Sensibilisation et opération foncière pour préserver la ressource en eau

Pour faire face à la dégradation de la ressource en eau la Régie des eaux des Coëvrons sensibilise l’ensemble des usagers à l’importance de protéger l’eau dans les aires d’alimentation de huit captages d’eau potable prioritaires dans la Sarthe et la Mayenne. Elle mène des opérations foncières là où l’enjeu de production est stratégique et les risques de dégradation de la qualité de l’eau importants. Cette action exemplaire, menée dans le cadre du contrat territorial de lutte contre les pollutions diffuses de l’Est mayennais, est lauréate des Trophées de l’eau Loire-Bretagne 2021.

Photo d'illustration de champs et parcelles

© Une Image à part

La Régie des eaux des Coëvrons pilote et anime le contrat territorial de lutte contre les pollutions diffuses sur les huit captages prioritaires de l’Est mayennais. Trois captages sont exploités par la régie, trois par la communauté de communes de Meslay-Grez et deux par le syndicat intercommunal d'adduction en eau potable (SIAEP) de la région de Sillé-le-Guillaume.

Elle s’engage dans des actions de communication et des opérations foncières grâce à un portage politique fort. Le travail de communication permet d'asseoir l'identité du contrat sur le territoire. Sur le volet foncier, les démarches sont facilitées par une bonne connaissance du terrain par la cellule animation (ou animateurs) qui favorise les échanges et instaure un climat de confiance avec les agriculteurs.

Le contrat territorial est un outil de l’agence de l’eau pour améliorer la qualité de l’eau et lutter contre les pollutions diffuses. Il permet de répondre au plus près des enjeux spécifiques des territoires, à une échelle hydrographique cohérente et de définir en concertation avec l’ensemble des acteurs, des programmes d’action en faveur de l’eau qui bénéficieront d’aides financières de l’agence de l’eau..

Fédérer les acteurs et les usagers pour préserver l’eau

L’eau un sujet incompris et méconnu ! Il était nécessaire de sensibiliser les élus, les agriculteurs et les consommateurs afin que les enjeux et les solutions à mettre en place puissent être mieux acceptés. C’est pourquoi la Régie des Coëvrons élabore un plan de communication. Elle conduit un travail d’information, de pédagogie et de concertation avec les élus, les agriculteurs et la population pour faire prendre conscience de l’importance de la gestion raisonnée de la ressource en eau.

La Régie des eaux des Coëvrons propose une carte territoriale avec les captages et les périmètres d'action, des panneaux de communication portant le slogan « Notre eau vient d’ici, préservons la ! » illustrés par l’implantation de couverts végétaux multi-espèces et la plantation de haies bocagères, ainsi que deux vidéos de sensibilisation. Elle diffuse une lettre annuelle à destination des agriculteurs, une seconde pour les élus et les usagers de l'eau. Elle organise aussi de « Grands rendez-vous » dédiés à l’eau pour sensibiliser un plus large public. Elle accompagne et promeut les actions respectueuses de l’eau engagées par les agriculteurs (couverts végétaux multi-espèces pour stocker les nitrates et améliorer la biologie des sols, « essais agr’eaunomiques », réseau de parcelles référentes, reliquats azotés, bougies poreuses, plantation de haies, reconversion de surfaces en herbes…).

Régis Lefeuvre

Photo de Régis Lefeuvre, président de la Régie des eaux des Coëvrons

© Une Image à part

« L’eau que nous distribuons dans les maisons vient presque totalement de notre territoire, nous en sommes directement responsables. Le travail effectué sur la communication est fédérateur. Il permet un positionnement et une implication accrue grâce à une meilleure connaissance des enjeux, une meilleure communication entre élus et par conséquent une meilleure acceptation des agriculteurs. Les actions foncières constituent un levier efficace et pérenne pour rétablir une bonne qualité de l'eau sur des captages productifs. »

Régis Lefeuvre, président de la Régie des eaux des Coëvrons

Acquérir des terrains pour gérer durablement l’eau

Pour protéger durablement la qualité de l’eau, la Régie des eaux des Coëvrons mène une politique de gestion du foncier sur les zones particulièrement sensibles aux pollutions. Elle réalise une veille foncière sur les communes des aires d’alimentation des captages prioritaires et en particulier sur celle de Vaubourgueil. Elle travaille en partenariat avec la société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER).

Sur un secteur particulièrement sensible et stratégique tel que l’aire d'alimentation de captage de Vaubourgueil, les terrains sont achetés en concertation avec les agriculteurs car ils seront ensuite exploités dans le cadre de baux ruraux environnementaux. Des réorganisations foncières (échanges de parcelles) peuvent être faites pour adapter l’usage des sols à leur sensibilité à la pollution, ou pour faciliter la mise en place de systèmes de production pouvant nécessiter des regroupements de parcelles, comme les systèmes herbagers.

