Une technique simple pour l’alimentation en eau potable au Bangladesh
Au Bangladesh, dans le delta du Gange, l'eau est présente partout dans la région des Sundarbans mais pas potable en raison des conditions naturelles et climatiques. Une technique simple de filtres à sables est utilisée par l’organisation non gouvernementale Gonoshastaya Kendra Savar pour alimenter des populations déshéritées. Associée à des formations pour garantir leur entretien et à la construction de latrines, cette action promue par le comité de soutien du Cher (18) est lauréate des Trophées de l’eau Loire-Bretagne en 2021.
Agir pour les populations les plus démunies
Dans la région des Sundarbans, au sud du Bangladesh, les populations en zone côtière sont parmi les plus déshéritées. Elles sont face à deux périls : la salinisation des sols et des eaux de surface par montée du niveau de la mer, et la contamination aléatoire à l’arsenic naturel dans les eaux souterraines profondes. Cette situation compromet la santé et la vie quotidienne des habitants.
Zone côtière de la région des Sundarbans au Blangladesh
© Gonoshastaya Kendra Savar / Une Image à part
Une coopération indispensable
C’est grâce à la coopération de deux associations, l’une au Bangladesh et l’autre en France dans le Cher (18) et aux aides financières de l’agence de l’eau Loire-Bretagne que la population de trois cantons des Sundarbans les plus vulnérables au cyclone tropical Sidr en 2007, a désormais accès à l’eau potable et à l’assainissement.
Gonoshastaya Kendra veut dire « Centre de santé du Peuple ». Cette organisation créée en 1972 à Savar, au nord de la capitale Dhaka, défend la vision d’un développement prenant en compte les plus démunis et passant prioritairement par les femmes. Avec 1500 salariés, elle travaille étroitement avec les autorités nationales et les populations démunies locales.
Docteur Kadir
© Gonoshastaya Kendra Savar
« Nous avons mis en place un projet d’accès à l’eau potable et à l’assainissement dans la région des Sundarbans : une région de bras et canaux du delta du Gange qui descendent vers le Golfe de Bengale. La région qui se partage entre l’Inde et le Bangladesh, est la plus grande forêt de mangrove du monde, classée patrimoine mondial de l’Unesco et zone humide d’importance internationale (Ramsar). »
Docteur Kadir, directeur général de Gonoshastaya Kendra Savar.
Le comité de soutien du Cher à GK Savar soutient, humainement et matériellement depuis 1972, les projets de Gonoshastaya Kendra.
Marie-Noëlle Lejeune
© Une Image à part
« Notre travail est de faire connaître Gonoshastaya Kendra et ses initiatives afin de rassembler compétences et fonds qui seront utilisés pour des programmes bien précis que nous suivons de A à Z. Les Bangladais sont capables de cerner leurs problèmes, d’en trouver les solutions et de les mettre en œuvre eux-mêmes pour autant qu’ils en aient le financement. Nous nous efforçons de leur apporter, outre un accès éventuel aux compétences techniques utiles mobilisables en France, de l’argent issu de dons privés et de subventions attribuées par des institutions comme l’agence de l’eau Loire-Bretagne. »
Marie-Noëlle Lejeune, présidente du comité de soutien du Cher à Gonoshastaya Kendra Savar
Pour mettre en place, avec les utilisateurs, des filtres à sable
Gonoshastaya Kendra développe depuis dix ans avec les populations un accès à l’eau potable collectif de proximité (à moins de 20 mn de la maison) au moyen des filtres à sables (Pond sand filters), des filtres de technologie et d’utilisation simples. En lien avec les autorités locales et les populations concernées, elle sélectionne les sites d'implantation des filtres à sable. Des coopératives d’utilisateurs se constituent pour assurer la gestion du filtre communautaire et de la ressource en eau douce. Les travaux sont confiés à une ou plusieurs entreprises sous la triple supervision de Gonoshastaya Kendra, des autorités locales, et des populations regroupées en coopérative.
À partir d'une mare propre et correctement calibrée remplie durant la mousson, l’eau douce est pompée à la main et passe dans trois chambres remplies de sable. L’eau utilisable devient alors une eau bactériologiquement saine.
Les coopératives d’utilisateurs perçoivent une redevance des bénéficiaires (50 bdt par mois et par famille, soit environ 0,5 euro) qui couvre la maintenance et les frais du nettoyage régulier.
Jacques Lejeune
© Une Image à part
« Les pratiques courantes sont d’utiliser la mare la plus proche pour l’eau familiale, l’abreuvement du bétail et les déjections humaines et animales. Le cœur du projet est de construire des systèmes rustiques et peu coûteux d’alimentation en eau potabilisée par des filtres à sable (Pond sand filter). Ce projet est complété par des latrines réservées aux "Ultra poor" et la sensibilisation des populations locales. »
Jacques Lejeune, trésorier du comité de soutien du Cher à Gonoshastaya Kendra Savar
Rémy Marquès
septembre 2021
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Ce projet est original puisqu’il vise des enjeux de qualité d’eau et de santé humaine dans un contexte de pluies abondantes et d’inondations. Le filtre à sable apporte une réponse efficace, avec des technologies accessibles localement, ce qui garantit une pérennité des installations financées. L’approche est complète avec un volet assainissement (latrines), sensibilisation de la population et formation des responsables de l’entretien des Pond sand filter. »
Rémy Marquès, chargé d’intervention à l’agence de l’eau Loire-Bretagne
Former pour garantir la pérennité des investissements
La participation active des bénéficiaires et l’efficacité des coopératives de gestion des équipements sont déterminants pour la pérennité du progrès.
Des programmes de formations réguliers et la fourniture gratuite d’outils pour la maintenance des filtres à sable sont mis en place. Gonoshastaya Kendra organise aussi des formations dans les écoles pour apprendre les bases de l’hygiène aux enfants en particulier le lavage efficace des mains au savon.
Elle mène l’enquête systématique auprès des familles bénéficiant des filtres à sables : une large majorité est satisfaite, paie sa redevance et utilise et entretient correctement les filtres.
16 000 personnes alimentées en eau potable
3500 familles soit 16 000 personnes bénéficient d’un accès à l’eau potable depuis l’installation des 80 filtres à sable. Pour chaque coopérative d’utilisateurs, un homme et une femme appelés les « care takers » sont formés à la maintenance du filtre à sable communautaire. Ces 80 filtres s'inspirent des 160 déjà en service, bien acceptés et appropriés, utilisés et bien entretenus par les villageois, depuis près de dix ans pour les plus anciens.
Le coût total est de 173 420 euros. Il comprend l’installation des 80 filtres à sable, des 310 latrines hygiéniques des familles les plus démunies (dites «ultrappor»), et la formation de deux personnes chargées de l’entretien pour chaque équipement coopératif, et aussi pour la construction du dispositif et de sa gouvernance, du réseau coopératif déterminant pour la pérennité du développement mis en place.
Avec de nouvelles conditions de vie
Les conditions de vie, en particulier celles des femmes - traditionnellement en charge de l’approvisionnement des quelques 100 litres quotidiens d’eau potable de la famille - et la santé des populations s’améliorent comme en témoigne l'histoire de Rabeya.
Cette jeune femme de 34 ans, mariée à 15 ans souffrait comme sa communauté de diverses maladies liées à l’utilisation de l’eau des mares pour la boisson et les usages domestiques. Elle encourage son mari à demander, pour le hameau, un filtre à sable. Elle est maintenant chargée de son entretien. Pour Rabeya, les bénéfices sont innombrables : eau saine, disparition des maladies liées à l’eau, temps gagné, fatigue moindre, économie de médicaments.
Paul Chotard
© Une Image à part
« Nous avons à la fois la prise de conscience d'un phénomène mondial : l'élévation du niveau de la mer, qui a des conséquences sur la vie de tous les jours, et d'autre part un peuple courageux qui cherche des solutions à ses problèmes et qui les met en oeuvre. Nous restons mobilisés. Il faut absolument équiper avec ces filtres toute la côte du Bangladesh.»
Paul Chotard, bénévole au comité de soutien du Cher à GK Savar
Production d'eau potable par filtres à sable et la construction de latrines au Bangladesh
Vidéo - Production d'eau potable par filtres à sable et la construction de latrines au Bangladesh
Le comité de soutien du Cher (18) promeut les actions de l'association Gonoshastaya Kendra Savar au Bangladesh pour l'alimentation en eau de populations déshéritées.
© Une Image à part