Aidons nos tourbières en Pays de la Loire
Le conservatoire d’espaces naturels des Pays de la Loire met en place en 2017 et pour trois ans, un programme régional d’actions en faveur des tourbières. Objectif : améliorer et mutualiser les connaissances de ces milieux et impulser des dynamiques locales pour les sauvegarder. Ce programme est financé dans le cadre de l’appel à initiatives biodiversité 2017 de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.
Un programme partenarial pour les tourbières
Les tourbières sont des écosystèmes complexes. Leur formation résulte de l’accumulation de matière organique (principalement des végétaux morts) dans un sol gorgé d’eau. Ainsi privée d’oxygène, la matière ne se décompose pas et se transforme en tourbe. Source: programme régional d'actions en faveur des tourbières Pays de la Loire.
Localiser, caractériser l'état de conservation des tourbières et mettre en œuvre des actions de gestion sont les orientations de ce programme d'actions en Pays de la Loire. Démarré en 2015 par une étude de préfiguration financée par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, ce programme est maintenant opérationnel et s’articule autour de quatre axes :
- améliorer, mutualiser les connaissances ;
- préserver, gérer et restaurer les tourbières ;
- communiquer et les valoriser ;
- animer le réseau de gestionnaires des tourbières.
Pour dérouler ce programme, le conservatoire d'espaces naturels des Pays de la Loire s'entoure du conservatoire botanique de Brest, du centre national de ressources sur les tourbières appelé Pôle-relais tourbières, de la fédération des conservatoires d'espaces naturels, de trois experts nationaux mais également de multiples partenaires locaux. Ainsi plus de 25 organismes au total partagent une culture commune et se mobilisent pour mener à bien les actions clés de ce programme, sur les territoires qui les concernent.
Tourbière du Chêne Moisan
© Sandrine Robert / Agence de l'eau Loire-Bretagne
Après un appel à contributions pour initier des actions de préservation et de restauration des tourbières des Pays de la Loire, sept sites pilotes sont retenus :
- Chêne Moisan (Prinquiau, 44)
- Anse du Nézyl (Saint-Joachim, 44)
- Le Vieil Hêtre (La Baconnière, 53)
- Les Grandes Landes (Thorée-les-Pins, 72)
- Le Mélinais (Thorée-les-Pins, 72)
- L’Hommondière (Les Epesses, 85)
- La Martinière (Saint-Vincent-sur-Graon, 85)
Diagnostic, actions de restauration ou de gestion sont mis en place pour chacun d'entre eux.
Zoom sur deux sites pilotes en Brière
Les sites pilotes du Chêne Moisan et de l'Anse du Nézyl sont situés dans la zone Natura 2000 « Grande Brière et marais de Donges » et dans le parc naturel régional de Brière.
Le chêne Moisan
Espèces remarquables au Chêne Moisan
De gauche à droite : Rossolis à feuille rondes, Ossifrage, Sphaigne. En bas : Sphaigne avec Rossolis à feuilles rondes
© Sandrine Robert / Agence de l'eau Loire-Bretagne
Situé sur la commune de Prinquiau en Loire-atlantique, le site du Chêne Moisan, est constitué d’une mosaïque de milieux dont la zone tourbeuse. Ce site, de grande qualité, regorge d’espèces protégées au niveau régional ou national comme :
- la Rossolis à feuilles rondes (Drosera rotundifolia L.),
- la Narthécie des marais ou Ossifrage (Nathercium ossifragum (L.) Huds),
- la Grassette du Portugal (Pinguicula lusitanica L.) .
Les travaux réalisés - débroussaillage, coupes d’éclaircie, étrépage et suppression de ligneux - redonnent un caractère ouvert à ce milieu, perdu suite à l'abandon du pâturage.
Une convention d’usage, signée pour 5 ans avec le propriétaire des lieux, permet une préservation pérenne du site.
L'Anse du Nézyl
Tourbière de l'Anse du Nézyl
© Sandrine Robert / Agence de l'eau Loire-Bretagne
Situé sur la commune de Saint-Joachim en Loire-atlantique, le site de l’Anse de Nézyl est une tourbière dégradée. Elle possède des habitats naturels rares dont les habitats de prairie hygrophile et de gazon amphibie.
La colonisation de la Saulaie qui menaçait ces habitats est limitée par les actions engagées sur ce site. Des mesures agro-environnementales sont mises en place par le parc naturel régional de Brière pour l’entretien du site notamment par des bovins.
Solène Sacré
© Sandrine Robert / Agence de l'eau Loire-Bretagne
« La rencontre avec les tourbières n’est pas chose aisée : elles ne se dévoilent pas – ou pas seulement – par leur apparence, elles fardent leurs origines sous leur épiderme. Commencer à les étudier, c’est d’abord mettre un grand coup de pied dans la fourmilière de nos acquis.
Avec le programme régional d’actions en faveur des tourbières (PRAT), j’ai appris qu’elles étaient nombreuses en Pays de la Loire, si modestes soient-elles. J’ai aussi appris que leur restauration, avec les zones humides associées, ne peut être menée frontalement mais doit toujours être précédée d’un diagnostic très complet, géologique, hydrologique, géomorphologique, écologique, physico-chimique. Et puis j’ai appris que leur conservation sur le long terme nécessite d’appréhender les cultures locales, les dynamiques humaines, et parfois de mettre en place une protection environnementale adéquate.
Nous avons encore un long chemin à faire dans la prise en compte de ces écosystèmes ô combien fragiles, malmenés, et pourtant tellement vitaux dans le stockage de l’eau, du carbone, des empreintes climatiques passées. Le PRAT progresse sur cette route, pas à pas, depuis 2015. »
Solène Sacré, chargée de mission au conservatoire des espaces naturels des Pays de la Loire
