Restaurer un réseau de mares bocagères
La fédération départementale des chasseurs de la Loire, en lien avec des agriculteurs, engage des travaux pour restaurer un réseau de mares bocagères sur plusieurs communes du département de la Loire (42) : 60 mares sont restaurées sur la commune de Marcoux sur le piémont des Monts du Forez et 120 sont en cours à Bully, une petite commune rurale située dans l'aire d'attraction de Roanne. Les résultats sont là ! Les mares offrent une autonomie en eau pour l’agriculture et elles accueillent à nouveau de nombreux mammifères (lièvres, chevreuils...) et toute une faune sauvage : libellules, amphibiens commencent à reconquérir le territoire.
© Une Image à part
Un territoire à reconquérir pour concilier conservation de la biodiversité et usage agricole
Les mares de ces communes, dans leur grande majorité, ne sont pas entretenues. Elles se bouchent et se végétalisent rapidement, avec pour conséquence un asséchement précoce. C'est le constat fait par la fédération départementale des chasseurs de la Loire.
A la suite de ce comblement progressif des mares, de nombreuses espèces d’amphibiens et de libellules ont disparu au fil du temps. Les agriculteurs n'avaient pas d'autres choix que de remplir des bacs avec de l'eau potable pour le bétail, ce qui entraînait des dépenses importantes.
Après de nombreux échanges entre les agriculteurs, qui utilisent les mares pour l’abreuvement du bétail, et les chasseurs, l’enjeu biodiversité est devenu une priorité partagée par tous. La restauration des mares apparaît alors comme l’élément indispensable pour permettre à ces espèces de reconquérir le territoire. Le maintien du réseau de mares en bon état écologique permet de créer un corridor écologique. Cela facilite le déplacement des espèces entre les réservoirs de biodiversité.
Les réservoirs de biodiversité sont des territoires dotés d’une biodiversité particulièrement riche, dans lequel les espèces animales ou végétales trouvent des conditions favorables pour se développer, se disperser et coloniser d’autres territoires.
Françoise Morel
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
« L'agence de l’eau Loire-Bretagne encourage la restauration de mares et de haies bocagères pour favoriser la biodiversité et pour limiter les impacts des sécheresses / canicules liés au changement climatique. En effet, les mares constituent des zones naturelles d'abreuvement pour le bétail permettant des économies sur la consommation en eau potable. »
Françoise MOREL, chargée d’intervention à l’agence de l’eau Loire-Bretagne.
Des actions collectives pour restaurer 180 mares
Des analyses de photos aériennes et des visites terrain ont permis de recenser les mares comblées et les mares potentielles. Afin plus d'être plus rapidement opérationnel et de limiter les dépenses publiques, aucun inventaire n’a été réalisé au préalable : le sonneur à ventre jaune est une espèce pionnière qui revient rapidement après restauration et cette restauration est de toute façon bénéfique pour la biodiversité.
Le travail s’est fait entre la population, la fédération de chasse et les agriculteurs locaux. Cela a permis un projet dynamique, au plus près du territoire. Il a fallu retrouver l’ensemble des propriétaires de mares, obtenir leur accord pour les restaurer. Une convention pour la réalisation des travaux a été signée entre les agriculteurs et la fédération départementale des chasseurs de la Loire.
Les exploitants agricoles locaux (chasseurs ou non) apprécient cette initiative et participent volontiers à ces projets de restauration. La fédération des chasseurs, en lien avec ses adhérents des sociétés de chasse locales, rencontrent les exploitants qui s'engagent à conserver les mares en bon état et à effectuer la partie des travaux qui leur incombe (clôtures, abreuvoir…). Ensuite une entreprise de terrassement réalise les travaux de génie écologique sous la coordination du chargé de mission de la fédération.
Mares de Marcoux restaurées
De gauche à droite - mare abreuvoir - mare pour favoriser la biodiversité - mare en lisière de forêts
© Agence de l'eau Loire-Bretagne - Sandrine Robert
Soixante mares ont ainsi été restaurées sur la commune de Marcoux en un an puis cent vingt mares le seront sur celle de Bully en deux ans.
Différents types de restauration ont été pratiqués :
- mise en place de bac à débordement pour abreuver le bétail et clôture de la mare ;
- clôture de mare à des fins de biodiversité sans prise d’eau ;
- création de mares proche de la lisière de forêt pour favoriser la biodiversité.
Les restaurations de mares associées à des replantations de haies bocagères contribuent à la restauration du bocage ligérien.
Les chasseurs, agriculteurs et le grand public dont les écoles ont été impliqués dans ces projets en amont (collecte des graines de végétaux locaux) mais aussi dans la réalisation (plantations des haies…). Les végétaux des haies sont issus de variétés locales à partir des graines recueillies sur site et élevées par un pépiniériste local.
Une grande réussite
D'ores-et-déjà de nombreuses espèces (crapauds, grenouilles, libellules) dont le sonneur à ventre jaune, espèce menacée et protégée par un plan national d’action, ont retrouvé des zones de reproduction sur les deux communes concernées par les travaux de restauration. D’autres espèces telles que le triton crêté ou le triton palmé sont apparues. Et la quantité d'eau potable consommée pour l'alimentation du bétail a aussi diminuée.
La restauration de ces mares à l'échelle de ces deux communes, soit des petits périmètres, a permis de construire un réseau intéressant entre les agriculteurs et les acteurs de la biodiversité. Le concept a été apprécié et bien accepté. Via les réseaux de chasseurs et d’agriculteurs, la démarche est parvenue à intéresser d'autres communes. La fédération de chasse reçoit de nombreuses demandes d’expertises et de soutiens techniques pour de nouvelles réalisations.
Elle est distinguée en 2021, pour cette restauration et gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité, par un Trophée de l'eau Loire-Bretagne, dans la catégorie « Restaurer les cours d'eau, les zones humides et leur biodiversité ».Un nouveau projet débutera en 2022, avec la restauration de cent vingt nouvelles mares dans les piémonts du Forez, à la suite d'un nouvel appel à projets de l'agence de l'eau Loire-Bretagne pour l’accompagnement des plans nationaux d’actions en faveur des espèces menacées.
Sylvain Vigant
© Une Image à part
« L’idée de restaurer les mares était intéressante. Les mares proviennent de sources, aussi nous n’avons pas besoin de nous connecter au réseau d’eau. C’est un approvisionnement simple et gratuit pour notre bétail qui a pris de l’importance lors de la canicule de cet été. La réhabilitation des mares a eu un bon impact sur la biodiversité. Les amphibiens sont revenus très rapidement. Je conseille cette démarche à tout le monde. Petite précaution, il est important de bien clôturer afin d’éviter le piétinement par les animaux lors de l’abreuvement. »
Jonathan Heim, agriculteur à Marcoux
Suivi et entretien sont au programme
Sonneur à ventre jaune (Bombina varietaga)
© E. SANSAULT - ANEPE Caudalis - CC BY NC SA
Le suivi des amphibiens est réalisé sur chacune des mares au printermps, avec une attention particulière portée au sonneur à ventre jaune.
Pour éviter un comblement trop rapide, les mares seront entretenues régulièrement.
Création, restauration, gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité
Vidéo - Création, restauration, gestion de mares en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité
Lauréat des trophées de l'eau Loire-Bretagne 2021 : la fédération départementale des chasseurs de la Loire pour la création, la restauration et la gestion de marre en faveur du sonneur à ventre jaune et de la biodiversité.
Description longue de la vidéo
octobre 2021
© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne