La métropole de Brest infiltre les eaux pluviales

Face à un réseau d'eaux pluviales saturé lors de grandes pluies, Brest Métropole teste la solution de l'infiltration des eaux pluviales directement dans le sol, là où elle tombe. 12 sites du territoire sont concernés : espaces verts, culture, voirie, cours d’école. Cette démarche est lauréate des trophées de l'eau 2023.

Le réseau d’assainissement de la ville de Brest réunit l’écoulement des eaux usées et des eaux de pluie vers la station d’épuration. La forte proportion d'eaux de pluie surchargent ces réseaux dits « unitaires ». Ces eaux pluviales viennent perturbées la capacité d’épuration de la station, créant ainsi des déversements d’eaux usées dans le fleuve Penfeld, puis dans la Rade de Brest.

Un programme d’actions pour déconnecter les eaux pluviales du réseau unitaire

Pour réduire ces déversements, Brest Métropole élabore un programme d’action en partenariat avec le concessionnaire Eau du Ponant. Le plan d'action est adopté fin 2021.

Objectif :

  • réduire l’impact des eaux pluviales sur le littoral en les gérant à la source,
  • réduire à moins de 5 % par an les volumes d’eau rejetés dans le milieu naturel, et principalement dans la rade de Brest, sans traitement.

Le coût des travaux s'élève à 25 millions d’euros.

Brest métropole - Élaboration et mise en œuvre de la déconnexion des eaux pluviales

Vidéo - Brest métropole - Élaboration et mise en œuvre de la déconnexion des eaux pluviales

novembre 2023

© Une Image à part - Agence de l'eau Loire-Bretagne

Brest Métropole, pour l’élaboration et la mise en œuvre de la déconnexion des eaux pluviales des réseaux unitaires à Brest (Finistère)

Voix-off :
Dans la rade de Brest, plus de 1 000 espèces sont répertoriées sur 180 kilomètres carrés. Une biodiversité exceptionnelle et fragile, menacée par l'activité des bassins versants urbains et agricoles qui l'entourent.

Nicolas Floch, Responsable eaux pluviales - Brest Métropole
« La rade, c'est un des écosystèmes les plus riches d'Europe. Donc du coup, c'est quelque chose qu'il est nécessaire de préserver. »

Voix-off :
La métropole de Brest, 8 communes, 210 000 habitants, est très urbanisée. Son réseau d'assainissement est unitaire : un seul réseau donc, pour les eaux usées et les eaux pluviales. Alors, en cas de fortes pluies, les eaux pluviales viennent saturer le système d'assainissement.

Virginie Parot, Chargée d'interventions collectivités - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Plus il y a d'eaux pluviales qui rentrent dans le réseau et plus ça déborde, en emmenant des eaux usées, qui donc vont se retrouver dans la rade de Brest et donc polluer le milieu marin qui n'est pas fait pour récupérer des eaux usées brutes. »

Jean-François Menez, Directeur technique et du développement - Eau du Ponant
« Notre objectif, c'est justement de limiter ces déversements pour protéger à la fois le fleuve côtier qu'est la Penfeld et la rade qui en est l'exutoire. »

Les actions

Voix-off :
Depuis juillet 2015 et des contraintes réglementaires de conformité de l'assainissement, études et projets ont donc été lancés. Premier axe : la déconnexion pour réduire à la source le ruissellement pluvial. Exemple dans cette école, dans la cour, des espaces verts et massifs drainants ont été créés, le parking rénové.

Amélie Saint-Germain, Chargée de la déconnexion des eaux pluviales - Brest Métropole
« L’objectif c'est de laisser l'eau s'infiltrer au plus près de là où elle tombe. L’eau est collectée par les gouttières et nous par un système de réseau, on a emmené les gouttières dans le massif qui est sous le revêtement perméable du parking. C'est du caillou qui permet de stocker l'eau le temps qu'elle s'infiltre tranquillement dans le sol. »

Voix-off :
Écoles, parkings, espaces verts, piscine, les chantiers de déconnexion se multiplient. Cette place a été complètement réaménagée, un chantier exemplaire.

