Restaurer le bocage pour améliorer la qualité de l’eau

Sur le territoire du bassin versant de la Seiche où les cours d’eau sont dégradés, la reconstruction bocagère est une priorité pour reconquérir la qualité des eaux. Le syndicat du bassin de la Seiche œuvre en collaboration avec les agriculteurs pour planter des haies sur leurs parcelles. Une action primée aux Trophées de l’eau 2021.

    Le bassin versant de la Seiche couvre 830 km2, 56 communes et plus de 1000 kilomètres de cours d’eau affluents de la Seiche, une rivière qui se jette dans le fleuve côtier La Vilaine. C’est un territoire très agricole et attractif sur le plan démographique et économique qui s’étend, en Ille-et-Vilaine, de l'Ouest de Laval au Sud de Rennes.

Restaurer le bocage pour améliorer la qualité de l’eau

Restaurer le bocage pour améliorer la qualité de l’eau

juin 2021

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Reconstruire le bocage, une priorité pour le territoire de la Seiche

La reconstruction bocagère est une priorité pour restaurer la qualité de l’eau des rivières du bassin versant de la Seiche.

Le bocage a perdu de son importance avec l’évolution des pratiques agricoles : 65 mètres par hectare contre 112 mètres par hectare pour la région Bretagne. La destruction des haies lors des remembrements successifs a fortement accéléré l’érosion des sols et le ruissellement. Et des éléments du sol sont entraînés vers les cours d’eau et dégradent leur qualité suite au transfert de polluants.

La qualité de l’eau sur le bassin versant de la Seiche est un sujet de préoccupation depuis plusieurs années. C’est pourquoi depuis 2012, le syndicat adhère au programme « Breizh Bocage » et restaure le bocage avec la collaboration des acteurs locaux et principalement des agriculteurs.

Michel Demolder

Michel Demolder, président du syndicat du bassin versant de la Seiche

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« Il est nécessaire d’encourager et d’œuvrer à la reconstitution du maillage bocager pour contribuer à la reconquête de la qualité de l'eau, lutter contre les phénomènes d'érosion et de ruissellement, aider à la préservation de la biodiversité et limiter les inondations. »

Michel Demolder, président du syndicat du bassin versant de la Seiche

Les actions de restauration et de préservation du bocage sur l’ensemble du bassin versant s’inscrivent dans le contrat territorial du bassin versant de la Seiche 2019-2024.

Une priorité est donnée à la zone soumise à contraintes environnementales (ZSCE) qui couvre les cours d’eau du Prunelay, de la Quincampoix, et de la Planche aux Merles qui sont particulièrement dégradés. Dans cette zone, délimitée par arrêté préfectoral, des mesures doivent être mises en place pour préserver la ressource en eau. C’est pourquoi, le syndicat y réalise, depuis 2019, des dispositifs tampons pérennes pour limiter le transfert des pollutions. Les actions mises en place dans ce secteur du bassin versant de la Seiche viennent en complément de celles mises en place dans le cadre de Breizh bocage, un programme animé depuis 2012 par le syndicat du bassin de la Seiche.

Les actions de restauration du bocage sur l'ensemble du bassin versant de la Seiche sont financées à 100 % grâce notamment à des aides financières de l'agence de l'eau Loire-Bretagne et du syndicat du bassin de la Seiche.

Le programme Breizh Bocage (fonds européen FEADER) est lancé en Bretagne pour restaurer et préserver le bocage breton essentiel à la protection des eaux : plantation et regarnissage de haies bocagères, création et restauration de talus. Il est destiné à l'ensemble des agriculteurs, particuliers et collectivités.

Il est cofinancé par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, le conseil régional de Bretagne et les conseils départementaux, sur les bassins versants concernés par des contrats territoriaux. De 2015 à 2020, l’agence a engagé 4,5 millions d'euros pour l’animation et les travaux bocagers, soit 22 % du montant total du financement.

Des agriculteurs volontaires pour agir en faveur de la qualité de l’eau

Le syndicat mixte du bassin versant de la Seiche invite les agriculteurs, à travers la plantation de haies ou l'aménagement de dispositifs tampons comme les talus, à s’engager dans des actions pour améliorer rapidement la qualité de l’eau. Ces aménagements viennent en complément des autres actions proposées aux agriculteurs comme par exemple :

  • les diagnostics de parcelle pour mesurer les risques de transfert,
  • l'analyse des reliquats d’azote après une culture de maïs,
  • la participation à une formation collective et/ou un diagnostic individuel d’exploitation sur la gestion de l’azote.

Pour la zone prioritaire du Prunelay, de la Quincampoix, et de la Planche aux Merles, les agriculteurs volontaires signent en plus une charte d’engagement individuel. Jusqu’en 2022, les actions menées sont financées à 100 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, l’État, le syndicat du bassin versant de la Seiche, et les maîtres d’ouvrage associés : chambre d’agriculture, CETA (Centre d’études techniques agricoles) et l’entreprise Ter Qualitechs.

