Grand Poitiers impulse la filière chanvre pour préserver l’eau et valoriser l’économie locale
Sur l’aire d’alimentation du captage de la Varenne, Grand Poitiers communauté urbaine a lancé un projet aussi innovant que porteur d’avenir : structurer et développer une filière chanvre locale. Un pari gagnant-gagnant pour l’environnement, l’agriculture, l’alimentation et même le secteur du bâtiment !
Mais pourquoi le chanvre ? Parce que cette plante robuste coche toutes les cases du développement durable : elle pousse sans intrants chimiques, protège la ressource en eau, et ses co-produits sont de véritables atouts pour l’alimentation et la construction.
Le chanvre, moteur d’un territoire durable
Le chanvre s’impose comme la culture phare de l’agriculture durable. D’un côté, cette plante demande peu d’eau et limite les pollutions diffuses grâce à sa culture sans pesticides. Elle répond ainsi à l’objectif numéro un de Grand Poitiers : protéger l’eau potable.
De l’autre, le chanvre apporte deux ressources clés pour l’alimentation et la construction.
- Le chènevis : une graine riche en protéines, parfaite pour l’alimentation humaine et animale.
- La paille : transformée en laine ou en chènevotte, elle devient un isolant naturel très prisé dans la construction écologique.
Jean-Frédéric Granger, agriculteur bio à Celle-Lévescault (79)
Jean-Frédéric Granger, agriculteur
© Agence de l'eau / Une image à part
« C'est une plante très peu gourmande en eau. Pas de désherbant, pas d'engrais. Le chanvre fait partie des plantes qui dépollue les sols et permet d'éviter le ruissellement des nitrates. Économiquement c'est très intéressant.»
En misant sur le chanvre, Grand Poitiers Communauté urbaine crée une dynamique territoriale vertueuse, liant eau, alimentation, transition écologique et développement économique local.
Construire et structurer la filière chanvre : étapes et avancées
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
Le projet, doté d’un budget de 240 000 € HT sur 2021-2025, s’est construit étape par étape en commençant avec la mobilisation des acteurs en 2021. Un premier plan d’action voit le jour en 2022-2023 avec 3 volets :
- Accompagnement des agriculteurs pour la production et la transformation du chanvre.
- Promotion des produits alimentaires à base de chanvre auprès des restaurations collectives et privées.
- Sensibilisation des professionnels du bâtiment à l’utilisation du chanvre.
L’année 2024, marque une nouvelle étape dans la structuration de la filière avec la création d’un collectif d’acteurs en vue d’investir dans une unité de défibrage de la paille, essentielle pour l’autonomie de la filière locale et la valorisation complète de la production.
Le pilotage est assuré par la direction Eau-Assainissement de Grand Poitiers Communauté urbaine, en transversalité avec les directions Agriculture-Alimentation, Énergie, Patrimoine bâti, et l’appui de l’association Chanvre Nouvelle-Aquitaine.
Une mobilisation collective et des résultats concrets
Le projet s’appuie sur une large palette de partenaires : agriculteurs, professionnels du bâtiment, collectivités, associations, entreprises locales et institutions régionales. Les résultats parlent d’eux-mêmes :
- Surface cultivée multipliée par 12 : de 3 ha en 2022 à 37 ha en 2024.
- Transformation locale : la graine bio est transformée chez Ecolience, entreprise du territoire.
- Réalisations concrètes : livre de recettes régional, chantiers de rénovation à Poitiers utilisant le chanvre, introduction de recettes au chanvre dans la restauration collective.
- Demande croissante : le secteur du bâtiment réclame de plus en plus de paille de chanvre locale.
En structurant une filière chanvre locale, Grand Poitiers Communauté urbaine montre la voie d’une transition écologique réussie, où chaque acteur trouve sa place et où chaque action a du sens. Protection de l’eau, alimentation saine, construction durable, économie locale…
Céline Lelard, responsable du pôle production eau potable - Grand Poitiers Communauté urbaine
Céline Lelard, Grand Poitiers
© Agence de l'eau Loire-Bretagne / Une image à part
« Plusieurs facteurs clés expliquent la réussite de ce projet. D’abord, nous bénéficions d’un contexte régional particulièrement favorable, ainsi que d’un engagement politique fort de la part de Grand Poitiers Communauté urbaine. Le soutien financier apporté par l’agence de l’eau Loire-Bretagne et la région Nouvelle-Aquitaine, via le programme Re-Sources, a également été déterminant.
Ce projet se distingue par son caractère transversal, puisqu’il mobilise l’ensemble de la filière, de l’amont à l’aval. Il s’ancre véritablement dans le territoire, en s’appuyant sur un groupe d’agriculteurs motivés, sur les acteurs économiques locaux et sur les opportunités offertes par notre région.
Enfin, l’un des atouts majeurs de ce projet est sa capacité à réorienter la valeur ajoutée sur notre territoire, en favorisant une production, une transformation et une consommation locales du chanvre. »
Séverine Farineau, chargée d’interventions spécialisée - Délégation Poitou-Limousin, agence de l'eau
Séverine Farineau, Agence de l'eau
© Agence de l'eau Loire-Bretagne
« Cette initiative exemplaire témoigne de l’engagement fort des collectivités locales et d’un collectif d’agriculteurs en faveur d’une filière qui œuvre pour la qualité de l’eau. La dynamique territoriale autour du chanvre est enclenchée : un groupe d’agriculteurs s’est uni pour structurer la filière, désormais sécurisée grâce à la promotion et au développement des produits à base de chanvre, tant auprès des collectivités publiques que des acteurs privés, et ce, dans deux secteurs clés : l’alimentation et le bâtiment. Cette dynamique répond pleinement aux priorités de l’agence de l’eau, en encourageant des pratiques agroécologiques qui limitent l’usage des intrants et contribuent à l’amélioration de la qualité de l’eau. »
Et demain ? Une filière en pleine expansion
La dynamique est lancée, et elle ne fait que grandir. Les ambitions pour 2025-2026 sont claires :
- Objectif 80 ha en 2026, 150 ha en 2030.
- Création d’une société coopérative (SCIC) pour structurer la filière.
- Investissement dans une unité de défibrage.
- Déploiement d’ateliers culinaires et développement de la transformation des graines.
- Formation et accompagnement des acteurs du bâtiment.
- Mobilisation d’autres collectivités du département.
Grand Poitiers Communauté urbaine, établissement public de coopération intercommunale, regroupe 40 communes. Parmi ses missions prioritaires figure la protection de la ressource en eau, avec quatre captages prioritaires engagés dans la démarche Re-Sources.
