Réouvrir le marais de Kerdual

La commune de la Trinité-sur-mer, dans le Morbihan, et le conservatoire du littoral luttent contre les arbres et arbustes qui gagnent du terrain et étouffent le marais de Kerdual. Objectif : préserver la richesse des habitats du marais et restaurer ses fonctionnalités tout en maintenant une activité économique. Une ré-ouverture de milieux programmée dans le cadre du plan de gestion du site et financée dans le cadre de l'appel à projet biodiversité marine 2020 de l'agence de l'eau Loire-Bretagne.

Le marais de Kerdual, une respiration dans le paysage

Zone d'étude des travaux de réouverture du marais de Kerdual

Zone d'étude des travaux de réouverture de milieux rétro-littoraux dans le marais de Kerdual (La Trinité-sur-mer)
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juin 2021

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Entre deux villes balnéaires, La Trinité-sur-Mer et Carnac, le marais de Kerdual  forme une coupure dans un paysage urbanisé. Des espaces de marais, des bois et des landes ceinturent l'entrée maritime de l'anse de Kerdual.

Sa grande variété de milieux à fort intérêt écologique constitue une véritable richesse locale : des prairies, des vasières, des prés-salés et d’anciens marais salants abandonnés.

Cette précieuse zone de biodiversité terrestre et aquatique entre les deux communes était envahie par les arbres et arbustes ainsi que par une espèce végétale envahissante, le Baccharis hamilifolia appelé communément le Sénéçon en arbre.

Sénéçon en arbre

Photo d'illustration
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Baccharis halimifolia

© P. Gourdain - cc by nc SA

C’est pourquoi le conservatoire du littoral, soutenu par la commune de la Trinité-sur-Mer, est intervenu sur cette végétation afin d’ouvrir le milieu, de rétablir les fonctionnalités écologiques et  hydrologiques du marais de Kerdual, d’en préserver la mosaïque d’habitats et de faciliter l’accès au public.

Baccarhis halimifolia ou Sénéçon en arbre. Cette plante originaire d'Amérique du Nord  peut mesurer de 1 à 6 mètres de haut. Elle forme des fourrés denses. En savoir plus

Un marais libéré des arbustes et plantes envahissantes

Photo des travaux de débrousaillement du marais avec un broyeur compact à chenilles
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Débrousaillage avec un broyeur compact à chenille

© H. Catroux / Agence de l'eau Loire-Bretagne

Pour libérer le marais de Kerdual des arbres, arbustes et du Sénéçon en arbre (Baccarhis hamilifolia), dessouchage et broyage sont le leitmotiv. Le conservatoire du littoral fait appel à des entreprises qui utilisent des techniques spécifiques aux milieux humides peu portants :

  • l’entreprise « TraitEauBois » pour arracher par traction animale (chevaux de trait ) les arbres en zones difficile d'accès,
  • l’entreprise « Moutons Gloutons ». Elle utilise un broyeur compact à chenilles radiocommandé pour broyer des fourrés denses et leur système racinaire et éviter ainsi la repousse.  

Un chantier d'insertion nature de la communauté de communes d'Auray Quiberon Terre Atlantique intervient pendant six semaines à la fin du projet en octobre 2020. Il débroussaille les berges du Kerloquet, un ruisseau qui borde le marais, pour permettre à l’eau de circuler à nouveau et pour enlever les plantes envahissantes.

Les résultats sont là. Le Sénéçon en arbre, a quasiment disparu alors que le marais de Kerdual était envahi à 80 %, voire 100 % sur certaines zones. Les fourrés s’élevant de 4 à 5 mètres de haut laissent place aujourd'hui à une zone dégagée avec quelques arbres isolés. La faune, la flore et les usagers peuvent se réapproprier la richesse écologique des multiples milieux que propose ce site auparavant inaccessible.

Place à l'entretien pour éviter le retour des indésirables

Pour préserver le marais d'un nouveau développement de la strate arborescente envahissante, la commune assure la gestion du site et décide son entretien par éco-pâturage.

Le pâturage pour garder le milieu ouvert

Un enclos de pâturage est mis en place. Dès la fin des travaux, il est confié à un agriculteur de la commune qui y laisse un troupeau composé de moutons, de brebis et d'un âne, lui permettant ainsi d’étendre son activité.

Avec la pâture, les animaux vont sélectionner des plantes à consommer et ainsi réduire la croissance des végétaux. Cette technique nommée éco-pâturage permet un entretien naturel du terrain et limite la repousse des arbres.

« Par le pâturage on amène aussi une nouvelle  activité économique. C’est un paludier de la commune qui a demandé d’avoir à disposition ces terrains pour  pouvoir y faire pâturer ses animaux. C’est le rôle du conservatoire du littoral qui prend tout son sens. On n’achète pas des terrains pour les mettre sous cloches mais pour pouvoir les préserver. Ce sont des terrains qui sont mis à disposition d’exploitants soumis à un cahier des charges dans un but de préservation. »

Jérôme LEBRETON, conservatoire du littoral

Une opportunité pour sensibiliser

Outre ses intérêts écologique et économique, cette opération de lutte contre la fermeture du marais est très visible pour les habitants de la commune. L’attention des usagers est ainsi captée ce qui permet de mieux communiquer sur les travaux réalisés, leurs enjeux et le patrimoine naturel local.

Cette opération de grande ampleur, de par les moyens techniques et financiers investis (100 000 euros dont près de 49 000 euros financés par l'agence de l'eau Loire-Bretagne), est une porte ouverte pour une prise de conscience à plus grande échelle de la fragilité de ces milieux sur les côtes morbihannaises. Elle permet de conserver la mosaïque d’habitats, de restaurer les fonctionnalités de la zone humide situés à l’interface terre-mer. Elle a entrainé le recrutement d’un garde littoral pour mettre en place le plan de gestion du marais.

D’ici 2022, un deuxième enclos pour l'éco-pâturage sera construit. Et le marais de Kerdual connaitra une deuxième phase de travaux de réouverture dans sa partie Ouest pour recréer des clairières dans les saulaies. Des observatoires de la faune pourraient également être installés en sécurisant les ruines encore présentes du grenier à sel et de la maison de paludier.

Sophie Lecanuet

Photo de Sophie Lecanuet

© Céline Stryhanhyn

«  L'ouverture du marais de Kerdual a donné la possibilité à la population de se réapproprier ce lieu peu fréquenté. La mise en place d’un éco-pâturage a été très bien accueillie et a permis d’expliquer les raisons des travaux réalisés et de mieux communiquer sur la problématique du Baccharis. »

Sophie LECANUET, adjointe au maire de la Trinité-sur-Mer, chargée du développement durable et de l'environnement

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