Une confluence plus naturelle du Charlet avec l'Allier
Enfoncement du lit, altération du dynamisme naturel de la rivière, perte de diversité des milieux associés, pollution d'origine agricole, le ruisseau Charlet fortement artificialisé traverse la plaine de la Limagne, un territoire de grandes cultures dans le Puy-de-Dôme. Le syndicat mixte des vallées de la Veyre et de l’Auzon restaure sa confluence avec l'Allier. Des travaux menés dans le cadre du programme d’actions du contrat territorial du bassin du Charlet, signé avec l’agence de l’eau Loire-Bretagne pour la période 2016-2021.
Le Charlet retrouve son lit
Sur le territoire de la commune de Corent dans le Puy-de-Dôme (63), le Charlet rectiligne se jetait à contre-courant dans l’Allier. Un phénomène somme toute contre nature, résultat d'anciens travaux de rectification du lit du cours d'eau.
Grâce à des observations de terrain, le syndicat mixte de la vallée de la Veyre et de l'Auzon (SMVVA) retrouve un ancien lit abandonné qui circule à travers la forêt alluviale. Une situation avantageuse car elle permet des travaux de renaturation et de bénéficier d'un milieu naturel qui contribue à diminuer la charge polluante transportée par la rivière (nitrates, pesticides).
Le SMVVA s'engage alors dans des travaux de restauration de la confluence pour renforcer la fonctionnalité du ruisseau ainsi que la valeur écologique du site. Il s'agit de supprimer la confluence artificielle en la remblayant afin de relier le Charlet à l'ancien lit encore visible pour le reconnecter naturellement à l'Allier. Des travaux pour renaturer le chenal depuis longtemps asséché sont également menés.
Photomontage du futur tracé reconnecté et reméandré du Charlet
Reconnexion du Charlet dans un ancien lit
février 2004
© MATHEVON Aurélien - SMVVA
Pour mener à bien cette restauration :
- un remblai est créé pour « boucher » le lit rectiligne et éviter le retour à contre-courant dans l'Allier ;
- 3,7 hectares de forêt alluviale sont acquises ;
- l’ancien lit est aménagé pour redynamiser le cours d’eau avec la réduction du gabarit initial pour resserrer l’écoulement (créer un lit d'étiage), la création de mouille et de radier, la mise en place d’épis pour créer des zones de dépôts de sédiments et diversifier les écoulements malgré la faible pente ;
- deux mares sont creusées pour créer de nouvelles zones favorables à la biodiversité ;
- les berges sont végétalisées ;
- une petite frayère à brochets est creusée.
Les travaux se terminent en novembre 2019. Leur coût (y compris l’étude préalable, une pêche de sauvetage et la coordination du chantier) s’élève à 117 943 euros TTC. Ils bénéficient de 63 % de subvention de l'agence de l’eau Loire-Bretagne.
A l'hiver 2020 le site subi deux crues importantes de l’Allier. Le nouveau tronçon du Charlet réagit bien à ces évènements naturels, amenés à se reproduire. L'effet des travaux de restauration sera évalué en 2021 et complété lors de la phase bilan du contrat territorial.
Lit aménagé du Charlet à gauche - épis en haut - radiers, mouilles en bas.
septembre 2020
© Vanessa Prochasson / Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Les travaux réalisés sont importants pour le Charlet qui ressemble à nouveau à un ruisseau, favorable à la vie aquatique, et non plus à un fossé d’évacuation des eaux. Il me faut souligner la bonne exécution de ce chantier, toujours en concertation avec les riverains et les collectivités locales.
On peut espérer, dans un proche avenir, retrouver, comme il y a quelques années encore, des pêcheurs de truites au bord du Charlet ! »
Pierre Metzger, président de l’association pour la protection, de la pêche et des milieux aquatiques « La matinale de Coudes », maire d'Authezat, vice-président du syndicat à vocation multiple (SIVOM) du Charlet
Un patrimoine valorisé
Le syndicat valorise globalement le site de la confluence du Charlet. Il restaure des éléments du patrimoine bâti ancien et valorise son patrimoine naturel avec des aménagements qui bénéficient de fonds européens - Leader val d’Allier : refuge pour chauve-souris, sentier pédagogique...
Un véritable atout pour ce territoire qui s'est engagé dans un programme de travaux plus vaste, dans le cadre du contrat territorial et au-delà, pour reconquérir la qualité de l'eau, préserver et mettre en valeur les milieux naturels du bassin versant du Charlet. En témoigne notamment la présence de deux stations d'épuration récentes et l'amélioration des réseaux de collecte engagée par trois communes du bassin versant qui contribueront à retrouver une meilleure qualité des eaux du ruisseau.
Contrat territorial du bassin versant du Charlet - 2016 -2021 - Il a pour ambition de réaliser des actions programmées et concertées pour :
- améliorer la qualité de l’eau en réduisant la pollution par les pesticides, les nitrates et les macropolluants
- gérer, restaurer et préserver le milieu naturel constitué par les cours d’eau et les zones humides du territoire