Virginie Parot, Chargée d'interventions collectivités - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« On récupère les eaux pluviales des rues adjacentes pour qu'elles n’aillent pas dans le réseau unitaire et qu'elles soient gérées dans un ouvrage enterré sous la place. Et à la fois, les eaux qui ruissellent sur la place sont gérées à ciel ouvert, dans des noues, donc dans des espaces végétalisés. »

Nicolas Floch, Responsable eaux pluviales - Brest Métropole
« L'action qu'on va avoir sur la gestion des eaux de pluie va rendre l'eau disponible pour la végétation. On va aussi s'adapter au changement climatique puisque toute cette eau qui ne va pas ruisseler va permettre aux canalisations existantes de faire face à des événements pluvieux potentiellement plus intenses. »

Voix-off :
Enfin, dans cette rue, grâce aux noues et à l'inclinaison de la rue et du trottoir, les eaux de pluie s'infiltrent désormais sur 3 750 mètres carrés.

Amélie Saint-Germain, Chargée de la déconnexion des eaux pluviales - Brest Métropole
« C'est un projet qui entraîne une revégétalisation, une renaturation donc on remet du vert sur cet axe-là, ce qui va dans le bon sens pour l'adaptation au changement climatique. »

Voix-off :
Parallèlement à ce plan de déconnexion, 8 bassins tampons vont être construits.

Nicolas FLOCH, Responsable Eaux pluviales - Brest Métropole
« On a un bassin enterré qui va gérer toutes les petites pluies, une soupape pour stocker les eaux et protéger d’événements pluvieux qui pourraient être plus intenses à l'avenir. »  

Le bilan

Voix-off :
À Brest, 25 millions d'euros vont être investis ces dix prochaines années pour la déconnexion.
50 % de ces investissements peuvent être financés par l'agence de l'eau Loire-Bretagne.

Virginie PAROT, Chargé d'interventions collectivités - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« L’agence de l'eau a accompagné l'étude de déconnexion et on accompagne les projets à la fois sur la partie études préalables et sur la partie maîtrise d'œuvre travaux. »

Nicolas FLOCH, Responsable Eaux pluviales - Brest Métropole
« C’est vrai que le soutien financier de l'agence de l'eau est très important sur ces actions. Toute la réflexion stratégique sur la mise en conformité du système d'assainissement, a été possible parce qu'on avait un portage agence fort qui nous a complètement soutenus dans cette direction. »

François Cuillandre, Président - Brest Métropole
« En limitant les rejets d'eaux usées dans le milieu naturel, nous agissons de manière immédiate et concrète. Préserver le milieu naturel et prévenir les risques d'inondation, ce sont les deux grands objectifs que nous poursuivons avec notre politique de gestion durable des eaux pluviales. »

Nicolas Floch, Responsable Eaux pluviales - Brest Métropole
« C'est une évidence que ça va dans le bon sens. Globalement, on sent un élan au niveau français qui est assez impressionnant depuis, je dirais, cinq ans. »

Virginie Parot, Chargée d'interventions collectivités - Agence de l'eau Loire-Bretagne
« L'objectif de ce type de projet, c'est la reconquête de la qualité de l'eau à Brest et puis on souhaite que ça se démultiplie dans le Finistère, en Bretagne, sur le bassin Loire-Bretagne. »

François Cuillandre, Président - Brest Métropole
« L'eau est un bien commun, rare et précieux. Il est urgent d'agir. »

Voix-off :
L'objectif pour la métropole de Brest, c'est de déconnecter en dix ans 150 hectares de surface active, soit 10 % de la zone unitaire, pour faire face à l'évolution climatique et protéger ce milieu naturel exceptionnel.

Le parc inondable de Kertatupage, premier bassin de rétention. Huit autres bassins à venir...

Dans une cours d'école des espaces verts et massifs draînants ont été créés

Espace verts et massifs draînants dans une cours d'école

© uneimageapart.com

Le parc inondable de Kertatupage est le premier bassin de rétention des eaux de pluie. Il a montré son efficacité en automne où il a absorbé les pluies abondantes, sans que l'eau ne déborde.

Huit autres bassins sont programmés dans les années à venir. 150 hectares de surfaces imperméabilisées vont aussi être déconnectés du réseau d’eau, pour laisser les sols recharger leurs nappes.

