Accompagner la gestion concertée de la ressource en eau sur les territoires
L’Institut de formation et de recherche en éducation à l'environnement - Ifrée - accompagne des projets de gestion concertée de la ressource en eau sur les territoires. Le dialogue territorial, la participation et la concertation entre les acteurs sont de réels leviers dans la constitution d’un projet pour l’eau.
L’Ifrée est une association, créée dans le département des Deux-Sèvres (79) en 1996, au service de la démocratie participative et de l'aide à la décision. Sa vocation est de favoriser l'implication citoyenne par l'éducation à l'environnement.
Accompagner les acteurs du territoire à l’échelle des contrats territoriaux
Depuis 10 ans, l’Ifrée accompagne les acteurs des territoires pour aider à mettre en place des programmes d’actions de reconquête du bon état des eaux dans les contrats territoriaux. L’Ifrée assure :
- des formations pour les animateurs de contrats territoriaux au dialogue territorial, et une sensibilisation de leurs élus à l’intérêt de cette démarche
- des accompagnements dans la mise en œuvre des dispositifs de dialogue dans le cadre de la conception des projets de territoire. Il a aussi accompagné un groupe de citoyens sur le bassin du Clain pour émettre un avis sur le rôle des citoyens en lien avec la commission locale de l’eau, la CLE.
En 2018, l’Ifrée publie un cahier d'expériences qui présente six concertations accompagnées avec le point de vue des structures porteuses et des participants.
Marie Eraud
mars 2016
© Thomas Lebreuvaud
« En donnant la parole aux acteurs, la concertation permet d'aborder les vrais leviers d'évolution des pratiques ayant un impact sur l’eau. Parfois ces leviers paraissent éloignés des compétences du commanditaire. Certains décident d'investir malgré tout ces nouveaux domaines. D'autres les relaient pour un travail à une autre échelle. »
Marie Eraud, chargée de mission à l'Ifrée
Le contrat territorial est un outil de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.
Il acte, pour 3 ans, l’engagement du signataire et de ses partenaires pour réaliser des actions en faveur de l’amélioration de la qualité des eaux.
Il réunit les acteurs du territoire sur des enjeux identifiés et partagés et facilite la convergence des actions.
Donner des « clefs » pour faciliter les échanges sur la gestion de l’eau
Reconquérir et préserver la qualité des eaux et des milieux aquatiques est une mission complexe. Les équipes d’animation territoriale et leurs élus sont confrontés à la difficulté de faire vivre le dialogue sur la gestion de l’eau sur leur territoire. Ils doivent rassembler les acteurs et leur faire partager une vision commune d’un territoire et de ses enjeux.
Pour faciliter ces échanges, l’Ifrée propose de donner quelques « clefs » à ces équipes. Il s’agit de trouver ensemble des solutions plus adaptées aux réalités de chaque territoire, d’améliorer le portage des actions sur le terrain et d’apprendre à décider autrement, c’est-à-dire avec les personnes concernées.
Les différentes étapes du dialogue territorial proposé par l’Ifrée se résument ainsi :
- clarifier les attendus de la structure qui porte le dialogue à engager,
- établir ensemble la liste des personnes à solliciter en entretiens préalables,
- mener ces entretiens pour vérifier la faisabilité de la concertation et recueillir les principaux sujets de préoccupation,
- organiser une réunion de lancement permettant de recruter les participants aux différents groupes de travail,
- animer le travail de chaque groupe thématique pour aboutir à des propositions,
- mettre en forme ces propositions afin qu'elles puissent être soumises au comité de pilotage.
Francis Thubé
mars 2016
© Thomas Lebreuvaud
« Nous travaillons aux côtés des techniciens et élus des structures qui portent les concertations : agence de l'eau, syndicats d'eau, commissions locales de l’eau, avec l'ensemble des acteurs de la gestion de l'eau : professionnels, élus, citoyens engagés, habitants. La mise en œuvre du dialogue territorial demande une grande rigueur : aborder les questions qui intéressent les gens, réunir les bons interlocuteurs, permettre à chacun de contribuer, faire un retour sur les propositions émises. Si une question importante ou un acteur important est écarté, s’il n’y a pas de retour, les résultats en sont affectés.»
Francis Thubé, directeur de l’Ifrée
Associer en amont les acteurs du territoire : un gage de réussite des programmes d’actions
Suite aux concertations engagées des projets voient le jour. Les enjeux abordés dans les débats dépassent le thème de l’eau. La richesse de ces débats permet d’aboutir à de réels projets de territoire viables dans la durée et partagés par tous.
Une cinquantaine de fiches actions ont été co-écrites et co-portées avec les acteurs. Par exemple :
- un syndicat réalise une étude préalable à l'installation d'une entreprise structurant une filière de légumineuses fourragères viable,
- un autre syndicat met à disposition des coopératives d'utilisation de matériel agricole (Cuma) une herse étrille, outil polyvalent en désherbage mécanique
- des organisations professionnelles agricoles OPA, mutualisent leurs moyens pour des actions de démonstration de plus grande ampleur à l'issue du travail concerté, plutôt que d’entrer en concurrence.
Plusieurs animateurs accompagnés par l’Ifrée maintiennent, suite à la concertation, une dynamique participative dans la conduite et le suivi des actions, en invitant par exemple les acteurs aux réunions annuelles d'élaboration des actions à venir.
La concertation permet aussi de montrer à d’autres partenaires, comme les entreprises d'espaces verts par exemple, l’attente des habitants en matière de pratiques respectant la ressource en eau. Des partenariats peuvent ainsi s’engager en confiance pour travailler à de nouvelles offres.
Laurence Cardinal-André
septembre 2015
© Samuel André
« Tous les animateurs de syndicat d’eau, de rivière ou de schéma de gestion de l’eau (Sage) qui ont essayé la concertation le disent : aujourd’hui nous n’envisageons plus de programmer des actions sans associer les personnes directement concernées par ces décisions à une réflexion préalable.»
Laurence Cardinal-André, chargée de mission à l’Ifrée