Pour des mares et ripisylves favorables aux libellules
Restaurer, créer des mares et des ripisylves favorables aux libellules dans la forêt domaniale de Sillé dans la Sarthe (72). Tel est l'objectif de l'Office national des forêts. Quatorze ans après avoir établi un protocole de création/restauration, il propose de suivre l'évolution des travaux et d'en tirer les enseignements. Une opération retenue dans le cadre de l'appel à projets 2019 d’accompagnement des plans nationaux en faveur des espèces menacées.
Suivre l'évolution des mares et la présence des libellules
En 2006, l’Office national des forêts (ONF) établit un protocole afin de restaurer ou de créer des mares sur la forêt domaniale de Sillé. Les travaux sont réalisés par l’ONF en partenariat avec le parc naturel régional Normandie-Maine. Douze mares sont créées, 8 en milieu forestier et 4 en milieu prairial pour favoriser la présence des odonates (libellules et apparentés) mais aussi des amphibiens ou des invertébrés (vers, crustacés...). Opération réussie : la forêt domaniale de Sillé bénéficie actuellement d’un cortège d’odonates important et varié. 36 espèces sont actuellement connues dont l’Agrion mignon (Coenagrion scitulum), le Leste sauvage (Lestes barbarus) dans les mares forestières, le Cordulégastre annelé (Cordulegaster boltonii) sur les cours d’eau ou encore la Cordulie à corps fin (Oxygastra curtisii) dans les étangs.
L'objectif est maintenant de suivre l’évolution du site dans le cadre du plan national d’action des odonates. Une étude comparative sera effectuée avec le même protocole : inventaire des odonates, préconisations pour gérer le réseau de mares et pour engager de nouveaux travaux pour restaurer ou créer des mares.
De nouvelles actions sur la végétation des rives des rivières
L’Office national des forêts va inventorier des tronçons de cours d’eau afin d’effectuer un diagnostic de la ripisylve c'est-à-dire des formations boisées qui bordent les rives des cours d'eau. Ce diagnostic permettra d'identifier les secteurs à restaurer.
Anciennement, le massif forestier était privé, et l'État a récupéré, en 1925, une forêt à reconstituer sur une grande majorité de la surface. Lors des reboisements, de nombreux résineux comme l’épicéa ont été implantés le long des cours d’eau. La couverture des cours d’eau est devenue complète ce qui est défavorable aux odonates et à la stabilité des berges. Dans les secteurs à restaurer, les résineux seront remplacés par des aulnes, des saules ou des chênes pédonculés permettant l’installation d’une végétation plus diversifiée et fixant mieux les berges.
Le diagnostic se fera d’avril à septembre 2020 et 2021. Les travaux pour restaurer ou créer des mares s’effectueront de septembre à octobre 2022. Les travaux sur la ripisylve auront lieu de novembre à décembre 2022.
Le coût des travaux s’élève à 34 000 euros. L’agence de l’eau Loire-Bretagne apportera une subvention de 17 0000 euros.
La ripisylve est l'ensemble des formations boisées, buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d'un cours d'eau, d'une rivière ou d'un fleuve,
Un site témoin pour démultiplier l'action
Mickaël Ricordel
© M. Ricordel - Office national des forêts
Les enseignements obtenus pour la forêt de Sillé, serviront pour la forêt domaniale de Perseigne, au nord du département de la Sarthe, entre Alençon et Mamers.
« Voir un secteur évoluer 14 ans après est très intéressant et peu fréquent. Le milieu continue à évoluer sans nous. J’ai suivi ces travaux en 2006 et je suis content de pouvoir revenir étudier l'évolution de ces mares après ce laps de temps. »
Mickaël Ricordel, chef de projet environnement, Office national des forêts