Le travail a aussi démarré dans des cours d’école, où la terre et la verdure ont repris leurs droits sur le bitume. Une façon, aussi, de reconnecter les enfants de la ville avec la nature !

Gérer les eaux pluviales répond aux enjeux de la qualité de l’eau et du changement climatique

La Métropole doit faire face à deux défis à laquelle la gestion intégrée et durable des eaux pluviales permet de répondre :

  • la réduction de la pollution des eaux superficielles, abordée au travers de l'enjeu règlementaire de la mise en conformité du système d'assainissement, et l'enjeu de la reconquête de la qualité des eaux de la Penfeld, identifiée comme espace stratégique de réinvention de la ville.
  • l’adaptation au changement climatique : les premiers signes du changement climatique se traduisent notamment par une augmentation de la fréquence des épisodes pluvieux intenses. La réduction du ruissellement contribue à réduire le risque d'inondation et son impact sur les activités quotidiennes.

Accompagner les habitants de Brest sur la gestion des eaux de pluie

La moitié des eaux de ruissellement venant d’espaces privés, la Métropole sensibilise les habitants. Elle réalise une vidéo et un livret proposant des solutions pour agir collectivement. Depuis 2020, elle peut fournir des récupérateurs d'eaux de pluie aux particuliers. Le particulier signe en contrepartie une charte où il s'engage à infiltrer l'excédent de la cuve sur son terrain.

Parallèlement, la ville de Brest se dote d’un outil numérique et interactif pour mener des actions de sensibilisation sur la problématique de gestion des eaux pluviales.

La ville travaille conjointement avec des associations locales pour la diffusion de bonnes pratiques lors d’animations comme la fête de la science ou les journées mondiales de l'eau.

Métropole depuis le 1er janvier 2015, Brest Métropole regroupe huit communes pour une population d’environ 210 000 habitants. Elle s’étend sur un territoire de 220 km². En 2018, Brest Métropole a adopté un schéma directeur de gestion des eaux pluviales et exerce la compétence « gestion des eaux pluviales urbaines ».

La gestion des eaux pluviales c'est l'affaire de tous

Vidéo - La gestion des eaux pluviales c'est l'affaire de tous

Vidéo réalisée par Brest Métropole : La gestion des eaux pluviales sur le territoire de Brest métropole. Comprendre comment ça marche et découverte de conseils simples à mettre en œuvre par tous pour diminuer les risques d’inondation et de pollution.

