Restauration de la continuité écologique de la Creuse

La Creuse est l’un des rares cours d’eau en France où tous les poissons migrateurs, à part l’esturgeon, viennent se reproduire. Dans le bassin aval de la Creuse, pour préserver les espèces, la biodiversité et la qualité exceptionnelle de l’eau, des chantiers sont lancés pour araser, aménager les seuils et rétablir la continuité écologique.

Arasement de seuil à Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)

À Yzeures-sur-Creuse Pascal Gabrot, en achetant son moulin, est également devenu propriétaire du seuil. Ce particulier, amoureux du patrimoine, a donc choisi de faire aménager le seuil, l’abaisser, créer une brèche plus grande, pour éliminer tous les obstacles à la circulation des poissons migrateurs, et au transfert des sédiments.

Aménagement de deux passes à poissons à Fontgombault (Indre)

Au coeur du Berry, le seuil de l’abbaye de Fontgombault a été construit au 12e siècle. Et le moulin du 18e produit toujours de l’énergie renouvelable.
Pour concilier l’usage économique de production hydroélectrique du moulin et la migration des poissons, un chantier innovant a été lancé, la construction de 2 passes à poissons.

Restauration de la continuité écologique de la rivière Creuse à Yzeures-sur-Creuse et à Fontgombault

Vidéo - Restauration de la continuité écologique de la rivière Creuse à Yzeures-sur-Creuse et à Fontgombault

février 2023

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Restauration de la continuité écologique de la Creuse - Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire) et Fontgombault (Indre)

Voix-off
La Creuse, plus de 260 kilomètres de long, traverse 80 communes et 4 départements : la Vienne, l’Indre et Loire, l’Indre, et la Creuse.
C’est l’un des rares cours d’eau en France, où tous les poissons migrateurs - à part l’esturgeon - viennent se reproduire : le grand saumon atlantique, l’alose, la lamproie marine, l’anguille.
Dans ce bassin aval de la Creuse, pour préserver les espèces, la biodiversité et la qualité exceptionnelle de l’eau, des chantiers sont donc lancés pour araser, aménager les seuils, et rétablir la continuité écologique.

David BRUNET, chargé d'interventions spécialisé - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« La Creuse est un cours d'eau remarquable, mais sur des conditions hydrauliques de plus en plus difficiles avec le réchauffement climatique, avec des débits faibles, il faut aider le poisson à monter le plus rapidement possible vers les zones des frayères, leurs zones de reproduction et à rester le moins possible bloqué derrière les seuils.
Et donc il va falloir travailler sur des aménagements, sur des arasements pour qu'on ait quelque chose de totalement efficace à l'échelle de l'axe. »

Arasement de seuil - Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)

Voix-off
À Yzeures-sur-Creuse, en Indre et Loire, Pascal Gabrot, en achetant son moulin, est également devenu propriétaire du seuil. Construit en 1855, le seuil, 75 mètres de large, n'a plus d'usage aujourd'hui, mais il a permis pendant des années de rehausser la lame d'eau et d'alimenter le moulin, une chute d’eau a bouleversé l’environnement, et est devenue infranchissable pour certains poissons.

Pascal GABROT, propriétaire du moulin et de la digue - Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)
« On voit bien depuis quelques années, ça fait à peu près quatorze ans qu'on est ici, l'ensablement qui s'est fait sur les berges, la disparition de certaines espèces végétales et animales. »

Voix-off
Ce particulier, amoureux du patrimoine, a donc choisi de faire aménager le seuil, l’abaisser, créer une brèche plus grande, pour éliminer tous les obstacles à la circulation des poissons migrateurs, au transfert des sédiments.

David BRUNET, chargé d'interventions spécialisé - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Donc on va travailler sur un aménagement qui est le plus efficient possible avec un arasement du seuil. »

Christelle SOULAS, responsable Génie Écologique - NCA environnement
« Techniquement, on va avoir des contraintes en termes d'accès, d'hydrologie, il faut qu'on intervienne quand les niveaux d'eau sont les plus bas. On va avoir des contraintes écologiques aussi. On a des espèces présentes sur le secteur qui peuvent être sensibles à la turbidité de l'eau. Donc, il ne faut pas que nos travaux génèrent trop de matières en suspension et de turbidité et qu'on vienne abîmer le milieu environnant. »

Voix-off
Coût total du chantier : 200 000 euros, financés à 75 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne, 25 % par la Région Centre-Val de Loire.

