Aménagement de la zone humide de Palluau
Le conseil départemental d’Indre-et-Loire aménage et valorise le marais de Palluau, comme zone humide favorable à la gestion de l'eau et à la biodiversité dans le cadre de sa politique en faveur des espaces naturels sensibles.
Dans le cadre de la mise en œuvre de mesures environnementales compensatoires au boulevard périphérique nord-ouest de l’agglomération tourangelle, le Département d’Indre-et-Loire classe au titre des espaces naturels sensibles le site départemental du Val de Choisille, d’une superficie de 150 hectares, au sein duquel il aménage le marais de Palluau (5 ha) sur la commune de Saint-Cyr-sur-Loire.
De la création d’un bassin de stockage d’eau à un marais
Afin de compenser l’impact hydraulique du remblai généré par la construction du boulevard périphérique et stocker les eaux de crues de la rivière Choisille, le Département d’Indre-et-Loire creuse un bassin sec dans une ancienne parcelle agricole.
Une partie des eaux pluviales de la Ville de Saint-Cyr-sur-Loire, initialement rejetées directement dans la Choisille, sont orientées dans ce bassin par un chenal, avant rejet dans la rivière. Afin de créer une zone humide favorable à la biodiversité en milieu urbain et améliorer l’aspect paysager du secteur, le Département, dans un second temps, prend le parti de décaisser ce même bassin plus profondément pour en faire un marais.
Avant travaux- rejet d’eau pluvial – Charcenay
janvier 2017
© Conseil départemental d'Indre-et-Loire
Photographie aérienne du Marais de Palluau
janvier 2017
© Conseil départemental d'Indre-et-Loire
L’aménagement du marais de Palluau
Le premier bassin de stockage d’eau est créé en 2009, pour répondre à une exigence règlementaire directement liée à la construction d’une l'infrastructure routière. En 2012, le Département décide de créer un marais fonctionnel, alimenté par la nappe et les eaux pluviales. Pour cela sont réalisés :
- un décaissement supplémentaire jusqu’au toit moyen de la nappe alluviale,
- une amélioration des aménagements initiaux sur le canal d'amenée d'eaux pluviales (resserrement du lit, renforcement de berge),
- des aménagements complémentaires (bionattes, haies, clôtures, sentier d'interprétation…),
- la gestion des plantes invasives comme le Souchet vigoureux - Cyperus eragrostis Lam. et l’Aster lancéolé - Symphyotricum lanceolatum (Willd.),
- l’exploitation des abords du marais et prairies attenantes par le pâturage des moutons du lycée agricole de Fondettes, situé à proximité.
La nappe alluviale affleurante maintient le site humide qui, en plus de jouer son rôle de zone d'expansion des crues, constitue un réservoir de biodiversité au sein de l’agglomération tourangelle et contribue par conséquent à la dépollution d’eaux pluviales urbaines.
Panoramique du marais de Palluau
janvier 2017
© Conseil départemental d'Indre-et-Loire
Le coût total de l’aménagement du marais est de 145 000 euros TTC. Les crédits consacrés par le Département au titre de la valorisation des milieux naturels dans le cadre de la politique espaces naturels sensibles ont constitué un vrai levier pour mener ce projet. L’agence de l’eau Loire-Bretagne a également contribué à cet aménagement dans le cadre d’un contrat territorial 2014-2018 « Zones humides classées espaces naturels sensibles », signé avec le Département. Les autres partenaires sont l’office français pour la biodiversité - OFB, la direction départementale du territoire - DDT, le syndicat de rivière de la Choisille et la fédération départementale pour la pêche et la protection des milieux aquatiques d’Indre-et-Loire.
