets. En plus de leurs connaissances, ils doivent acquérir une double compétence alliant la technique et l’approche sociologique des actions. Une première étude sociologique, financée par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, a d’ailleurs permis de travailler sur les points de blocage persistants qui empêchent des projets plus ambitieux de se mettre en œuvre.
Le syndicat du bassin de l’Oudon souligne aussi l’importance du binôme technicien–élu. Il permet de faire avancer les dossiers thématiques et de mettre en place les actions de sensibilisation pour faire connaître :
- les actions thématiques ;
- expliquer les raisons de la non-immédiateté de l’observation des résultats.
Ensuite, la sensibilisation est également un enjeu important. Les canaux et les relais pour améliorer la sensibilisation des élus communautaires et du grand public doivent être efficients car les moyens financiers ne sont pas extensibles. La communication n’est pas toujours suffisante pour valoriser les actions du syndicat et la pédagogie est souvent plus que nécessaire. Certains enjeux sont plus visuels ou évocateurs pour la population. Par exemple, avec le risque inondation, il faut être en mesure d’expliquer de façon simple les effets positifs à moyen et à long termes d’une bonne gestion des milieux aquatiques pour réduire le risque d’inondation.
Tout changement prend du temps. Sensibiliser, co-construire, expliquer l’impact des actions déployées, visualiser des résultats concrets : ce sont les clés pour faire accepter l’inertie liée à ce métier. Une haie ne pousse pas en un jour, son impact sur l’environnement se fera dans la durée.