Pascal GABROT, propriétaire du moulin et de la digue - Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)
« Les deux m'ont permis de voir le niveau de subvention suffisant pour pouvoir concrétiser financièrement ce projet qui n'était pas envisageable sans leur aide.
Tout ce qu'on peut découvrir en restructurant des ouvrages comme celui-ci demande quand même un haut niveau de technicité. Et il faut vraiment s'entourer de gens compétents pour mener à bien ce type de projet. »

Aménagement de deux passes à poissons - Seuil de l’abbaye de Fontgombault (Indre)

Voix-off
À 15 kilomètres en aval, au cœur du Berry, l’abbaye de Fontgombault, dans l’Indre.
Le seuil, a été construit au 12eme siècle. Et le moulin du 18eme produit toujours de l’énergie renouvelable.
Alors, pour concilier l’usage économique de production hydroélectrique du moulin, et la migration des poissons, un chantier innovant a été lancé, la construction de 2 passes à poissons.
Première étape du chantier, avec 4 000 tonnes de roches et 24 buses, une piste provisoire est construite pour traverser la rivière. Puis le seuil est aménagé, six mois de travaux pour réaliser une passe à poissons, sur chaque rive.

David BRUNET, chargé d'interventions spécialisé - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Une passe à poissons grand débit rive gauche qui permettra, sur des débits importants, de faire passer les poissons. Et lorsqu'on aura des débits un peu plus faibles, ce sera la passe technique à côté de l'usine hydroélectrique, qui sera le principal attrait pour les poissons.
Une passe technique qui permet de rattraper la chute d'eau qui était celle de la chute du seuil, de la décomposer en mini-bassins qui permet aux poissons de passer ces mini-chutes. »

Voix-off
Le coût des travaux, pour le seul aménagement des passes à poissons : 600 000 euros, financés à 50 % par l’agence de l’eau Loire-Bretagne.

Frère Pierre-Antoine HENAUX, responsable énergie - Abbaye de Fontgombault (Indre)
« Ça représente un gros investissement qu'on n'aurait sans doute pas pu entreprendre, justement, si on n'avait pas été sûr du soutien de l'agence de l'eau. »

Le bilan

Voix-off
À Yzeures-sur-Creuse, six mois après la fin du chantier, la rivière a retrouvé son écoulement habituel et historique.

Pascal GABROT, propriétaire du moulin et de la digue - Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)
« Donc on a de la végétation un peu spécifique qui a repris possession des lieux. »

David BRUNET, chargé d'interventions spécialisé - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« On voit la renoncule réapparaître, qui est une plante aquatique protégée et signe également d'une bonne qualité d'eau. C'est un chantier totalement exemplaire parce qu'on a atteint l'ensemble des objectifs. »

Pascal GABROT, propriétaire du moulin et de la digue - Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)
« J'avais vraiment le souhait de garder de l'eau dans mon bief pour pouvoir aménager plus tard une roue patrimoniale. Cet objectif est atteint au plus bas de la période d'été, il y a toujours eu de l'eau dans le bief, les passes qui avaient été aménagés pour les pêcheurs sont régulièrement occupées et je les vois prendre du poisson. Et ensuite, les kayakistes passent sans aucun problème avec la brèche qui s'élargit. »

Voix-off
À Fontgombault, les passes sont opérationnelles, la Creuse a retrouvé son lit naturel.

David BRUNET, chargé d'interventions spécialisé - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Aujourd'hui, les objectifs qui étaient de restaurer la qualité écologique ont été atteints avec deux équipements qui sont totalement fonctionnels. Ça s'est parfait. Ce qui rend aussi un peu exceptionnel ce chantier, c'est qu'on on arrive à démontrer que l'on peut concilier à la fois des enjeux environnementaux et des enjeux de patrimoine. »

Voix-off
Désormais, sur le bassin aval de la Creuse 4 seuils ont été arasés, ou équipés pour diversifier les écoulements, restaurer les habitats et les frayères, diminuer les effets bassines qui réchauffent l’eau.

Frère Pierre-Antoine HENAUX, responsable énergie - Abbaye de Fontgombault (Indre)
« C'est quand même une bonne chose pour nous de pouvoir participer à cet effort. »

Pascal GABROT, propriétaire du moulin et de la digue - Yzeures-sur-Creuse (Indre-et-Loire)
« On apprécie vraiment de pouvoir contribuer à remettre cette rivière dans son état initial. »

Christelle SOULAS, responsable Génie Écologique - NCA environnement
« On est content d'améliorer les choses. C'est le genre de chantier qui éclaire l'année en fait. »

David BRUNET, chargé d'interventions spécialisé - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Tout l'intérêt des deux projets, c'est de s'intégrer dans une opération plus globale, sur un axe aussi majeur que la Creuse. Et lorsque l'ensemble de ces ouvrages auront été traités, on aura retrouvé une continuité parfaite qui permettra de préserver la biodiversité et la qualité de l'eau. »

Voix-off
Une quinzaine de seuils reste à aménager, pour rétablir durablement le cycle de vie des espèces, et améliorer encore la qualité de l’eau.

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