Engouement citoyen autour des mares de Pressignac

Prenez des passionnés, un village de Charente avec un fort potentiel en termes de biodiversité, des mares à restaurer et vous voilà partis pour une belle aventure humaine. C’est le projet aidé par l’agence de l’eau Loire-Bretagne à la suite de son appel à initiatives pour la biodiversité de 2017.

Un inventaire participatif des points d'eau

Le projet de restauration des mares du village de Pressignac nait d’une réflexion conduite en 2015 dans l'optique d'intégrer l'eau et l'environnement dans le futur plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI). Il mobilise une grande partie de la population locale.

« Le déclic a eu lieu lors de la préparation du PLUI où devaient être prises  en compte les questions environnementales ; la question s'est alors posée en conseil municipal pour réfléchir à ce qui pourrait être fait sur notre territoire alors qu'il est encore à l'état naturel.  La présence d'une élue au sein d'un syndicat d'eau et le changement climatique amenant ses périodes de grande sécheresse nous ont  fait prendre conscience que le plus important était de restaurer les différents points d'eau existants sur la commune dans le but de préserver la biodiversité végétale et animale, l'eau étant la principale richesse  naturelle dont l'Homme a besoin. L'idée était née. »

Jacqueline Badets, élue à Pressignac de 2014 à 2020, qui a mené ce projet

Celui-ci démarre par l’inventaire des points d’eau : 262 points d’eau, de 1 m² à 1 000 m², recensés en majorité par des bénévoles. Mais le constat est sans appel : les mares sont abolies en grande partie et peu d’espèces sont découvertes. Pourtant ces mares ont une histoire communale. Certaines font partie des biens de section, des sites dont la jouissance revient aux habitants de la commune. C'est pourquoi une aide est demandée à la population. Elle répond présente et les chantiers se montent coordonnés par le chef de chantier, Yann Saugeras, agriculteur à l'époque et actuellement élu du village.

Un élan de solidarité pour restaurer les mares

Photo d'illustration
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Mare de la Chauffie après restauration

mai 2021

© S. Robert / Agence de l'eau Loire-Bretagne

Vingt-six chantiers permettent de restaurer soixante-dix mares. Quinze mares sur le domaine public sont financées au travers des aides de l’agence de l’eau Loire-Bretagne ainsi qu’un sentier pédagogique au niveau du site de la Chauffie. 12 000 euros d’aides sont accordées sur un montant total des travaux de 15 000 euros.

Les chantiers sont réalisés lors des hivers de 2017/2018 et 2018/2019. De nombreux bénévoles viennent prêter main forte les samedis dont du personnel des services de l’État.    

Une bonne coordination entre les partenaires facilite le travail. Le syndicat mixte Vienne Gorre est premier partenaire. Il réalise une fiche diagnostic pour l'inventaire  des plans d'eau et la bonne réalisation des chantiers. Le conservatoire d’espaces naturels Poitou-Charentes participe à l’élaboration du cahier des charges pour les entreprises. Une convention est signée pour une assistance technique avec cette structure. La direction départementale des territoires de Charente suit les chantiers avant, pendant et après. Charente Nature réalise les inventaires de faune et de flore. Les bâtiments de France accompagnent aussi le projet et les associations locales s'investissent au côté des nombreux bénévoles.

Plus de biodiversité avec l'aide et pour les habitants

Photo d'un Leste fiancé
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Leste fiancé (Lestes sponsa)

© J. David - Bretagne vivante

Les mares retrouvent leur fonction d’origine avec le développement de nombreuses espèces animales. Vingt-quatre nouvelles espèces d'odonates (libellules) sont apparues entre 2016 et aujourd’hui. Certaines, comme le Leste fiancé  (Lestes sponsa) figurent comme « quasi menacées » sur la liste rouge des espèces menacées de Poitou-Charentes.

Certaines observations laissent penser que la loutre se sert des mares pour son expansion sur le territoire. Il y a plus de stations de sonneurs à ventre jaune et de crapauds alytes accoucheurs. Les oiseaux ne sont pas en reste : martins pêcheurs, bécassines des marais, chevaliers à cul blanc, cygnes sauvages.

Les sites sont pour certains accessibles lors de promenade en voiture ou à pied au détour d’un chemin ou le long des routes.

Ces travaux ont suscité beaucoup de réactions : nombreux articles de presse, prix de la Gelée royale décerné par Charente Nature en 2020. Ce prix récompense une personne ou un organisme agissant en faveur de la nature et de l’environnement.

Pour les élus, le point très positif est le rôle prépondérant des habitants. De fortes compétences naturalistes ont été recensées parmi les habitants. Ils ont été d’une aide précieuse.

« Pressignac : 385 Habitants et 262 mares abandonnées ; pouvions-nous faire quelque chose de ces deux chiffres au sein de notre totale ruralité ?

La réponse fut au-delà de nos suppositions et nos petits espoirs. Après 4 ans et demi d'investissements humains et, grâce à l' agence de l'eau Loire-Bretgne, 138 mares restaurées et en bon état de fonctionnalité écologique. Beaucoup de monde nous demandant : " comment avez-vous fait " ? Une seule réponse à cela : nous y avons cru et peut-être sommes-nous un peu fous ! »

Yann Saugeras, conseiller municipal de Pressignac

Un suivi pour préserver des milieux fragiles mais utiles

Ces mares jouent un rôle important pour s'adapter au changement climatique mais elles sont fragiles.

L’entretien des mares au niveau des biens communaux est prévu tous les deux ans par le service technique de la commune. Près de 40% des mares privées sont entretenues par les propriétaires.

Depuis 2016, un inventaire est réalisé annuellement par des bénévoles de la commune. Ces données sont intégrées sur Faune Charente, un site collaboratif pour rassembler et partager des données naturalistes dans le département de la Charente.

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