Les bassins versants de l’Arroux et de la Somme traversent un territoire granitique riche en zones humides essentielles à la ressource en eau. De la source de l’Arroux en Côte d’Or jusqu’à sa confluence dans la Loire près de Digoin en Saône-et-Loire, ces milieux jouent un rôle fondamental.

Un contexte marqué par des sécheresses sévères : la ressource en eau sous pression

De 2018 à 2020, le territoire des bassins versants Arroux et Somme subit plusieurs épisodes de sécheresse intense. Ces situations exceptionnelles entraînent de fortes pressions sur la ressource en eau, avec des conséquences :

• Difficultés pour l’abreuvement du bétail,
• Tensions sur l’alimentation en eau potable pour certaines communes,
• Assecs (assèchements longs et exceptionnels des cours d’eau),
• Mortalité accrue de poissons liée à la baisse des débits.

Ce constat motive le SMBVAS, avec l’appui de l’agence de l’eau Loire-Bretagne et de la préfecture de Saône-et-Loire, à intégrer une dimension « préservation de l’équilibre de la ressource en eau » dans le contrat territorial Morvan, Arroux, Somme 2022-2024. Objectif : renforcer la réflexion collective sur la gestion quantitative de l’eau dans une optique d’adaptation au changement climatique et de protection durable.

Jean-Pierre Morvan

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Jean-Pierre Morvan, directeur de la délégation Allier-Loire amont :

« C'est un territoire percuté par le changement climatique. Ces sécheresses ont causé une vraie inquiétude pour l'alimentation en eau des populations et pour l'économie aussi avec des entreprises qui ont rencontré des difficultés. On n'était plus exactement le "château d'eau" qu'on pensait être. »

Viser la gestion concertée et multi-acteurs

Ce dialogue territorial propose une concertation large avec tous les acteurs impliqués dans la gestion de l’eau. Il a pour ambition de :

• travailler sur les questions de gouvernance et de répartition des responsabilités,
• favoriser la conciliation entre les usages et la préservation des milieux aquatiques,
• aborder collectivement les problématiques posées par le changement climatique,
• encourager la sobriété dans la consommation d’eau,
• promouvoir la transversalité avec d’autres documents de planification territoriale, comme les plans d’aménagement et de gestion (PAT) ou les plans locaux d’urbanisme intercommunaux, (PLUi).

Jean-Marc Guilhem, président du SMBVAS :

Jean-Marc Guilhem

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« Il est important de créer des espaces de concertation où l’on puisse partager et coordonner des actions concrètes. L’eau est déjà présente partout, car c’est un besoin à la fois vital et économique : elle doit donc être systématiquement prise en compte dans toutes les décisions d’aménagement du territoire. Par ailleurs, une gouvernance multipartite associée à un portage politique fort sont indispensables pour garantir la mise en œuvre efficace et coordonnée de ces actions. »

Une démarche structurée et participative

La démarche se déploie sur l'ensemble du territoire qui couvre 152 communes, réparties sur les bassins versants des Arroux et Somme, dans un contexte rural mêlé à une forte dynamique environnementale.

Trois étapes clés :

1. Identification des acteurs (juin – octobre 2023) : des entretiens individuels ont permis de recenser les parties prenantes, de tous horizons et tous secteurs, afin de constituer un panel représentatif.
2. Concertation collective (novembre 2023 – septembre 2024) : 9 ateliers répartis sur cette période offrent des espaces d’échanges, d’analyse des attentes et d’élaboration collaborative de pistes d’actions.
3. Restitution et bilan (novembre 2024) : présentation des résultats, bilan participatif et définition des orientations pour la suite du projet.

