Suppression de deux seuils sur la rivière Gorre

Pour restaurer la continuité écologique de la rivière Gorre, le syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne efface deux seuils dans le département de la Haute-Vienne : le moulin de Limont à Saint-Laurent-sur-Gorre et l’ancienne retenue d’eau potable du Pont-Gorre à Rochechouart. Cette action menée dans le cadre d’un contrat territorial milieux aquatiques est lauréate des Trophées de l’eau Loire-Bretagne 2021.

Suppression du seuil du Pont-Gorre à Rochechouart

Suppression du seuil du Pont-Gorre à Rochechouart

© Une Image à part

En 2013, une étude de faisabilité pour le rétablissement de la continuité écologique de la Gorre est engagée par le syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne sur 12 ouvrages problématiques. Ce travail propose plusieurs solutions chiffrées permettant d’effacer les seuils, de les araser ou de les aménager.

Des propriétaires d'accord pour effacer des seuils inutilisés

Les deux propriétaires des seuils de Limont et du Pont de Gorre choisissent de supprimer ces ouvrages sans usage.

Après de nombreux échanges avec les partenaires techniques et financiers et des visites sur le site du Gué-Giraud à Saint-Junien (87) où la continuité écologique de la Glane a été restaurée par l’effacement d’un barrage, les travaux commencent sur le seuil de Limont et se poursuivent par le seuil du Pont de Gorre situé plus en aval.

Le montant total de l’opération s’élève à 100 530 euros, financée à 80 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne et 20 % par le fonds européen de développement régional (Feder).

Marie Adalbert

Photo de Marie Adalbert du syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne

© Une Image à part

« Les travaux ont pu être réalisés grâce à la volonté des propriétaires d’aller jusqu’au bout de la démarche, et cela, sur un cours d’eau où il n’y avait pas d’obligation réglementaire. »

Marie Adalbert, coordinatrice Vienne Médiane au syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne

À Saint-Laurent-sur-Gorre, le moulin de Limont en état de vétusté

Face à l’état de dégradation très avancé du parement aval de l’ouvrage et à l’envasement très important de la retenue, le propriétaire du moulin de Limont décide de le supprimer.

Dès 2017, le projet d’effacement s’engage. Le syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne, associe différentes structures comme l’office français de la biodiversité (OFB), le conseil départemental, la fédération de pêche et l’association agréée pour la pêche et la protection du milieu aquatique locale, principal usager du parcours de pêche de loisir située dans la zone de remous du moulin.

Des relevés sont réalisés pour évaluer le volume de sédiments mobilisables dans la retenue, ainsi qu’une analyse des sédiments pour connaître leur nature.

En 2019, après une pêche électrique de sauvetage, débutent les travaux de suppression du seuil avec notamment le réaménagement du lit mineur et la restauration de la végétation des berges.

À Rochechouart, l’ancienne retenue d’eau potable de Pont-Gorre abandonnée

Face à la dégradation de la qualité de l’eau et à l’envasement de la retenue d’eau potable de Pont-Gorre, la mairie de Rochechouart décide de fermer la station d’eau potable.

En 2017, la mairie de Rochechouart, propriétaire de ce seuil dont l’usage principal est abandonné depuis 2010, met en avant sa volonté de donner l’exemple en faveur de la restauration de la continuité écologique.

Le projet d’effacement s’amorce avec la concertation de la population sur les enjeux de la continuité écologique et la restauration de la rivière Gorre.

Pour affiner le projet d’effacement, un carottage est réalisé car l’ouvrage a été rehaussé dans les années 70 pour augmenter le volume d’eau dans la retenue.

Les travaux de suppression du seuil sont réalisés en 2019 dans l’axe de la rivière Gorre : réaménagement du lit mineur, protection des berges, décaissement favorisant les débordements de la rivière vers le bief de prise d’eau, et aménagement paysager de la partie du seuil conservée.

Philippe Barry

Photo de Philippe Barry, président du syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne

© Une Image à part

« La proximité des travaux d’effacement du Gué Giraud sur la Glane à Saint-Junien portés par le syndicat, a permis de faciliter la communication autour de l’effacement des seuils de la Gorre. Le seuil de Pont-Gorre a pu être assimilé à un petit Gué Giraud, les problématiques rencontrées par les deux collectivités propriétaires de ces ouvrages concernant le traitement de l’eau potable étant similaires. »

M. Philippe Barry, président du syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne

Vers la restauration complète de La Gorre

L’effacement des deux seuils permet de supprimer quatre mètres de hauteur de chute sur la Gorre et de redynamiser les écoulements sur un linéaire d'un kilomètre environ.

Sur le site de Limont, les écoulements sont redynamisés sur un linéaire de 400 mètres environ, la hauteur de chute se retrouve réduite sur la Gorre. Dans la zone de remous, les écoulements se diversifient, et des zones de graviers, favorables à la reproduction de la truite fario apparaissent. Un constat très positif.