Jean-Gérard Paumier
© CD 37
« Loin d’être des espaces du passé, les zones humides et les mares jouent un rôle utile pour la biodiversité. A ce titre, ils méritent d’être préservés, car ce sont des espaces naturels sensibles. Le marais de Palluau montre qu’il est possible, en milieu urbain, de mettre à profit des contraintes pour créer un projet aux bénéfices plus larges pour la biodiversité, l’eau, les paysages et les riverains. »
Jean-Gérard Paumier, Président du conseil département d’Indre-et-Loire
Des bénéfices pour l’eau, la biodiversité et l’Homme
Un milieu naturel riche
La réalisation de suivis naturalistes témoigne d’une richesse exceptionnelle pour un site urbain et récent : 51 espèces d’oiseaux dont 39 protégées au niveau national et 9 espèces en « liste rouge nationale ». Le marais constitue une zone de nidification et une halte migratoire pour de nombreuses espèces. On peut notamment y observer des colonies importantes de hérons garde-bœufs et de bécassines sourdes, 27 espèces d’odonates (libellules) dont l’agrion de mercure, espèce protégée ainsi que le castor d’Europe et d’autres mammifères.
Un marais pour améliorer la qualité de l’eau et limiter les inondations
La zone humide créée offre un espace pour l’expansion des crues de la Choisille. Elle peut stocker jusqu’à 134 000 m3 et limiter ainsi les risques d’inondation en aval. Lors de l’évènement climatique exceptionnel de 2016 le marais a joué son rôle de rétention d’eau avec un temps de séjour suffisant. Aucune inondation n’a été constatée.
Le nombre d’espèces de libellules sont un premier indicateur de la bonne qualité de l’eau du marais. Un suivi plus précis de la qualité de l’eau sera mis en place.
De nouveaux aménagements pourraient donner à cet espace un caractère encore plus proche d’un milieu naturel aux multiples fonctionnalités. Le nouveau plan de gestion écologique du Val de Choisille 2019-2023 propose :
- d’aménager le chenal aval du marais de Palluau afin de développer une interface humide plus importante par re-talutage et un corridor écologique ;
- le tamponnement des eaux pluviales par la mise en place de zones de stockage temporaire (déboueurs, déshuileurs),
- une concertation avec les collectivités ayant la compétence eau pluviale, comme Tours Métropole Val de Loire, pour mettre en place des bassins tampon à l’aval des réseaux pluviaux.
Un marais aménagé pour la découverte
Public - mobilier ludique au marais de Palluau
janvier 2018
© Conseil départemental d'Indre-et-Loire
L'adhésion des riverains à l’aménagement de la zone humide de Palluau n’allait pas de soi à l’origine du projet, avec des craintes de nuisances liées aux zones humides. Information et pédagogie ont été nécessaires pour favoriser l’appropriation du projet par les riverains et obtenir le soutien des élus locaux.
Au final les aménagements réalisés pour l'accueil du public en font un espace de détente et de découverte très fréquenté, qui a su conserver son intégrité paysagère : circuit d’interprétation champêtre, découverte du pâturage ovin avec le lycée agricole, sorties natures et randonnée avec des associations. La qualité des aménagements est reconnue par le label « Tourisme/handicap ». Ils aident également à renforcer l’intérêt des riverains pour la nature en ville.
Amélie Garnier
© Aelb, JL Aubert
« La zone humide de Palluau est une réussite naturaliste au cœur de la métropole de Tours. Les travaux dépassent la simple restauration d'une zone humide, puisque les eaux pluviales de la ville de Saint-Cyr-sur-Loire y sont dirigées. Les rejets directs vers le cours d’eau de la Choisille sont supprimés. Des pollutions, suite à des mauvais branchements, ont été observées en 2018 sur la partie amont de la zone humide qui a joué un rôle de tampon. Ce projet, dans un contexte urbain, réussit à mêler plusieurs enjeux : milieux aquatiques, biodiversité et eaux pluviales. »
Amélie Garnier, chargée d’intervention à la délégation Centre Loire de l’agence de l’eau
Site espace naturel sensible du Val de Choisille - Bassin versant de la Choisille
© Conseil départemental d'Indre-et-Loire
Site espace naturel sensible du Val de Choisille - Marais de Palluau
© Conseil départemental d'Indre-et-Loire