Des acteurs multiples pour favoriser la rencontre des expertises

• Établissements de l’État : agence de l’eau, Office français de la biodiversité, DDT, Dreal
• Gestionnaires eau potable et assainissement
• Collectivités territoriales
• Milieu agricole : chambres d’agriculture et syndicats agricoles
• Syndicats de bassin et Parc naturel régional du Morvan
• Associations environnementales
• Acteurs économiques : CCI, CMA, industriels, tourisme
• Services de secours et sécurité civile (SDIS)

Fabrice Voillot, agriculteur à Charbonnat et ex-président du SMBVAS

Fabrice Voillot

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« Prendre soin de la ressource en eau, ce n'est pas une contrainte c'est une nécessité. On voit vraiment l'évolution du climat sur nos exploitations, on a besoin de cette ressource en eau pour l'abreuvement et sur nos sols. En tant qu'agriculteurs, ce qu'on peut faire c'est travailler sur la préservation de la ressource en eau : sur les milieux humides, sur les drainages, les captages.»

Bérangère Duret, chargée de mission Eau et biodiversité au CPIE Pays de Bourgogne

Bérangère Duret

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« L'intérêt c'est de comprendre qu'on ne peut pas agir tout seul. On ne peut pas aller vers une solution, sans au préalable avoir poser les constats et les avoir partagé ensemble.»

Aurélie Rabut, animatrice dialogue territorial - responsable projet au SMBVAS

Aurélie Rabut

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« L'idée c'était un partage de position. Ces échanges ont réunis une centaine de personnes : les institutions, les collectivités, des représentants du milieu agricole, du milieu forestier, des associations, des gestionnaires eau potable, des élus. Le travail en sous-groupes a permis d’approfondir les discussions, d’éviter les digressions et de dégager de manière efficace les attentes et propositions. »

Participation citoyenne : « L’eau pour tous, tous pour l’eau »

Pour promouvoir la participation de tous, un volet grand public est lancé en 2024 avec une enquête citoyenne et des journées d’animation autour des enjeux liés à l’eau. Ce dispositif est coanimé avec le CPIE du Pays de Bourgogne, partenaire officiel de la démarche pour renforcer cette dimension.

Aurélie Rabut :

« Ce dispositif et des ateliers "Fresque de l'eau" sont proposés aux élus locaux, pour qu'ils puissent prendre conscience des enjeux et surtout identifier comment ils peuvent être acteurs et moteurs de ces actions. »

Premiers enseignements et avancées majeures

Parmi les principaux résultats déjà constatés :

• Mise en place d’une nouvelle transversalité entre gestion de l’eau, urbanisme, aménagement du territoire et protection du patrimoine
• Valorisation des actions fondées sur la nature
• Amorce de discussions constructives sur la gouvernance, avec la clarification des rôles et responsabilités
• Prise de conscience collective de la nécessité d’espaces de dialogue pour coordonner les actions concrètes

Conclusion : coopérer pour préserver la ressource face au dérèglement climatique

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Face aux conséquences du changement climatique, le SMBVAS propose un exemple inspirant d’engagement et de coopération pour la gestion quantitative de l’eau sur un territoire étendu et diversifié.

En favorisant la participation, la transparence et la complémentarité entre acteurs, cette démarche prépare l’avenir pour une ressource en eau mieux préservée, mieux partagée, et plus résiliente.

Le coût total de cette action s'élève à 55 000 euros, aidée à 50 % par l'agence de l'eau Loire-Bretagne.

Jean-Pierre Morvan, directeur de la délégation

« En l’absence de Sage, c’est grâce à l’engagement fort des élus et à une ingénierie rigoureuse que le SMBVAS a réussi à rassembler les acteurs, partager les enjeux, et progresser vers cet objectif ambitieux. Tout au long du processus, l’agence de l’eau a été étroitement associée dans la définition des objectifs et stratégie et dans la mise en œuvre opérationnelle. Nous avons constaté la qualité de l’investissement et le grand professionnalisme d’une équipe pleinement dévouée à la préservation et à l’amélioration de la qualité de l’eau sur leur territoire, pour le bénéfice des générations à venir. »