Sandrine Garnier

Sandrine Garnier, coordinatrice du syndicat mixte du bassin versant de la Seiche

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« A l’issue de cette phase de volontariat,  il n’y aura plus de financement dans cette zone prioritaire. En effet, si les objectifs inscrits dans l'arrêté préfectoral ne sont pas atteints, le préfet pourra rendre obligatoire certaines mesures qui seront alors entièrement à la charge des exploitants agricoles. C’est pourquoi, le syndicat du bassin de la Seiche accompagne et encourage fortement les agriculteurs concernés à réaliser les actions proposées avant 2022. »

Sandrine Garnier, coordinatrice du syndicat mixte du bassin versant de la Seiche

20 à 30 kilomètres de haies plantées par année

Avant de planter des haies, il faut évaluer les zones d’implantation en fonction de la pente du terrain, des cours d’eau et des cultures pour favoriser les effets bénéfiques sur la qualité de l’eau. Au syndicat, cette mission est assurée par Etienne Gouëset, technicien bocage, qui plante entre 20 à 30 kilomètres par an. Depuis 2012, ce sont 180 kilomètres de haies replantées pour un coût de 883 000 euros.

Etienne Gouëset

Etienne Gouëset, technicien bocage du syndicat mixte du bassin versant de la Seiche

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« Il n’est pas toujours facile de concilier un projet bocager idéal et les pratiques agricoles. Nous essayons de démontrer à l'agriculteur qu'implanter les talus à certains endroits stratégiques est plus pertinent sur le plan environnemental, mais l'agriculteur doit aussi faire avec ses contraintes techniques et culturales. »

Etienne Gouëset, technicien bocage du syndicat mixte du bassin versant de la Seiche

Une prestation clés en main

Le syndicat du bassin versant de la Seiche assure le conseil aux agriculteurs et réalise les travaux de plantation.

« Proposer une prestation  clés en main  incluant le conseil et la maîtrise d'ouvrage financée à 100 %, est un atout. La préparation du sol est demandée à l'agriculteur pour une meilleure appropriation de ce futur patrimoine. »

Michel Demolder, président du syndicat de bassin versant de la Seiche

Les agriculteurs bénéficiaires sont satisfaits du programme et recontactent régulièrement le syndicat. Une confiance avec les acteurs et la profession agricole s'est installée, ce qui permet au syndicat de mener des projets plus conséquents.

Le syndicat espère inculquer la culture du bocage disparue chez un grand nombre d'agriculteurs. Cela permettrait de lever leurs craintes sur l'entretien des haies et la charge de travail en leur proposant des solutions techniques innovantes et en les formant à une gestion durable de la haie.

Jérôme Martin

Jérôme Martin, chef de service à la délégation Armorique de l’agence de l’eau Loire-Bretagne

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« Ce territoire est exemplaire par la quantité de kilomètres plantés entre 20 à 30 kilomètres par an mais aussi par la qualité du travail avec de vraies haies barrières au transfert de pollutions. Plus de  50 % de haies sont sur talus et billon dans un département ou la majorité des haies plantées reste des haies à plat. Enfin l’adhésion des agriculteurs est forte et tout est mis en œuvre pour que d’ici quelques années, ce territoire retrouve un paysage bocager qui participera fortement à la reconquête de la qualité des eaux de la Seiche. »

Jérôme Martin, chef de service à la délégation Armorique de l’agence de l’eau Loire-Bretagne

Plantation de haies bocagères et préservation de la qualité de l'eau

Vidéo - Plantation de haies bocagères et préservation de la qualité de l'eau

Lauréat des Trophées de l'eau Loire-Bretagne 2021 : le syndicat du bassin versant de la Seiche (35) pour la plantation de haies bocagères et préservation de la qualité de l'eau

novembre 2021

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Le syndicat du bassin versant de la Seiche (35) pour la plantation de haies bocagères pour préserver la qualité de l’eau

Voix-off : Le bassin versant de la Seiche, en Ile et Vilaine et Mayenne, c’est 830 kilomètres carrés, de l’Ouest de Laval au Sud de Rennes, 56 communes, et plus de 1000 kilomètres de cours d’eau. Un territoire attractif, dynamique, et agricole. Culture, élevage : 1 200 exploitations sont installées, dont 75 % dédiés à la production laitière.

Les actions

Voix-off : A Louvigné-de-Bais, Olivier Renault est producteur de volailles. Poulets, pintades, dindes sont élevés en plein air, 150 jours, avant d’être vendues à la ferme, ou sur les marchés. Depuis 2 ans, avec Étienne, le spécialiste bocage du syndicat du bassin versant de la Seiche, il s’est lancé dans plusieurs chantiers verts : un talus parallèle à la rivière qui traverse sa ferme, et la plantation de haies bocagères autour de ses parcelles.

Olivier RENAULT – Agriculteur - Louvigné-de-Bais (35) : «Donc on a refait un chemin le long du ruisseau, le talus pour évier le ruissellement de l’eau. L'idée, c'est de maintenir la terre sur place pour éviter qu'elle s'en aille dans le ruisseau. C'est un intérêt écologique, environnemental.