Concrètement, après une explication de la démarche à des agriculteurs référents, des scénarios de réorganisation foncière sont élaborés avec les agriculteurs. L’intervention de la Safer est demandé si nécessaire. L’objectif est aussi de consolider des structures d’exploitation cohérentes et économiquement viables sur les aires d’alimentation de captage d’eau potable en leur proposant une valorisation économique des prairies via des baux ruraux à clause environnementale.

Les baux ruraux environnementaux passés avec les agriculteurs comprennent des clauses spécifiques pour un entretien respectueux de l’eau et adapté à la parcelle : limitation de la fertilisation, interdiction de l’usage des produits phytosanitaires par exemple. Elle prévoit la mise en place de suivis pour vérifier l’absence de fuites de nitrates dans la nappe d’eau souterraine.

À l’échelle de l’ensemble des aires d'alimentation de captage, les trois services d’eau – la Régie des Coëvrons, le syndicat d’eau de Sillé-le-Guillaume et la communauté de communes de Meslay-Grez - suivent avec attention la transmission des exploitations. C’est l’occasion d’accompagner plus facilement des changements de systèmes favorables à la qualité de l’eau.

Marie Plet

Photo de Marie Plet, chargée de protection de la ressource en eau

© Une Image à part

Les pratiques agricoles vertueuses pour la qualité de l’eau, qui sont mises en œuvre par les agriculteurs de notre territoire contribuent également à maintenir la biodiversité et la beauté de nos paysages mais ils permettent aussi de préserver la bonne santé ainsi que le potentiel agronomique des sols. »

Marie Plet, chargée de protection de la ressource en eau

Le captage de Vaubourgueil

D’une superficie de 204 hectares, l’aire d’alimentation du captage de Vaubourgeuil (53) représente un enjeu fort de distribution d’eau potable (555 000 m3/ha). Les concentrations en nitrate sur cette aire d'alimentation de captage dépassait régulièrement la norme de potabilisation malgré les actions agricoles menées dans le cadre du contrat territorial. Ce captage est en dérogation depuis 2017.

C'est pourquoi, une politique de réorganisation foncière est engagée depuis 2018. Objectif : enherber la totalité de la surface agricole utile de 160 hectares pour abaisser la concentration en nitrates de manière significative.

La Régie des Coëvrons acquiert 83 hectares de terres agricoles pour limiter les pollutions en facilitant le passage en prairies.

Corinne Morel

photo d'illustration

© Aelb / J.L Aubert

« La Régie des eaux des Coëvrons a fait preuve d’innovation et réflexion pour créer une dynamique de territoire afin d’atteindre l'objectif global de la préservation de la qualité des eaux, développant une politique de concertation et en tenant compte des enjeux et problématiques. Elle a déployé une politique foncière tout en construisant, en parallèle une stratégie de communication pour valoriser ses actions et sensibiliser tous les acteurs. En termes d’innovation, la création du slogan apposé sur toute communication «Notre eau vient d’ici, préservons la !», illustre cette volonté. C’est pourquoi, il est intéressant de valoriser les actions de la Régie qui pourront servir d’exemple et montrer le chemin à poursuivre pour atteindre le bon état »

Corinne Morel, chargée d’intervention à l’agence de l’eau Loire-Bretagne

Sensibilisation et opération foncière pour préserver la ressource en eau

Vidéo - Sensibilisation et opération foncière pour préserver la ressource en eau

La Régie des eaux des Coëvrons mène des opérations foncières pour protéger l’eau dans les aires d’alimentation de huit captages d’eau potable prioritaires dans la Sarthe et la Mayenne.

© Une Image à part / Agence de l'eau Loire-Bretagne

Voix-off : 2010. Au cœur du bocage mayennais. Sur ce territoire agricole, de polyculture et d’élevage, le constat est sans appel : nitrates et pesticides, la qualité de l’eau se dégrade. À Vaubourgueil, malgré un paysage bocager plutôt préservé, des pics de concentration de nitrates sont constatés au captage. Il devient prioritaire d’agir. Les terres sont achetées par la régie des eaux des Coëvrons, et remises en prairies.

Marie PLET, Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Coëvrons :

Elle achète les terres qui sont situées sur l'aire d'alimentation du captage. Elle les propose à des agriculteurs qui sont situés autour de ce captage. L'objectif, c’est de ré-enherber toute l'aire d'alimentation de captage. Une solution pour maintenir une bonne composition du sol et la qualité de l'eau.

Les actions

Voix-off : la Bazouge de Cheméré, à deux pas d’une zone naturelle sensible. Germain Goujon, est agriculteur bio depuis son installation en 2011. 70 vaches allaitantes, 50 hectares pour la culture de céréales, et autant en prairies naturelles. Une partie de ses terres, autour de 2 captages d’eau potable, appartient à la régie des eaux et à la Communauté de Communes du Pays de Meslay Grez . Il est en location. Mais ce n’est pas tout. Ici, un autre dispositif est en place pour améliorer la qualité de l’eau potable : des cultures tests, expérimentales. 12 producteurs se sont lancés dans ces essais innovants.