Samuel André

Photo de Samuel André, chargé d'intervention à l'agence de l'eau

© JL Aubert / Aelb

« En termes d'exemplarité le seuil de Limont est le premier ouvrage supprimé sur la Gorre. Il permet de lancer une dynamique auprès des autres propriétaires. Cette action montre qu'effacer des seuils de moulin est possible. Un des ouvrages appartenait à une collectivité qui a montré l'exemple de l'intérêt général pour permettre une amélioration de la qualité des milieux aquatiques. »

Samuel André, délégation Poitou Limousin de l’agence de l’eau Loire-Bretagne

Sur le site de Pont de Gorre, les écoulements sont plus dynamiques sur un linéaire de 600 mètres environ, l’accès piscicole est ouvert sur près de sept kilomètres jusqu’au seuil du Moulin de la Guérillerie, temporairement franchissable. Cette action redonne l’accès à six affluents principaux de la Gorre et contribue à réduire la hauteur de chute sur la rivière. En période hydrologique favorable, les poissons peuvent remonter jusqu’au Moulin Brûlé soit sur 3,7 kilomètres de cours d’eau supplémentaires.

Tout comme le site de Limont, l’ancienne zone de remous se trouve transformée avec l’apparition de blocs rocheux, et une alternance de zones de plat, de fosses et de radiers, beaucoup plus favorables au peuplement piscicole de première catégorie.

Des riverains satisfaits

Les propriétaires, riverains et principaux usagers comme les pêcheurs sont satisfaits des changements opérés sur la rivière.

Sur le site de Limont, la diversification des écoulements, prévue avec la fédération de pêche, rendra le milieu encore plus favorable aux poissons. Elle sera inscrite dans le prochain contrat territorial milieux aquatiques.

Des échanges avec les propriétaires d’autres ouvrages sont encourageants. Des réflexions sont en cours avec la mairie de Saint-Laurent-sur-Gorre sur le seuil du Moulin Neuf.

Pierre Pommeret

Photo de Pierre Pommeret, fédération départementale pour la pêche et la protection des milieux aquatiques  de Haute-Vienne.

© Une Image à part

« Au début du projet, l’association locale de pêche était  préoccupée par le devenir du parcours de pêche loisir. Les nombreux échanges, l’ensablement de la retenue l’ont convaincue de l’intérêt d’effacer le seuil. Cela laisse place à une rivière courante et dynamique, encore plus favorable au développement des poissons. Le parcours pêche sera maintenu et nous attendons ensemble avec impatience le retour de la truite fario. »

Pierre Pommeret, fédération départementale pour la pêche et la protection des milieux aquatiques  de Haute-Vienne.

Suppression de deux seuils sur la rivière la Gorre

Vidéo - Suppression de deux seuils sur la rivière la Gorre

Lauréat des trophées de l'eau Loire-Bretagne 2021 : le syndicat d'aménagement du bassin de la Vienne pour la suppression de deux seuils sur la rivière Gorre

novembre 2021

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Le Syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne (87) pour la suppression de deux seuils de moulins sur la rivière Gorre

Voix-off : La Gorre, un affluent de la Vienne. 40 kilomètres, au cœur du parc naturel régional Périgord Limousin, en Haute-Vienne, et 28 seuils construits au 19ème siècle. En 2013. 12 seuils sont identifiés, ils sont infranchissables pour les poissons. Ils doivent être effacés, ou remis en état. L’enjeu, c’est la restauration de la continuité écologique.

Philippe BARRY – Président - Syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne (SABV) : Effacer un seuil, ce n'est absolument pas mettre en péril la rivière et la quantité d'eau. C'est au contraire travailler pour assurer une vraie qualité de la ressource.

Les chantiers

Voix-off : Premier chantier : juste en aval de Saint-Laurent-sur-Gorre, chez un particulier, au pied d’un moulin. Le seuil de Limont, du béton et des pierres, a été abîmé par les crues de 2016, il est supprimé.

Marie ADALBERT - Technicienne Rivières - Syndicat d’Aménagement du Bassin de la Vienne : On avait un seuil, là, qui faisait deux mètres de hauteur, un ouvrage qui était complètement plein de sable, 4 à 500 mètres en amont de l'ouvrage, on avait en effet un plan d'eau.

Voix-off : 2e chantier, à 15 kilomètres en aval. Le seuil, sur la Gorre, à Rochechouart, qui appartient à la mairie, est détruit sur 20 mètres, la largeur du lit historique de la rivière. De gros blocs issus de la démolition, sont utilisés pour protéger la berge.

