L’eau potable pour deux villages des Moyen et Haut Atlas au Maroc

L’association de solidarité internationale, « l’Orme », basée à Rennes, a contribué en 2014 à l’alimentation en eau potable de deux villages au Maroc libérant ainsi les femmes de la « corvée d’eau ».

Comme beaucoup d’autres villages des Moyen et Haut Atlas au Maroc, Iffesfes et Outhdidou étaient dans une situation hydrique chaotique. A Iffesfes, il n’y avait qu’une seule source pour la population et le cheptel ovin. A Outhdidou, le puits était pollué par des latrines trop proches et il fallait faire 2 kms à pied pour se ravitailler en eau à l’oued. Dans les deux cas, des maladies touchaient gravement les enfants et la santé des habitants était médiocre.

Après l’étude des deux projets, l’association a recherché des financements avec l’appui des associations des villageois bénéficiaires et des présidents de la commune. Du côté marocain, des financements ont été obtenus des autorités provinciales. Du côté français, l’Orme a été soutenu par le conseil régional de Bretagne et l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

A Ifessfes et Outhdidou, l’association a réalisé des forages, l’équipement de pompage, construit des réservoirs et des conduites de distribution pour amener l’eau dans les foyers (4 600 mètres de conduites d’eau à Ifessfes et 1400 mètres à Outhidou). Les foyers raccordés ont aussi été équipés de compteurs de consommation.

Sur les deux villages, plus de 300 foyers disposent maintenant de l’eau à domicile. L’arrivée de l’eau améliore les conditions de vie des villageois. Les femmes ne sont plus contraintes à porter des bidons sur des kilomètres quotidiennement pour ramener une eau douteuse. Elles disposent de temps pour des activités créatrices et pour suivre les cours d’alphabétisation. Les petites filles sont moins souvent retirées de l’école pour aller chercher l’eau et la santé des habitants s’est améliorée.

Philippe Lherbier

Image d'illustration

© C Tout Vu

« Notre action n'aurait pas eu ce succès sans l'aide que nous apportent nos conseillers marocains (Lahcen Adnan et Ali El Amri) et nos partenaires financiers. C’est un très beau projet qui va dans le sens de la solidarité entre les peuples, de l’amélioration de la santé et de la condition des femmes. »

Philippe Lherbier, président de l’Orme

Projet d’alimentation en eau potable pour deux villages au Maroc – Association l’Orme (35)

Vidéo - Projet d’alimentation en eau potable pour deux villages au Maroc – Association l’Orme (35)

L’association de solidarité internationale, « l’Orme », basée à Rennes, a contribué en 2014 à l’alimentation en eau potable de deux villages au Maroc libérant ainsi les femmes de la « corvée d’eau ». Lauréat des trophées de l'eau Loire-Bretagne 2017

juin 2017

© C tout vu - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Voix off : « Construire des réseaux de distribution d’eau potable dans des villages peu accessibles au cœur du moyen et haut atlas marocain. L’association l’Orme, basée à Rennes installe robinets et compteurs individuels pour faciliter la vie sur place mais aussi changer la société. »

Philippe LHERBIER, président de l’association l’Orme : « C’est un petit village dans la montagne. A l’époque il n’y avait que des pistes extrêmement difficiles, traversées par des oueds. On cassait les voitures pour y accéder, et ce village avait perdu sa source. Village de 200 habitants, vivant essentiellement de petite agriculture, très isolé à l’époque. Nous avons travaillé pendant un an pour creuser un puits dans la montagne : très très difficile. Il fallait monter tout le matériel à dos d’âne. Le plus compliqué a été d’établir le réseau de distribution qui permet à chaque maison, foyers, à peu près 60 ou 70 foyers, de bénéficier de l’eau à domicile et d’avoir un robinet avec un compteur. »

Imène DJAROUD, directrice de l’association l’Orme : « On a la chance d’avoir deux amis : un conseiller technique et un conseiller pédagogique au Maroc qui suivent les projets de plus près. Après moi je reste très en contact avec eux par mails, on a des compte-rendus très réguliers de la part de notre conseiller technique. Il va visiter les chantiers une à deux fois par mois. Le but aussi est de faire un peu de l’éducation populaire, de montrer ce qui se passe au Maroc : qu’on a encore des populations qui sont dans le besoin par des choses qui peuvent paraître ici très banales, notamment l’accès à l’eau ; de montrer que ça se passe encore, qu’il y a toujours ce genre de problème ailleurs. »

Philippe LHERBIER, président de l’association l’Orme : « Le problème de l’eau au Maroc est très complexe. Dans les endroits où nous travaillons, dans le moyen et haut atlas, nous avons à faire à deux types de ressources. Des eaux qui circulent dans la terre arrivant de la montagne et des fontes des neiges à 40, 50, 60 mètres de profondeur, et qu’il faut aller chercher. Deuxième ressource, c’est les nappes sous-fluviales, sous les oueds, sous des couches de 10, 15, 20 mètres de limons, de graviers, de sable, des nappes phréatiques avec une eau de bonne qualité.

Imène DJAROUD, directrice de l’association l’Orme : « Le but c’est vraiment d’avoir, oui, l’eau potable mais après il y a une dimension beaucoup plus globale puisque c’est un levier à d’autres moyens économiques et sociaux, notamment les autorités locales qui s’intéressent au village après que l’eau arrive au village. On a des constructions de routes là où on avait avant des pistes très rudimentaires. On a aussi les femmes qui, après être libérées de la corvée de l’eau, peuvent participer à des cours d’alphabétisation.

Madeleine NACEF, administratrice de l’association l’ORME : « A partir du moment où les femmes ont l’eau, quelque chose change dans leur vie et elles demandent toutes à ce qu’on les aide pour être plus partie-prenantes de la vie du village, et pour elles ça passe par lire, écrire et compter. La seconde réalité, c’est qu’elles se réunissent entre elles et elles décident : « qu’est-ce qu’on va faire pour aller plus loin ? ». Certaines ont passé un CAP de couture, d’autres ont demandé à avoir des chèvres laitières et, à partir du moment où elles gagnent de l’argent, le regard des hommes vis-à-vis d’elles change tout à fait. Du coup elles envoient les enfants à l’école et là elles ont compris que ça sert à quelque chose. »

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