Germain GOUGEON - Agriculteur bio - La Bazouge de Cheméré :

L'idée, c'est de faire l'intensification végétale et d'avoir toujours des plantes à pousser toute l'année, de réduire les temps où le sol est nu par des plantes qui peuvent être innovantes, par des techniques de travail du sol qui changent un peu. Les actions du syndicat d'eau nous confortent et nous permettent d'avancer un peu plus vite et d'avoir un cadre aussi aux essais. C'est super intéressant.

Marie PLET - Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Coëvrons

On a pu planter des haies son exploitation. Ça permet aussi de maintenir des sols en place, en bonne santé, qui filtrent, qui améliorent la qualité de l'eau.

Voix-off : dans l’est mayennais, 8 captages prioritaires sont sous surveillance, autour des communes d’Evron et Meslay du Maine, en Mayenne, Sillé-le-Guillaume dans la Sarthe. 100 agriculteurs sont concernés, 50 font partie d’un réseau de référence, et 12 testent les essais agronomiques, comme Germain et Dominique. Il est producteur de porcs, et de céréales sur 80 hectares, porte-parole des agriculteurs

Dominique PILON – Agriculteur - Torcé-Viviers-en-Charnie (53) :

Il faut de plus en plus qu'on soit dans la maîtrise de nos intrants. Et ça, honnêtement, déjà, les trois quarts des agriculteurs le font. C'est difficile aussi d'aller vers l'inconnu. On a une économie d'entreprise à avoir et on se doit d'être prudent.

Marie PLET - Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Couëvrons :

C'est un travail de négociation. Il faut savoir être à l'écoute des agriculteurs, comprendre leurs préoccupations. Et puis mettre en perspective aussi les préoccupations de la collectivité. On a vraiment cette notion de confiance mutuelle. La clé pour réussir ce genre de projet.

Voix-off : chaque projet est donc bâti en concertation avec les élus, les agriculteurs, les experts de de l’environnement, de l’eau. Il est encadré par un contrat territorial.

Corinne MOREL - Chargée d’interventions agricoles - Agence de l’eau Loire-Bretagne :

Le contrat territorial, c'est l'outil de l'agence pour contractualiser avec différents partenaires qui souhaitent intervenir au niveau des sources de pollution. La base de tous les contrats, c'est la préservation de la ressource. C'est communiquer et sensibiliser au maximum les acteurs autour, pour justement améliorer la qualité de l'eau

Voix-off : les chantiers du dernier contrat ont coûté 1 million 8 000 000 euros, financé à 60 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, 20 % par le département de la Mayenne et 20% par les services d’eau des 3 collectivités.

Communication et sensibilisation

Marie PLET - Chargée de protection de la ressource en eau - Régie des eaux des Coëvrons :

L'objectif, c'est vraiment de faire comprendre aux enfants que l'eau qui coule au robinet, c'est l'eau qui est sous nos pieds.  On m'a dit que sous mes pattes, il y avait de l'eau. Tu le savais toi ? Ce sont vraiment les paysages qui entourent les enfants, qui nous entourent tous, qui conditionnent la qualité de l'eau.

Guy BARRIER - Président - Syndicat Intercommunal d’Adduction d’Eau Potable, Sillé-le-Guillaume (72) :

On a aussi ciblé les jeunes avec toutes les écoles du secteur, on a mobilisé 300 élèves pour un concours d'étiquettes sur les bouteilles. Ce sont souvent nos jeunes qui vont donner le message à leurs parents. Ils ont un regard différent sur ce qu'on peut faire tous les jours pour protéger l'eau…

Voix-off : la Régie des eaux des Coëvrons gère la production, la distribution, le transport, la protection de la ressource en eau pour 28 000 habitants de 29 communes.

Régis LEFEUVRE – Président - Régie des eaux des Coëvrons :

Il faut continuer sur cette lancée. C'est un travail de longue haleine. Les agriculteurs sont prêts à nous aider.C'est vraiment un travail coopératif. On ne peut pas y arriver sans eux. Je pense que ce sera aussi une nouvelle piste pour l'avenir : aller voir les privés pour qu’ils puissent nous aider à avancer pour améliorer cette qualité de l'eau…

Les perspectives

Voix-off : Bilan : les taux de nitrates n’augmentent plus sur 4 des 8 captages. Depuis 2016, chaque année, 250 hectares de couverts végétaux multi-espèces ont été semés et 14 km de haies bocagères ont été plantées.

Corinne MOREL - Chargée d’interventions agricoles - Agence de l’eau Loire-Bretagne :

Les perspectives, c'est de poursuivent, d’être plus ambitieux, de cibler peut-être plus d'actions pour justement améliorer la qualité de l'eau

Régis LEFEUVRE – Président - Régie des eaux des Coëvrons :

L’eau, c'est vital pour tous les habitants, qu'ils soient urbains, qu'ils soient ruraux. On sait que l'eau, c'est la vie.

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En savoir plus

Le contrat territorial de l'Est mayennais - Régie des Eaux du Coëvrons

Programme d'action 2017-2021 pour la reconquête de la qualité de l'eau des captages souterrains prioritaires de l'Est mayennais - Rapport d'activité 2018