Sirops Monin - Objectif Zer'eau rejet
La société Monin produit 60 millions de bouteilles de sirops par an à Bourges dans le Cher. Un secteur pour lequel la ressource en eau est insuffisante au regard de l'ensemble des besoins. Pour faire face à cette situation amplifiée par le changement climatique, Monin lance un vaste programme de réduction progressive des consommations d’eau et de recyclage intégral des effluents de l’usine. Une solution efficace pour concilier production et écologie !
Réduire, réutiliser, recycler les rejets liquides est le fil conducteur de la société Monin. Un sacré défi, pour un site agroalimentaire avec de fortes contraintes d'hygiène !
Une démarche globale pour atteindre le zéro rejet
Plus l'entreprise réduira sa consommation d'eau, moins il y aura de production d'effluents. Il est donc nécessaire d'identifier ce qui est techniquement possible pour diminuer les volumes d’eau consommés.
Réutiliser l’eau pour réduire les effluents produits
Pour cela, Monin travaille sur deux circuits de l'eau.
Les « boucles courtes » où l'eau non polluée est réutilisée immédiatement dans le procédé de fabrication, sans traitement, plutôt que de la diriger dans une station de nettoyage. Par exemple comme l'eau qui sert à refroidir les sirops après pasteurisation, qui est une eau adoucie et juste réchauffée après utilisation. Les volumes concernés sont peu importants, de 500 à 600 m3 par an, mais les solutions sont faciles à mettre en place et sont rentables.
Les « boucles longues » où l'eau est réutilisée après traitement des effluents. Pour 100 litres d'eau entrant dans l'usine : 16 litres se retrouvent dans le sirop et 84 litres servent au nettoyage (55 litres vont dans les stations de nettoyage - NEP - et 29 litres servent au nettoyage direct pour le rinçage de chambre de fuite, rinçage de garniture. A la sortie du circuit de nettoyage, l'eau chaude sucrée, avec une forte teneur en DCO* (environ 10 g par litre), va actuellement dans les réseaux d'assainissement. Ce sont donc des effluents chauds qui peuvent coûter très cher à l'entreprise puisqu’il faut les traiter, les purifier, et déterminer comment les renvoyer vers l’usine pour les réutiliser.
Produire plus avec moins d'eau
Un suivi quotidien est mis en place avec une vingtaine de compteurs sur le site. Des fuites d'eau sur des compteurs qui n’étaient pas surveillés sont détectées. Aujourd'hui l'entreprise trace plus de 95 % de la consommation d'eau. Parallèlement, un audit particulier est mené sur la station de nettoyage, le principal poste de consommation d'eau de l’usine.
Et au-delà des solutions techniques pour économiser l'eau, la démarche « Zéro rejets » conduit l'entreprise Monin à s'interroger sur l'organisation de sa production.
Avec 7 000 lots de fabrication par an, et à raison de 3 lavages en moyenne par lot, ce sont au total 24 000 lavages réalisés qui consomment en moyenne 600 litres d'eau à chaque fois. L’enjeu est de réduire le nombre de lots tout en produisant plus à chaque fois : produire 2 000 litres de sirop en deux fois nécessite deux fois plus d'eau qu'une production en une seule fois.
Ludovic Lanouguère, directeur de production - site Monin de Bourges (18) :
« Notre motivation est avant tout environnementale. Il ne s'agit pas de répondre à une obligation légale car notre convention de rejets avec la ville fonctionne bien. Notre démarche s'inscrit dans la politique « Responsabilité sociale et environnementale (RSE) » dont l'environnement est l'un des axes principaux. Le zéro rejet s'est imposé comme une évidence car c'était le seul moyen d'avoir un impact fort sur la réduction de nos consommations en eau. »
Réutilisation de l'eau - Usine Monin
Transcription textuelle du schéma à compléter
mars 2024
© Monin
La réutilisation des eaux usées dans l'usine Monin de Bourges est montrée sous forme d'un schéma.
L'eau potable du réseau est adoucie pour seulement 20 litres d'eau qui servent à la fabrication des produits finies
L'eau salubre est utilisée pour 50 litres qui partent dans la NEP (station de nettoyage) et 30 litres dans d'autres usages du process.
Consommation actuelle d'eau - Usine Monin
Transcription textuelle du schéma
mars 2024
© Monin
Le circuit de l'eau actuelle dans l'usine Monin de Bourges est présenté sous forme d'un schéma.
L'eau potable du réseau passe par un adoucisseur. Pour 100 litres d'eau adoucie :
- 20 litres servent à la fabrication et se retrouvent dans les produits finis
- 50 litres partent dans la NEP (station de nettoyage). Il en ressort un effluent sucré qui part au réseau d'assainissement
- 30 litres servent au nettoyage. Il en ressort un effluent sucré qui part au réseau d'assainissement
Au total, ce sont 80 litres d'effluents sucrés qui vont au réseau d'assainissement.
Mise en place du plan d'actions
Monin étudie les différentes filières de traitement possibles (méthaniseur, phytoépuration, filtration membranaire...). Avec l'aide de l’Insa de Toulouse et de l'Office international de l'eau, l’entreprise étudie cinq filières de traitement sur un plan technique et économique : quatre filières biologiques dont trois avec méthanisation et une filière avec la filtration membranaire.
Des essais pilotes sont faits pour vérifier la fiabilité des solutions avant leur développement.
Ludovic Lanouguère :
« On espère plus de 60 % d'économie d'eau sur le site avec un taux de recyclage allant au-delà de 85 % de nos effluents on s'est fixé des objectifs très ambitieux et donc pour le moment rien ne nous indique qu'il le soit trop.
On participe également au contrat territorial de gestion quantitative et qualitative du bassin du Cher puisqu'on est sur un bassin qui est en déficit chronique depuis très longtemps et donc on a souhaité s'investir auprès de tous les autres acteurs de ce contrat pour participer à la préservation de la ressource en eau. »
Une démarche aidée par l’agence de l’eau
L'agence de l'eau Loire-Bretagne accompagne l’entreprise Monin sur la mise en place de la récupération et de la réutilisation des eaux de rinçage et de refroidissement, préalable aux études pilotes.
Depuis le démarrage de ce projet en 2019, l’agence de l’eau a apporté une aide financière de près d’un million d’euros.
Ludovic Lanouguère :
« L'appel à projets, Économies d'eau, de l'agence de l'eau Loire-Bretagne a constitué un précieux accompagnement et un vrai accélérateur du projet. Le projet a avancé en une année et demie de façon continue sans trop d'embûches. Nous sommes passés entre les gouttes du contexte sanitaire et aujourd'hui nous avons des garanties sur le fait de pouvoir le mener à bien.»
« Zéro rejet » à l'international
L’entreprise Monin est présente dans plus de 140 pays, dont deux usines en France. Tous ses sites industriels partageant le même procédé de fabrication, l’entreprise a créée une référence pour le calcul d’indicateurs et la construction de tableaux de bord partagés. Cette démarche commune permet de gagner en efficacité.
Monin, groupe agroalimentaire, fabrique des sirops premiums à destination des professionnels du bar et de la restauration.
- 6 usines implantées dans le monde et deux nouvelles en construction ;
- 35 millions de bouteilles produites par an à Bourges, soit près de 20 millions de litres de sirop ;
- 60 000 m3 d'eau consommée dont 15 % pour la bouteille de sirop et la majeur partie rejetée en effluents très chargés en DCO apportés par les lavages de cuves et le sucre.