Étienne GOUËSET - Technicien bocage - Syndicat de bassin versant de la Seiche : Sur un versant qui a des pentes, s'il n'y a pas de talus ça dévale. Ce qui crée après en aval des inondations. Ce talus, il est planté puisque les arbres pompent aussi les excédents d'azote, consomme les sels minéraux, ce qui permet aussi de nettoyer l'eau au passage.

Voix-off : Olivier est même allé plus loin dans sa démarche environnementale : il a planté 600 arbustes dans ses prés, et des dizaines d’arbres, au milieu de ses champs de céréales, sur 13 hectares.

Olivier RENAULT – Agriculteur - Louvigné-de-Bais (35) : L'arbre dans mon système, c’est un moyen pour tempérer les amplitudes thermiques. Ça sert à couper le vent. Ça a créé de l'ombre. Ça amène de la biodiversité.

Voix-off : Conseil, mise en place, travaux, financements : la mission d’Étienne, et de Sandrine, coordinatrice des projets, c’est donc de faire des aménagements bocagers chez les agriculteurs du bassin versant...un programme volontaire auquel ont adhéré Jérôme Laveissière, et son associé. Ils sont producteurs de lait bio, 100 vaches, 92 hectares de terre, et 3 kilomètres de haies plantées depuis un an.

Jérôme LAVEISSIÈRE – Agriculteur - Domalain (53) : Pour les animaux, déjà, pour essayer de leur faire au niveau du parcellaire, de l'ombre, reboiser pour la nature, ça limite l'érosion en même temps, quand il y a de fortes pluies.

Étienne GOUËSET - Technicien bocage - Syndicat de bassin versant de la Seiche : Donc, on a fait des haies plutôt denses, avec plusieurs strates, donc des hauts-jets et du bourrage en taillis, qui fait des haies continues et qui protège bien les animaux et les cultures.

L’objectif

Voix-off : L’accompagnement technique, les travaux de terrassement, les végétaux, ne coûtent rien aux agriculteurs. C’est le programme Breizh bocage. Il est co-financé : par les fonds européens à 60 %, l’agence de l’eau Loire-Bretagne et le syndicat du bassin versant de la Seiche à hauteur de 20 % chacun. Depuis bientôt 10 ans, ici, au Sud Est de Rennes, la reconstruction bocagère est donc devenue une priorité pour restaurer la qualité de l’eau sur ce secteur.

Michel DEMOLDER - Président - Syndicat de bassin versant de la Seiche : On a l'ensemble des masses d'eau qui sont dégradées et en même temps, un cours d'eau re-méandré dans son lit naturel va filtrer dix fois plus l'azote, par exemple. Donc, l'important, c'est de retravailler sur la restauration des milieux aquatiques -cours d'eau, zones humides- et en même temps, retravailler avec les agriculteurs pour tout ce qui va être la réduction des pollutions, notamment l'azote, les pesticides, le phosphore.

Jérôme MARTIN - Chef de service – Espaces ruraux - Agence de l’eau Loire-Bretagne : Un paysage où il y a moins de haies, il retient moins l'eau. Donc, on a des paysages et des territoires qui sont plus sensibles aux changements climatiques et à la sécheresse. Donc la haie a aussi ce rôle-là : retenir l'eau et de ralentir l'eau à l'échelle des territoires.

Bilan & Perspectives

Voix-off : Depuis 2012, sur ce territoire, près de 200 kilomètres de haies ont été replantées. Coût total de l’opération : 883 000 euros.

Sandrine GARNIER – Animatrice – Coordinatrice - Syndicat de bassin versant de la Seiche : C'est un bilan très positif. Aujourd'hui, on a tellement de demandes qu’on a de quoi faire encore pour une année d'avance de programmation. Des agriculteurs qui nous font confiance, ont envie de continuer avec nous pour planter. Donc ça, c'est quand même très encourageant.

Michel DEMOLDER - Président - Syndicat de bassin versant de la Seiche : Rien ne se construit si on travaille en collaboration avec le monde agricole. Et ce qui freine souvent, c'est le temps passé à entretenir le bocage. Donc, il faut qu'il y ait une réflexion sur la valorisation en biomasse du bocage ou du bois d'œuvre. Il faut peut-être recréer aussi des filières de bois d'œuvre qui ont un peu disparu en Bretagne.

Sandrine GARNIER – Animatrice – Coordinatrice - Syndicat de bassin versant de la Seiche : Mais pourquoi pas imaginer qu'à un moment, la haie puisse être rémunérée parce qu'elle rend des services d'intérêt général pour la société?

Olivier RENAULT – Agriculteur - Louvigné-de-Bais (35) : De plus en plus de gens viennent me voir. Ce système-là, c'est l'avenir. Il faut planter, planter, planter pour les animaux, pour les végétaux, pour l'eau, pour tout le monde.

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