Implantation de couverts végétaux sous céréales avant moisson sur l’Arguenon
Lauréat des Trophées de l’eau Loire-Bretagne 2019 dans la catégorie « protection des ressources et réduction des pollutions », le Syndicat mixte Arguenon-Penthièvre (SMAP) s’est distingué par l’implantation de couverts végétaux sous céréales avant moisson sur l’Arguenon (22).
Le Syndicat Arguenon-Penthièvre, acteur de la protection de la ressource en eau
Le Syndicat mixte Arguenon-Penthièvre (SMAP) est chargé de la production et de la livraison d’eau potable pour 1/3 du département des Côtes d’Armor, soit 220 000 habitants, ainsi que la sécurisation de l’alimentation en eau potable du département et du nord de l’Ille-et-Vilaine. Cette production d’eau potable se fait à l'usine de la Ville Hatte de Pléven (22), à partir de la retenue d'eau située sur le fleuve côtier de l'Arguenon.
Michel Raffray
septembre 2019
© Image à part
Michel Raffray, président du syndicat mixte Arguenon-Penthièvre :
« L’eau destinée à alimenter le tiers du département est puisée dans cette retenue d’eau sur le fleuve de l’Arguenon, elle est ensuite traitée pour être rendue potable dans l’usine puis distribuée dans les foyers. »
Cette retenue collecte les eaux du bassin amont de l’Arguenon. Les cultures de céréales occupent environ la moitié de la surface agricole de ce bassin. Afin de limiter les pollutions d’origine agricole et de garantir la protection de la qualité de l’eau qui arrive au barrage, le SMAP met en place de nombreuses actions avec les acteurs locaux, notamment la profession agricole. Le « groupe de pilotage agricole » du SMAP composé d’élus et d’agriculteurs désignés par la Chambre d’agriculture, a expérimenté la méthode de semis de couverts végétaux sous céréales avant moisson.
La Chambre régionale d’agriculture a accompagné les agriculteurs dans cette démarche pour garantir les conditions de sa réussite sur le bassin versant de l’Arguenon dans le cadre d’un marché public avec le SMAP.
L’intérêt de semer des couverts végétaux sous céréales avant moisson
David Bouvier
septembre 2019
© JL Aubert
David Bouvier, conseiller agronomie de la Chambre d’agriculture de Bretagne :
« Cette méthode consiste, avant la moisson, à semer des plantes qui prendront le relais des cultures en place pour couvrir le sol et ainsi éviter qu’il reste nu. C’est bon pour l’eau, pour la biodiversité et pour le sol qui conserve de meilleures propriétés agronomiques.»
L’humidité sous la céréale permet la germination des couverts semés. Après la moisson qui a lieu en général courant juillet, les couverts se développent et restent tout l’hiver. La Phacélie, la moutarde ou le radis chinois semés 1 à 2 jours avant la moisson, lèvent plus facilement et forment une bonne couverture du sol. Ainsi les plantes en place piègent pour leurs besoins l’azote et le phosphore, qui ne sont pas entrainés vers les cours d’eau en cas de forte pluie.
Implanter des couverts végétaux sous céréales avant la moisson permet donc de :
- Limiter le lessivage de l’azote, le ruissellement des phytosanitaires vers les cours d’eau ou les nappes,
- Limiter les pertes de Phosphore et l’érosion des sols par l’absence de travail du sol (pas de labour, semis direct) et l’amélioration de couverture du sol,
- Favoriser la biodiversité en implantant des plantes bénéfiques pour les pollinisateurs et offrant un habitat pour la faune.
Le semoir Maxi Couv’ a permis de développer cette méthode sur le bassin de l’Arguenon
Michel Raffray
septembre 2019
© Image à part
Michel Raffray, président du syndicat mixte Arguenon-Penthièvre :
« Au début, les semis étaient réalisés à la main, puis en 2017, le SMAP a acquis un prototype de semoir pour réaliser des tests en plein champs et l’adapter »
Implanter des couverts végétaux sous céréales avant la moisson permet donc de :
- Limiter le lessivage de l’azote, le ruissellement des phytosanitaires vers les cours d’eau ou les nappes
- Limiter les pertes de Phosphore et l’érosion des sols par l’absence de travail du sol (pas de labour, semis direct) et l’amélioration de couverture du sol
- Favoriser la biodiversité en implantant des plantes bénéfiques pour les pollinisateurs et offrant un habitat pour la faune
Yves-Marie Devrand
septembre 2019
© JL Aubert
Yves-Marie Devrand, des établissements DEVRAND, concepteur du prototype de semoir Maxi Couv’
« Le prototype de semoir devait répondre à certaines exigences / contraintes : la capacité de semer à la volée des couverts végétaux sur une grande largeur (jusqu’à 24 mètres) et emprunter des passages de roues déjà en place dans les cultures pour ne pas occasionner des dégâts avant la moisson. Le prototype initial a été testé en plein champs par les agriculteurs de la CUMA (coopérative d’utilisation du matériel agricole) de la rosette à Broons, nous avons ensuite fait des adaptations sur le matériel. »
Guy Corbel
septembre 2019
© JL Aubert
Guy Corbel, agriculteur à Trémeur (22) et vice-président de la Chambre d’agriculture :
« Grâce au semoir, nous semons 12,5 ha à l’heure pour un coût de 9€/ha, ce qui est bien inférieur au semis classique ou au semis direct. Cela présente le double avantage de réduire le coût du semis et de réduire le temps de travail que nous y consacrons tout en permettant de réduire les pollutions diffuses. »
Des résultats au rendez-vous avec la réduction des teneurs en pesticides et nitrates des eaux brutes
Michel Raffray, président du syndicat mixte Arguenon-Penthièvre :
« Le syndicat et les acteurs du territoire mènent de nombreuses actions pour réduire les pollutions diffuses. Cette action, avec d’autres, a participé à la réduction de la teneur en nitrates et en pesticides des eaux brutes qui arrivent au barrage et qui sont ensuite destinées à être traitées pour l’alimentation en l’eau potable.»
Au-delà du bassin de l’Arguenon, une méthode à développer et à faire connaître
Cette méthode de semis de couverts avant moisson peut être utilisée pour les céréales (du semis à la récolte), pour le maïs et sur prairie. La Chambre d’agriculture envisage de la porter à connaissance lors de formations sur les techniques d’agriculture de conservation des sols qu’elle dispense. Enfin, la construction d’un nouveau prototype plus facile à déplacer sur la route est aussi envisagée. Cela permettrait à un plus grand nombre d’agriculteurs de mettre en place cette méthode.
Implantation de couverts végétaux sous céréales avant moisson sur l’Arguenon
Vidéo - Implantation de couverts végétaux sous céréales avant moisson sur l’Arguenon
novembre 2019
© Agence de l'eau Loire-Bretagne / Une Image à part