Marie ADALBERT - Technicienne Rivières - Syndicat d’Aménagement du Bassin de la Vienne : Avant les travaux, là, il faut s'imaginer qu'on est dans le lit de la rivière, juste en amont d'un seuil qui fait 2,10 mètres de hauteur. Il a une longueur de plus de 60 mètres en travers de la rivière. On a ouvert une brèche pour rétablir l'écoulement de la rivière correspondant à son gabarit naturel et on a stabilisé la berge en rive gauche.

La concertation

Voix-off : 2 sites, 2 chantiers, et une concertation indispensable. Réunions publiques, information : les habitants, les élus, les pêcheurs évidemment ont été associés aux projets.

Jean-Pierre MATHIEU - Président de la Gaule Saint-Laurentaise : On était à peu près certain que ça allait détruire la rivière parce que manque d'eau. On a dit ça y est, la rivière est morte. Et puis, en définitive, c'est mieux qu'avant.

Pierre VARACHAUD - Maire de Saint-Laurent-sur-Gorre - Membre de l’ancien syndicat mixte Vienne-Gorre : La première des choses, ça a été de convaincre principalement les pêcheurs. Ils étaient les premiers intéressés. Ensuite, après les propriétaires, on les a amenés sur des sites qui avaient été réaménagés. Et ça, ça a été très bénéfique. On a réussi à faire cet effacement.

Le bilan

Voix-off : Avec l’effacement des 2 seuils, le niveau d’eau a baissé de 4 mètres, 7 kms de cours d’eau sont rouverts pour les truites, la circulation piscicole est rétablie sur 6 affluents de la Gorre.

Pierre POMMERET - Directeur - Fédération de la Haute-Vienne pour la pêche et la protection du milieu aquatique : Pour le moment, la rivière, est encore en cours de cicatrisation. Elle est en train de retrouver son profil d'équilibre et c'est pour ça que derrière nous, on peut voir des zones qui sont érodées. On peut voir des zones de dépôts. Les poissons sont toujours là, mais le peuplement va changer. On est en attente d'avoir des truites et toutes les espèces accompagnatrices : vairons, goujons, vandoise. C'est ce genre d'espèces qui risque de revenir en force sur ce tronçon de cours d'eau.

Marie ADALBERT - Technicienne Rivières - Syndicat d’Aménagement du Bassin de la Vienne : Sur ces gros blocs, la loutre a bien réinvesti les lieux parce qu'on a une épreinte de loutre qui est déposée juste derrière nous. C'est signe que tout le monde reprend un petit peu ses marques, finalement, sur cette rivière qui est plus vivante qu'avant.

Samuel ANDRÉ - Chargé d’interventions spécialisé sur les milieux aquatiques - Agence de l’eau Loire-Bretagne : On montre par-là que c'est possible d'effacer d'anciennes chaussées de moulins sans usage et ça permet d'améliorer le milieu et de satisfaire tous les usagers. Les propriétaires sont satisfaits forcément, les pêcheurs sont satisfaits parce que ça redynamise le cours d'eau. Les partenaires institutionnels sont aussi satisfaits puisque ça permet de tendre vers le bon état écologique des cours d'eau.

Voix-off : Les travaux ont duré 4 mois. Leur coût total : 100 533 euros, financés à 80 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, 20 % par les fonds FEDER, via la Région Nouvelle Aquitaine.

Les perspectives

Voix-off : Élus, habitants, pêcheurs attendent désormais la 2e étape du projet : l’aménagement de l’ancienne zone de remous, un projet de diversification des écoulements.

Pierre POMMERET - Directeur - Fédération de la Haute-Vienne pour la pêche et la protection du milieu aquatique : La rivière reste un lieu d'échange intergénérationnel au travers de la pratique de la pêche. Les gens prennent du plaisir à se balader au bord des cours d'eau. Et ce que l'on souhaite, en tant que fédération, c’est que les pêcheurs puissent être les vecteurs de la politique de l'eau.

Samuel ANDRÉ - Chargé d’interventions - Spécialisé sur les milieux aquatiques - Agence de l’eau Loire-Bretagne : C'est vraiment ce type de travaux qu'on veut faciliter, pousser et mettre en avant. S'il y a des travaux complémentaires à faire et s'il y a d'autres travaux qui sont reconnus prioritaires, nous, on continuera à les accompagner auprès du syndicat.

Philippe BARRY – Président - Syndicat d’aménagement du bassin de la Vienne (SABV) : Il faut travailler à la continuité écologique et sédimentaire. C'est complètement indispensable. Et qui plus est, aujourd'hui, la direction que prend l'évolution climatique, surtout, il ne faut pas perdre de vue que l'eau, c'est un bien, un patrimoine commun. Et je crois qu'il faut que l'on base toutes nos actions sur ce postulat.

Voix-off : Ces 2 chantiers d’effacements de seuil, c’est la 1e étape de la restauration de la continuité écologique de la Gorre, au cœur de ce parc naturel régional.

Partager cette page sur :