Restauration de l'Ouin dans la traversée de Mauléon
Dans la traversée de la ville de Mauléon dans les Deux-Sèvres, l’Ouin retrouve un cours plus naturel grâce au partenariat grâce au syndicat intercommunal à vocation multiple - Sivom de Mauléon, aujourd'hui dissous et dont les missions ont été reprises par l’établissement public territorial de bassin de la Sèvre nantaise (EPTB). Petite histoire du passage de travaux de restauration de rivière à un projet de territoire…
Avec un bassin versant de 100 km² pour un linéaire de plus de 30 kilomètres, l'Ouin est l'un des principaux affluents de la Sèvre nantaise.
Vers un fonctionnement plus naturel de l’Ouin
Lors des travaux de recalibrage de l’Ouin dans les années 1980, trois clapets hydrauliques ont été installés dans la commune de Mauléon. Ces ouvrages ont altéré le fonctionnement du cours d'eau et banalisé le paysage. La rivière était canalisée entre des murs et avait tendance à s’envaser. Les poissons ne pouvaient plus circuler à cause des clapets, et les berges rectilignes ne leurs offraient pas de lieux pour se reproduire.
Pour retrouver une rivière en bonne santé, des travaux sont réalisés en 2013. Les objectifs sont de :
- restaurer la continuité écologique sur plus de 3 kilomètres de cours d’eau,
- redonner une forme et un caractère plus naturel à la rivière, dans un secteur remblayé et encadré de murs,
- valoriser et ouvrir au public, un ensemble de milieux humides remarquables - résurgences, prairies humides et aulnaie tourbeuse sur 3 hectares.
Continuité écologique : c’est la libre circulation des espèces animales et des matériaux solides (sédiments, graviers) transportés naturellement par la rivière.
Une étude réalisée en concertation élargie avec le comité de pilotage associe l’ensemble des acteurs locaux. Elle mesure la faisabilité technique, économique et sociale du projet et définit le programme de travaux :
- démantèlement de 3 clapets automatiques - le clapet de la Mignauderie, le clapet de Vincennes et le clapet de Saint-Jouin - et aménagement ou suppression de l’ensemble des seuils transversaux,
- reprofilage de berges et création de banquettes de plantes hélophytes, de déflecteurs bois,
- recharge en granulats et pose d’enrochements pour diversifier les habitats aquatiques,
- ouverture du lit majeur au droit du lycée Val de l’Ouin pour restaurer un écoulement libre de la rivière,
- aménagement des exutoires pluviaux,
- fourniture et pose de clôtures,
- création d’un cheminement piéton et habillage bois d’une passerelle, pour rendre la rivière accessible aux habitants et promeneurs.
Le coût total du projet est de 240 000 euros. Le projet bénéficie d’une aide de 50 % de l’agence de l’eau Loire-Bretagne, d’une aide de 20 % par la région Poitou-Charentes, et d’une aide à hauteur de 10 % du département des Deux-Sèvres.
Pour une meilleure qualité de la rivière et de ses abords « Vive L’Ouin »
L’aménagement de 3 kilomètres de rivière, en milieu urbain, n’a pas été sans provoquer quelques remous avec en 2009 la signature d’une pétition contre le projet. Situé dans le périmètre des monuments historiques de Mauléon, il devait aussi tenir compte des prescriptions de l’architecte des bâtiments de France.
C’est pourquoi, un important dispositif de communication « Vive L’Ouin » est déployé pour informer et sensibiliser les acteurs locaux et les riverains sur la restauration de l’Ouin. Des supports de communication multiples sont distribués aux riverains de Mauléon pour expliquer le pourquoi et l’intérêt des travaux. Avant les travaux, les clapets sont abaissés pour permettre aux habitants de se familiariser avec un niveau d’eau plus bas.
Grâce à l’implication des élus, les travaux de restauration de l’Ouin sont acceptés par les habitants. Une nécessité pour retrouver une rivière vivante et montrer l’intérêt des interventions sur la forme de la rivière (sa morphologie) pour parvenir au bon état des eaux.
Eric Levesque
© JL Aubert, aelb
« Outre l'intérêt technique de l'opération, qui a permis de restaurer la forme du cours d'eau, il faut noter la grande ouverture dans laquelle s'est déroulée la concertation menée par les élus et par les techniciens. Les échanges et les rencontres des usagers et des riverains, à toutes les phases d'étude et de réalisation, ont abouti à la réalisation de ces travaux dans un climat très serein, ce qui compte dans l'appréciation de la réussite du projet.»
Eric Levesque, chargé d’intervention à la délégation Poitou-Limousin de l’agence de l’eau Loire-Bretagne
L’Ouin retrouve son équilibre naturel et devient un site vitrine
Les résultats du suivi montrent une progression de la reproduction piscicole, et l'apparition du Vairon et du Chabot, poissons s’adaptant à un habitat d’eau courante. Les plantes aquatiques présentes sont plus nombreuses. Elles indiquent que le cours d'eau a retrouvé son équilibre et témoignent d'une meilleure qualité de l'eau et du substrat.
Les suivis de la faune et de la flore, et la réalisation de mesures de bio-indicateurs permettent de confirmer l’amélioration globale de la qualité de l’eau et de la rivière.
Ce site, aujourd’hui considéré comme un site vitrine, fait l'objet de nombreuses visites de techniciens et d’élus. Des panneaux d'information sont installés pour partager l'intérêt de cette opération et sensibiliser le public.
Jean-Paul Bregeon
© EPTB Sèvre nantaise
« Le résultat encourageant de cette opération montre qu’il est possible de mener un projet ambitieux dans un secteur contraint et répondant aux attentes des riverains. L'appui d'une campagne de communication et l'implication des élus locaux ont été primordiaux. Le caractère transversal de l'opération est à souligner car partant d'un objectif de restauration de cours d'eau ce véritable projet de territoire a permis de refaçonner le paysage et renforcer l'attrait du cadre de vie mauléonnais tout en valorisant l'accès au fond de vallée à la population. »
Jean-Paul Bregeon, président de l'EPTB de la Sèvre nantaise
© en attente
L’établissement public territorial de bassin de la Sèvre nantaise est un syndicat mixte dont le bassin versant de 2 350 km² intercepte 123 communes et 4 départements. L'EPTB est chargé de fédérer les acteurs, lutter contre les pollutions, entretenir et restaurer les milieux aquatiques et humides, prévenir les inondations, valoriser le patrimoine, informer, sensibiliser et communiquer.