(musique de générique)
Stéphane Loriot, directeur de l’EPTB Vienne : l’une des premières missions de l’établissement public territorial de bassin de la Vienne est d’accompagner les collectivités dans le montage et la réalisation d’actions en faveur de la gestion des milieux aquatiques. Et dans les premières approches qu’on a initiées auprès de ces collectivités, on s’est aperçu qu’il y avait toujours une première phase d’explication du fonctionnement des cours d’eau avant d’entrer dans le vif du sujet sur la programmation.
Jean-Bernard Damiens, président de l’EPTB Vienne : les élus ont des questionnements, ils ont des problématiques éventuellement sur le territoire (à l’image : élus et formateurs sur les bords de rivière). Nous avons proposé des formations en direction des élus et des techniciens pour expliquer ce qu’était l'hydromorphologie, qui est la cause principale aujourd’hui de déclassement dans le cadre de la directive cadre sur l’eau, mais aussi pour apporter des réponses notamment en termes d’outils et de financement.
Une meilleure sensibilisation pour de meilleures initiatives
Élu 1 : j’aimerai qu’on aborde le problème des sédiments, de la circulation des sédiments sur les cours d’eau, parce qu’il y a des choses que je n’arrive pas à comprendre.
Élu 2 : est-ce que les embâcles ce n’étaient pas des écluses naturelles ? Est-ce que ce n’est pas ça qui permettait la biodiversité ?
Des formations sur mesure sur la gestion des cours d'eau
Élu 3 : nous savons que nous allons pouvoir intervenir prochainement et le plus rapidement possible ce sera le mieux.
Jean-Pascal Caillaud, directeur du CPIE Val de Gartempe : la demande de l’EPTB c’était de mobiliser les élus sur des territoires qui n’étaient pas forcément organisés. La formation devait principalement informer, sensibiliser et mobiliser les élus sur des questions techniques, pour qu’ils comprennent mieux le fonctionnement de leurs rivières, de leur patrimoine. Les formations étaient organisées en deux étapes : une première, c’était la mobilisation. Il s’agissait d’abord de faire venir les gens. Et ensuite bien évidemment, de les accompagner pour qu’ils comprennent mieux comment fonctionne leur rivière.
Stéphane Loriot : on a eu l’idée d’organiser des sessions formalisées, didactiques, pour expliquer le fonctionnement des cours d’eau et susciter la mobilisation des acteurs et des décideurs locaux, en faveur de la gestion des milieux aquatiques.
Olivier Raynard, directeur de la délégation Poitou-Limousin, de l’agence de l’eau Loire-Bretagne : dans les années 70-80 on recalibrait les rivières, et là on fait quelque chose de totalement différent. On leur redonne une configuration naturelle. On refait des méandres. Dans les années 70-80, on a parfois installé des seuils sur les rivières pour régulariser les cours d’eau. Là on va un peu à l’inverse. Donc, il y a vraiment tout un travail de pédagogie à faire, par rapport aux élus et aussi pour que ceux-ci puissent relayer auprès des citoyens, des usagers, des riverains, une autre vision de la rivière qui n’est plus la vision qu’ils avaient peut-être dans les années 70 ou 80, mais qui existait peut-être avant cette époque-là.
Une nécessaire synergie entre les différents acteurs
Stéphane Loriot : on a réussi à construire une bonne articulation entre notre prestataire, le groupement de CPIE qui est intervenu dans le cadre de ces formations, et l’établissement public territorial du bassin de la Vienne. Les CPIE ont apporté leurs compétences en matière d’éducation à l’environnement, de conception d’outils didactiques, pour bien comprendre les phénomènes, et l’EPTB a pour sa part apporté sa contribution sur tous les aspects organisationnels, c’est-à-dire, montage des programmes d’actions, aide à la recherche de financement etc, pour donner des clés aux élus pour construire des programmes de restauration de cours d’eau sur leur territoire.
Jean-Pascal Caillaud : nous avons conçu des outils spécifiques pour ces formations, dans la mesure où il existait assez peu de choses sur le bassin Loire-Bretagne à ce moment-là. Nous sommes allés chercher, en Seine-Normandie, une petite animation (à l’image : animation sur « comprendre le bon fonctionnement de nos rivières ») tout à fait adaptée et qui correspondait parfaitement. Nous l’avons décliné pour le bassin de la Vienne.
Stéphane Loriot : aujourd’hui on constate qu’à l’échelle du bassin de la Vienne, la principale problématique relevée concerne la dégradation physique des cours d’eau. Une dégradation hydro-morphologique. Par rapport à cet enjeu, nous avons souhaité agir en faveur d’une restauration de la fonctionnalité écologique des cours d’eau de façon à ce que les cours d’eau puissent rendre un certain nombre de services attendus, tels que des services en terme de prélèvement pour l’eau potable, pour l’industrie, pour l’agriculture, mais également des services récréatifs tels que la pêche, les sports d’eaux vives etc.
Jean-Bernard Damiens : c’est vrai que cette première vague a eu un grand succès, et du coup depuis que c’est terminé, on constate d’abord une demande des élus et il y a eu un renouvellement des élus en 2014, et des territoires qui souhaitent aussi bénéficier de cet apport. Nous allons donc organiser dès la fin de cette année 2015, un certain nombre de formations et le développer encore en 2016.
Olivier Raynard : investir dans la formation, ça coûte nettement moins cher que d’investir dans les travaux et que d’investir dans la restauration (images de rivière). Dans une vision financière globale, ça vaut le coup et c’est rentable de former les gens, de les informer, de former des élus, de les informer, et derrière de bien utiliser l’argent qui sera destiné aux travaux de restauration, parce que ça forme un tout.
L’établissement public territorial de bassin de la Vienne (EPTB) a été lauréate des Trophées de l’eau 2015. Concours de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.