D'aucy - Réutiliser l’eau dans un process industriel

La conserverie D’aucy, connue pour sa production de légumes, consomme entre 350 000 et 400 000 m3 d’eau par an. L’eau est donc un enjeu majeur dans son process industriel d’où son projet de gagner en autonomie et de moins dépendre de ses prélèvements dans le milieu. À cette stratégie s’ajoute la dimension environnementale globale de réduction de l’impact de l’activité : consommation d’eau, d’énergie, gestion des rejets, etc.

En Bretagne, l’industrie représente 17% de la consommation d’eau. D’aucy, qui produit, entre autres, pois, salsifis, carottes, haricots verts ou encore épinards selon les saisons, s’est ainsi lancée dans un vaste projet d’épuration de ses eaux en remplacement d’un principe d’épandage devenu compliqué à gérer.

D’aucy qui devait répondre à des obligations fortes pour rejeter des eaux épurées dans le milieu, a été plus loin en s’engageant dans une logique de réutilisation de cette eau.

photo du site de D'aucy

L'entreprise D'aucy

janvier 2024

© D'aucy

Une station d’épuration plus performante

L’opération s’est déroulée en plusieurs étapes allant de la mise en service d’une station d’épuration en 2019 avec un système d’ultrafiltration et complété en 2023 par un système de purification de l’eau par osmose inverse.

photo portrait JC Rouault

© Agence de l'eau Loire-Bretagne

Jean-Pierre Rouault en charge de l’industrie à l’agence de l’eau Loire-Bretagne commente :

« Réduire les prélèvements sur le milieu est très important d’autant qu’une conserverie, comme celle de D’aucy, peut représenter localement une pression importante sur la ressource, supérieure au 17 % que représente le prélèvement industriel global au niveau breton »

L’agence de l’eau Loire-Bretagne a financé 3,3 millions d’euros sur un investissement total de 11 millions. Le budget est donc très important et la démarche doit se situer dans une logique autre que financière.

Initier la démarche sur le long terme

Dans une usine de production de produits alimentaires, l’utilisation d’une eau recyclée passe, évidemment, par des autorisations afin de garantir, in fine, la conformité sanitaire des légumes.

Jean Pierre Rouault souligne :

« Il fallait aller loin en termes de traitement d’abord pour permettre le rejet des effluents dans le cours d’eau et enfin pour avoir une qualité « eau potable » afin de pouvoir la réutiliser »

Dans l’ensemble du process, près de 110 000 m3 était prévu et ce sera finalement 45 000 m3 d’eau - après traitement – qui seront utilisés pour le lavage primaire des légumes.

Mais si la dimension sanitaire de la REUT demande des études fines, il faut parfois aussi étudier l’impact réel sur le milieu naturel de cette réutilisation de l’eau. Éviter la fausse bonne idée. Car cette eau prélevée dans une masse d’eau ne lui est pas restituée, puisque réutilisée.

Jean Pierre Rouault commente :

« Sur un site comme celui de D’aucy, le prélèvement et le rejet se font sur le même milieu, la REUT est donc un projet gagnant car on réutilise plusieurs fois la même eau. Il faut toujours avoir une approche globale du volet eau et toujours privilégier la sobriété avant les substitutions »

Engagée dans une démarche RSE, l’entreprise va plus loin pour recycler non seulement ses 330 000 m3 d’effluents liquides, mais aussi ses 12 000 tonnes de déchets solides, appelés « co-produits végétaux » par la conserverie.

Ronan Quentel, responsable à la conserverie du traitement des effluents explique :

« Nous avons mis en œuvre une double filière, permettant à la fois de traiter et de réutiliser l’eau mais également de produire du biogaz sur l’unité de traitement par méthanisation des co-produits végétaux. Ce biogaz est ensuite valorisé sur l’une des chaudières de la conserverie et nous permet de réduire notre consommation de gaz naturel nécessaire à l’activité de la conserverie ».

Cette année va ainsi permettre d’évaluer les bénéfices de tous ces travaux et de l’ensemble de l’opération pour, notamment, vérifier que D'aucy parvienne bien à réduire son prélèvement d’eau dans le milieu naturel d’environ 45 000 m3.

La mise en œuvre de cette filière biologique de traitement des effluents et des boues constitue, à la fois, une garantie pour le développement de l’activité de la conserverie et le maintien du bon état des cours d’eau voisins.

La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) consiste à récupérer les eaux traitées à la sortie des stations d’épuration pour les réutiliser. Selon les usages que l’on souhaite en faire, un traitement supplémentaire est réalisé.

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