Serristes, maraichers, éleveurs récupèrent les eaux pluviales

Les serres en Bretagne qui abritent la production de fruits et de légumes constituent des surfaces de toiture très importantes sur lesquelles la pluie ruisselle. Serristes, maraichers et éleveurs ont mis en place des dispositifs permettant de récupérer les eaux pluviales pour réduire leur prélèvement d’eau.

Les producteurs bretons de fruits et de légumes sous serres disposent de grandes surfaces sur lesquels tombe la pluie et ont, besoin, dans le même temps d’eau pour arroser leur production. Le fait de récupérer et de stocker les eaux pluviales constitue donc une démarche pertinente soutenue par l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

En prélevant moins d'eau, serristes et maraîchers gagnent en autonomie

Grâce à ces actions, initiées depuis 2020, les serristes et maraichers prélèvent moins, voire plus du tout, dans les nappes ou sur le réseau d’eau potable. Ce sont, au total, une trentaine de professionnels, principalement en Ille-et-Vilaine et dans les Côtes d'Armor, qui ont investi dans ces installations. Cette première action se double souvent d’un système de récupération des eaux de drainage afin de les traiter et de les recycler.

Pierre Imbert de l’agence de l’eau commente :

« Ces aides de l’agence de l’eau ont permis d’économiser un volume de 540 000 mètres cube d’eau par an avec une enveloppe d’1,4 millions d’euros d’aides représentant 40 % des investissements. Le montant des travaux étant plafonné à 150 000 euros »

En 2022, ce sont au total 19 serristes et 14 maraichers qui se sont engagés dans cette démarche. Il faut dire que ces serres, sous lesquelles poussent notamment tomates et fraises, peuvent couvrir 3 ou 4 hectares et récupérer jusqu’à 10 000 m3 par hectare et par an. Les équipements sont très complets comprenant gouttières, canalisations, bassins de récupération et systèmes de filtration.

Serres et cultures de plein champ - exploitation Roussel

Serres et cultures de plein champ - Exploitation Roussel

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Pour Virginie Roussel, ancienne professionnelle de l’informatique, devenue maraichère bio au sud de Rennes explique :

« Il était important d’avoir un impact minimal sur l’environnement et de s’inscrire dans un cercle vertueux »

De plus, elle a équipé son système d’irrigation de sondes pour optimiser l’arrosage et pratique aussi le paillage pour réduire les besoins en eau de la vingtaine de variétés de légumes qu’elle produit. Grâce à ces dispositifs, son exploitation est autonome, évitant ainsi les prélèvements dans le milieu naturel.

Même objectif et atteinte d’autonomie pour Gilles Fournier implanté près de Brest qui a construit un bassin de récupération de 27 000 m3 pour 11 hectares de serres.

Gilles Fournier souligne :

« Récupérer les eaux de pluie était pour moi une solution évidente. Et cela me permet aujourd’hui d’être autosuffisant. »

Des éleveurs récupèrent l'eau de pluie pour le lavage et l'abreuvement

Si les producteurs sous serres se sont engagés dans cette démarche, 30 éleveurs ont entrepris aussi des actions pour récupérer les eaux pluviales tombant sur leurs toitures. L’eau est ensuite utilisée pour le lavage des bâtiments et du matériel voire pour l’abreuvement des animaux.

C’est le cas de Jérôme Chasles qui récupère l’eau de pluie tombant sur ses 3 000 m2 de toitures et qui, après avoir été traitée, sert notamment, à abreuver ses 80 vaches laitières dans le sud-est des Côtes d'Armor.

« Nous avons besoin de 2 500 m3 d’eau par an dont 1 500 pour les bêtes. J’ai installé un traitement UV et au chlore ce qui me permet de produire une eau potable. Ainsi, j’économise 50 % sur ma facture d’eau et mes investissements seront rentabilisés en 5 ans ».

Ces équipements pour la récupération, voire le traitement, peuvent ponctuellement être couplés à des systèmes d’économie d’eau, par exemple, sur les abreuvoirs. Les stockages chez les éleveurs ont des capacités allant généralement de 200 à 600 m3. Le cumul des projets des éleveurs accompagnés par l’agence de l’eau permet d’économiser 50 000 m3 d’eau par an sur la région Bretagne.

Poche de stockage des eaux pluviales- exploitation Chasles

Poche de stockage des eaux pluviales - Exploitation Chasles

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Bâtiment d'exploitation et poche de stockage - exploitation Chasles

Bâtiment d'exploitation et poche de stockage - Exploitation Chasles

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Au GAEC Quillevenec

Au GAEC Quillevenec dans le centre Finistère, François L’Haridon l’un des trois associés, parle d’une opération menée par « conviction » au même titre que le bilan carbone initié il y a 3 ans. Ces exploitants agricoles, qui élèvent 90 vaches laitières et un atelier porcin de 250 truies produisant 5 400 porcs par an, voulaient se prémunir de coupure d’eau et surtout ils ont été « interpellés par le fait d’utiliser de l’eau potable pour laver des porcheries ».

L’exploitation a donc installé deux cuves de stockage et compte économiser 18 % de sa consommation d’eau.

Une trentaine de dossiers concerne donc des éleveurs qui bénéficient d’une subvention de 40 % pour des travaux dont le coût est plafonné à 100 000 euros. Les jeunes agriculteurs bénéficiant d’un bonus de 5 % supplémentaires.

Cet accompagnement et ce soutien financier important se poursuivent en 2024 avec le dispositif Agri Invest désormais piloté par la région Bretagne avec un co-financement de l’agence de l’eau Loire-Bretagne et de avec des fonds européens (FEADER).

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