© Brest Métropole

Chaque année, sur le territoire de la métropole, les orages et les fortes pluies répétées peuvent entraîner des inondations par ruissellement. À Brest comme ailleurs, l'imperméabilisation des sols et le changement climatique semble se conjuguer et influence la fréquence de ces phénomènes. Engorger, les réseaux d’eaux pluviales ne peuvent pas faire face aux intempéries de fortes intensités. Inondations des espaces publics, des pas-de-porte, des caves, débordement des fossés… Le cycle naturel de l'eau est perturbé. Les risques de pollution s'accentuent. Des solutions existent pour agir collectivement.
Avant de passer à l’action, découvrons comment fonctionne le circuit de l'eau sur notre territoire. Brest métropole, via la société publique locale Eau du Ponant, gère l'ensemble du circuit de l'eau de consommation production et distribution de l’eau potable, collecte des eaux usées et traitements avant rejet dans le milieu naturel réalisation des travaux sur les canalisations d'eau et d'assainissement. La collectivité a également en charge les eaux pluviales issus du domaine public, c'est à dire la collecte des eaux de pluie recueillies sur la voirie, les trottoirs, les places, les squares, les équipements.
Il existe différents réseaux de gestion des eaux de pluie, héritage de l'histoire de la construction de la ville. Petit tour d'horizon de nos infrastructures et de leurs limites. Le réseau le plus ancien et le réseau unitaire. Il a été créé en majorité au 20e siècle et a été reconstruit après la guerre. Ce réseau de 270 km mélange les eaux pluviales aux eaux usées. Dans les années 70 les réseaux d'eaux pluviales et d’assainissement sont séparés. C’est ce qu’on appelle le réseau séparatif, qui dessert la plupart des constructions à cette époque.
[Musique]
En l'absence de réseau les caniveaux et les fossés collecte les pluies. Le réseau séparatif rejette l'ensemble des eaux pluviales au milieu naturel, véhiculant parfois des pollutions. Les eaux usées sont quant à elles à cheminer vers les stations d'épuration pour y être traitées. Il est primordial que chacun veille à la séparation de ses eaux pluviales et usées pour préserver l'environnement. Avec le déploiement de l'urbanisation les nombreuses constructions ont fait oublier la présence de l'eau et modifier le cycle naturel. Que se passe-t-il lors de fortes pluies ? en situation de très fortes intempéries, l'eau pluviale ne peut plus être canalisée dans les réseaux. Ils montent en charge et débordent. En secteur unitaire, l'eau de pluie mélangées aux eaux usées ruisselle vers le bas de la ville et entraîne des inondations dans les zones d'accumulation et une pollution importante des cours d'eau via les déversoirs d'orage. Depuis les années 90 les nouveaux quartiers intègre des bassins tampons pour éviter de surcharger les réseaux et préserver les cours d'eau. On compte ainsi près de 300 bassins de rétention recensés sur le territoire. Mais malgré ces aménagements pour limiter le débit de l'eau et la dépolluer avant qu'elle ne retourne au milieu naturel, les quantités d'eau collecter demeurent importantes et le risque de pollution reste présent. Quelles solutions ? poser de plus grandes canalisations ou dévier les écoulements par la création de nouveaux réseaux ? non respectueux de la topographie et coûteux pour la collectivité et ses administrés. Créer deux plus grands stockages ? Des investissements lourds et consommateurs d’espaces. [Musique]
La collectivité a mis en place un zonage et un règlement. Ces outils permettent d'agir pour limiter l'imperméabilisation des sols et maîtriser les débits. Les eaux de pluie, guidées, retournent vers la terre et s'infiltrent dans les sols. Mais ces aménagements réalisés au moment de travaux importants ne peuvent à eux seuls éviter les risques d'inondation et de pollution. Les habitations et leurs jardins sont un autre maillon de la chaîne de réduction du ruissellement. Alors pour que les réseaux d'eaux pluviales soient performants, pour que chacun puisse se baigner à la belle saison, aller à la pêche et boire une eau du robinet de qualité, la collecte des eaux pluviales devient l’affaire de tous. Ensemble, nous devons préserver et faciliter le cycle naturel de l'eau. Et tout commence chez soi en optant pour la gestion intégrée des eaux pluviales.
Explications.
La création de zones perméable offre aux eaux de pluie le moyen de retrouver la terre et de s'infiltrer dans les sols. Stockées, les pluies peuvent également être guidées vers des aménagements paysagers qui embellissent nos jardins. De la noue à la toiture végétalisée, en passant par le bassin, le puits, le sol drainant, il existe différents dispositifs simples de mise en œuvre. Et l'eau de pluie devient une ressource d'appoint gratuite ou encore, la carte maîtresse d'un potager généreux. Tous ces aménagements sont facilement réalisables et peuvent être combinés en fonction des projets. Vous l'aurez compris, moins d'eau rejetée dans les réseaux, c'est une diminution conséquente des risques d'inondation et de pollution. Une eau de pluie qui s'infiltre naturellement dans les sols, ce sont des nappes phréatiques en meilleure santé et des rivières de meilleure qualité.
Quand l'eau de pluie retrouve son cycle naturel, notre cadre de vie se transforme : des espaces plantés, des jardins verdoyants, des espaces accueillants pour le développement de la faune et de la flore qui concrétisent le retour de la nature en ville. Autant d'actions simples et efficaces pour participer individuellement et concrètement à la préservation de notre environnement et ce dès à présent, pour nous, nos enfants et les futures générations. Alors parce que la gestion des eaux pluviales c’est l’affaire de tous, soyons tous acteurs du changement !

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Découvrir tous les bons gestes du quotidien pour valoriser l’eau de pluie et l’utiliser comme ressource ainsi que les aménagements à mettre en place chez vous.

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