Le Lignon retrouvé
Le syndicat intercommunal d’aménagement de la Loire et de ses affluents restaure la rivière « le Lignon du Velay » en effaçant le plan d’eau de Fay-sur-Lignon en Haute-Loire. Il cède sa place à une zone humide. Objectif : redonner un tracé naturel au Lignon et valoriser le site.
La Haute Vallée du Lignon est situé au cœur d’un site Natura 2000 car il possède un patrimoine naturel remarquable avec la présence de plusieurs espèces protégées comme la Moule perlière, l'Écrevisse à pattes blanches, la Loutre et le Castor d'Europe. A Fay-sur-Lignon, en Haute-Loire, la création d’un plan d’eau artificiel à vocation touristique perturbe le fonctionnement naturel de la rivière. La dégradation de la qualité de l'eau a par la suite limité l’attrait du plan d’eau.
Le syndicat intercommunal d’aménagement de la Loire et ses affluents, le Sicala, devenu depuis Epage Loire-Lignon, engage une opération de réhabilitation du Lignon dans le cadre d’un contrat territorial du Haut-Lignon signé avec l’agence de l’eau Loire-Bretagne. La dynamique de projet engagée mobilise de nombreux partenaires aux côtés du maire dans un objectif commun : restaurer le Lignon tout en conservant la vocation touristique du site.
Le Lignon, un cours d’eau détourné de son tracé naturel
Le plan d'eau à vocation touristique, créé en 1973, sur une ancienne zone humide, barre le cours du Lignon du Velay. En septembre 1980, une crue centennale détruit la digue et inonde les villages en aval. En 1983 un plan d’eau plus petit (3,3 hectares au lieu des 5,5 ha d’origine) est reconstruit et le cours du Lignon mis en dérivation pour prévenir le risque d’une nouvelle rupture. Ce déplacement du Lignon, son recalibrage et la présence du plan d'eau entraînent plusieurs perturbations sur les milieux : déséquilibre morphodynamique et sédimentaire, perturbation de la continuité écologique, dégradation de la qualité de l’eau, envasement du plan d’eau, etc.
Supprimer le plan d’eau a pour objectif de retrouver la fonctionnalité et la dynamique naturelle du Lignon et de restaurer l'écosystème dans son ensemble : qualité de l'eau, continuité écologique, espace de liberté, milieux annexes, biodiversité avec comme espèce cibles le Castor d’Europe (étude de Victor Bovy, étudiant en école d’ingénieur de l’HEPIA de Génève, filière Gestion de la Nature). Les travaux permettent aussi de revaloriser le potentiel touristique du site "au naturel", répondant ainsi aux préoccupations de la commune de Fay-sur-Lignon.
Supprimer le plan d’eau et redonner un caractère naturel au site
Les travaux sont conduits dans une logique de renaturation fidèle au modèle naturel.
La vidange du plan d'eau, suivi d’un an et demi sans intervention, permet de sécher et d’évacuer les vases accumulées. Puis, les digues sont supprimées et toute la zone remodelée pour rediriger le Lignon vers son lit historique. Les obstacles à la circulation piscicole sont supprimés.
Le lit mineur et des berges sont stabilisés par des techniques de génie végétal. Une zone humide d’1,5 ha est restaurée et une prairie naturelle ensemencée à partir de fleurs de foin récoltées à proximité. Les aménagements en génie végétal et les plantations sont faites par les équipes d'insertion du Sicala.
Le coût total des travaux est de 338 000 euros dont 30 000 pour les études préalables. Ces travaux conduits dans une logique de renaturation fidèle au modèle naturel sont financés par :
- la région Auvergne Rhône-Alpes,
- la direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement - Dreal Auvergne Rhône-Alpes,
- le fonds européen agricole pour le développement rural, FEADER,
- le conseil départemental de Haute-Loire,
- Saint-Etienne Métropole
- la fédération de pêche de Haute-Loire
- la mairie de Fay-sur-Lignon
- l’agence de l’eau Loire-Bretagne
- les collectivités territoriales locales
Kilpéric Louche
© K.Louche, Sicala
« La dynamique de projet et la confiance qui s’est instaurée entre la commune et les partenaires financiers ont été de véritables leviers pour l’émergence de ce projet. L’approche pluridisciplinaire et la motivation de nos partenaires techniques, tant sur les diagnostics que les suivis naturalistes, ont permis d’affiner les solutions techniques, limiter les coûts et améliorer la qualité de cette belle réalisation de génie écologique ! »
Kilpéric Louche, technicien de rivière au syndicat intercommunal d’aménagement de la Loire et de ses affluents
La nature reprend ses droits
Les traces et impacts du plan d'eau sont complètement effacés et le site retrouve un fonctionnement naturel et des capacités d'accueil de la faune et de la flore. Six mois après le déplacement du Lignon les espèces piscicoles qui le peuplent sont revenues et 9 frayères de truites se sont installées sur 550 mètres de la rivière entièrement renaturés. Les milieux humides et annexes créés dans l'espace du plan d'eau accueillent déjà de nombreuses espèces : 6 espèces de batraciens, 16 espèces d'oiseaux, 50 espèces d'insectes, 6 espèces de reptiles. Tous ces milieux sont mis en connexion avec le Lignon, par un réseau de corridors et refuges écologiques (haies, ripsylve, mares, bosquets, tas de branche et de blocs etc.)
Le site ré-ouvre au public
Une manifestation estivale est organisée sur le site pour permettre au public de découvrir la rivière et son environnement. Cette action sera poursuivie pour faire vivre le site et faciliter son appropriation par la population, dans le respect des milieux et de la biodiversité.
La mairie envisage d'aménager un espace récréatif orienté écotourisme : promenade, caillebotis, observatoire de la faune, ponton handi-pêche, abris visiteurs pour un montant de 90 000 euros.
Un film documentaire de 14 minutes intitulé « Le Lignon retrouvé » montre les travaux effectués et retrace l’histoire de ce projet. Un projet qui peut servir d'exemple pour encourager d'autres collectivités à s’engager dans des démarches de développement durable.
François Penaud
© JL Aubert, Aelb
« Le travail pour restaurer les fonctionnalités du milieu, l’approche systémique du projet, l’attention particulière portée à l’origine du matériel végétal utilisé, la mobilisation d'acteurs dans le cadre de démarches complémentaires (contrat territorial, Natura 2000) et la forte dimension pédagogique et démonstratrice confèrent à cette action un caractère exemplaire. »
François Penaud, chargé d’intervention à la délégation Allier-Loire amont de l’agence de l’eau Loire-Bretagne