Restauration de l'Ouin et des zones humides à la Petite-Boissière
Sur la commune de la Petite-Boissière dans les Deux-Sèvres, l’EPTB Sèvre nantaise a engagé des travaux sur le cours d’eau de l’Ouin pour restaurer les zones humides et retrouver sa biodiversité. Cette opération est lauréate des Trophées de l’eau 2023 avec la mention spéciale « Changement climatique ».
Dans les années 1980 - 1990, la réalisation de travaux de recalibrage et de rectification du lit impactent l'Ouin et son bassin versant. Le cours d’eau perd alors ses capacités à régénérer son écoulement naturel et ses habitats aquatiques. Ses débordements sont moins fréquents, ce qui limitent l'alimentation en eau des zones humides et les interactions avec le lit majeur. La qualité des eaux se dégrade. La qualité et la diversité des habitats terrestres et aquatiques s’appauvrissent.
Restaurer la dynamique naturelle du cours d’eau et valoriser le potentiel écologique des zones humides
L'Établissement Public du Bassin de la Sèvre Nantaise (EPTB Sèvre nantaise) entreprend des travaux pour restaurer le gabarit naturel du cours d’eau pour favoriser le débordement dans les zones humides annexes. La végétation au bord des cours d'eau (ripisylve) est restaurée, et des haies bocagères sont plantées.
Le programme de travaux ambitieux explore la quasi-totalité des compartiments de l’hydrosystème : ripisylve, zones humides, mares, lit mineur…Pour favoriser les échanges entre le lit mineur et les zones humides du lit majeur, le cours de l’Ouin est réduit et le cours d’eau de la Prée a vu son tracé entièrement repris sur sa partie terminale.
Restauration de l'Ouin et de ses zones humides à la Petite-Boissière
Vidéo - Restauration de l'Ouin et de ses zones humides à la Petite-Boissière
Transcription textuelle de la vidéo
octobre 2023
© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne
650 mètres de cours d’eau améliorés et plusieurs hectares de zones humides aménagées
Sur l’Ouin, le lit est réhaussé par recharge alluvionnaire, des banquettes-peignes sont créées pour ressérer le lit. La sinuosité du profil est accentué.
Sur les ruisseaux de la Prée et de Forgineau, un obstacle est effacé pour rétablir la continuité écologique, la sinuosité des lits et des profils sont accentués, des noues de débordements pour alimenter les zones humides attenantes sont créées.
Pour favoriser la biodiversité, sur deux zones humides de 500 m2 et 670 m2, une roselière d'eau douce (phragmitaie) et un boisement humide sont mis en place, ainsi que quatre mares et un gîte à chiroptères (espèces de chauves-souris). Des abreuvoirs et quatre gués empierrés sont mis en place, des clôtures sont aménagées.
Les déblais sont utilisés pour constituer une aire d’accueil du public, en dehors de la zone inondable.
Ces zones de têtes de bassin versant deviennent ainsi hydrologiquement plus fonctionnelles et permettent une meilleure résilience face au dérèglement climatique.
Muriel Ribeyrolles
© uneimageapart.com
Muriel Ribeyrolles à l’EPTB Sèvre nantaise :
« Les interventions sur lit mineur et sur lit majeur s'inscrivent dans une conception globale. Ce projet démontre qu'ambition écologique et usages agricoles sont compatibles et cohabitent. Nous avons mise en oeuvre des principes d'économie circulaire : banquettes-peignes réalisées à partir des rémanents issus du traitement de la ripisylve, aire d'accueil créée avec les excédents du chantier (déblais), substrat naturel repris pour ré-ensemencer les secteurs restaurés.»
Cette action s’inscrit dans le contrat territorial eau 2021 - 2023 pour un montant d’environ 110 000 euros. Avec l’aide financière de l’agence de l’eau Loire-Bretagne à hauteur de 50 %.
Les travaux réalisés sur ces parcelles agricoles de 12 hectares améliorent le fonctionnement hydro-écologique du site tout en préservant les usages de pâturage.
Propriétaires et exploitants, acteurs dans la démarche
Anthony Thomas
© uneimageapart.com
Anthony Thomas, chargé de mission milieux aquatiques à l'EPTB Sèvre nantaise :
« La concertation et des temps d'échange avec les propriétaires et les exploitants ont permis une construction optimale du projet et son acceptation, tenant à la fois d'un fort niveau d'ambition écologique et d'une prise en compte entière des usages agricoles (pas de contraintes pour les exploitations, voire des pratiques). »
Le site réaménagé est inauguré en septembre 2022 en présence notamment des riverains, propriétaires, exploitants, et des membres du commission locale de l’eau.
Une action d’ampleur qui favorisera la résilience des milieux face au changement climatique
Les premiers signes positifs apparaissent. On observe des mares en eau et les banquettes se végétalisent spontanément. 130 espèces végétales sont recensées dont 8 sont identifiées dans l’inventaire ZNIEFF - zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique.
La présence du campagnol amphibie dans les ruisseaux et de la loutre dans l’Ouin marquent le retour de la biodiversité.
Les épisodes pluviométriques de l’hiver 2022-2023 montrent qu’en cas de montée du débit, les connexions entre le lit mineur et lit majeur fonctionnent. Les zones humides sont alimentées par les noues de débordement.
Nathalie Fricaud
© JL Aubert - AELB
Nathalie Fricaud, chargée d’études à la délégation Maine-Loire Océan - site de Nantes :
« C’est un projet très intégré qui allie la restauration de la qualité et la quantité de l’eau, tout en développant la biodiversité attenante et en maintenant les usages agricoles en place.»
Les travaux se poursuivent en 2024-2026
Un plan de gestion du site est envisagé courant 2023. Dans le cadre du programme 2024-2026, la poursuite des travaux de restauration de l'Ouin et de son bassin versant est prévue sur le secteur aval immédiat sur deux kilomètres, avec une approche complémentaire « gestion dynamique des crues ».
Sur le site, le travail de sensibilisation à l'environnement continue avec l’accueil de scolaires, d’élus, d’agriculteurs sur le site.