(musique de générique)
Marie-Agnès James, maire de la commune d’Aviré (49) : en 2007, la commune a acheté cet étang à des particuliers. Dès le départ, on s’est rendu compte qu’il était très dangereux et que la population ne pouvait pas faire le tour de l’étang, donc on l’a fermé.
Sylvain Lacôte, ingénieur milieux aquatiques au Syndicat de bassin de l’Oudon sud : il faut imaginer un étang d’environ 7 000 m2, entouré par une digue de 2 à 3 mètres de haut (à l’image : photo d’archives aérienne de l’étang). Cet étang était implanté dans le lit majeur de la Sazée, et la Sazée ne pouvait plus aller dans son champ d’expansion en période de crue. Du coup elle avait tendance à aller dans les habitations du bourg d’Aviré (à l’image : photos d’archives des inondations de la Sazée dans le bourg d’Aviré) qui ont notamment été inondées en 2001.
(à l’image : la Sazée)
Arnauld Delacroix, architecte paysagiste à l’agence Talpa : l’idée, c’était de s’emparer de ce site pour pouvoir vraiment le faire revivre. On a des photos où même au fond de l’étang à certaine période, il n’y avait plus d’eau du tout. On avait prévu dans le dossier de prélever les poissons pour les remettre dans la rivière, mais on n’a même pas eu à le faire parce qu’il n’y avait plus aucun poisson dans le site.
(à l’image : les méandres de la Sazée)
Joël Roncin, président du syndicat de bassin de l’Oudon sud : c’était un petit peu novateur le fait que c’était un étang qui fallait réaménager, trouver des solutions pour améliorer la qualité aquatique, et le fait que ce soit dans le cœur du village.
Arnauld Delacroix : j’avais l’étang d’un côté qui était mort, et la petite rivière de l’autre côté que personne ne voyait (à l’image : photos d’archives des bords de l’étang), parce qu’elle était derrière la digue et créait en plus des problèmes d’inondation (à l’image : photos d’archives de l’étang et des inondations). J’ai tout de suite eu envie de recréer un grand méandre avec cette rivière qui réenvahit une prairie humide pour qu’elle fasse revivre le site, sachant que dans tout ce qui est milieu humide ça va très très vite en réalité.
Marie-Agnès James : nous avons créé un comité de pilotage qui comprenait l’agence de l’eau, le conseil général, le conseil régional. Il y avait l’Onema, la police de l’eau et le conseil municipal qui participait à chaque réunion de comité de pilotage. L’étude étant bien faite, on a été subventionné au niveau de l’étude à 80 %. Tout seul, je ne pense pas qu’on y serait arrivé. Les petites communes ce n’est pas très riche.
Restaurer un milieu aquatique dans l’intérêt de tous
Sylvain Lacôte : on a demandé deux types d’études. Une étude sur le volet écologique : quel est l’état du milieu aquatique ? Et on s’est aussi intéressé au volet hydraulique. L’étude hydraulique nous a permis d’étudier des scénarios d’aménagement, et l’impact de ces scénarios sur la lame d’eau. Il s’avère que le scénario qui a été retenu permettait de diminuer les niveaux d’eau de 40 centimètres sur une crue de retour 50 ans. Ce qui permettait donc de mettre hors d’eau, pour ce type de crue, les habitations.
Marie-Agnès James : ils ont fait une étude formidable qui n’a pas été facile au départ à accepter par le conseil municipal parce que ça changeait complètement, c’était une métamorphose du site.
Sylvain Lacôte : dans le cadre du projet, on a créé une mosaïque d’habitats, des zones de mares, des bras morts, des zones aussi où la rivière coule sur des radiers (à l’image : fleurs et les bords de la rivière). Cette mosaïque d’habitats a permis de créer toute une diversité qui s’est exprimée très rapidement sur le site, comme en témoigne notre suivi qu’on réalise sur les libellules, les odonates. On a déjà plus une dizaine d’espèces qui ont colonisé le site. On a donc une réaction très rapide du milieu.
Marie-Agnès James : aujourd’hui c’est une zone naturelle (à l’image : l’étang aujourd’hui). Le lit de la rivière a repris son cours et on peut aussi se balader autour en admirant toute la faune et la flore (à l’image : faune et flore autour de l’étang). Cela a pallié aussi au problème d’inondation qui était un enjeu important.
Sylvain Lacôte : dès l’hiver 2014, on a pu constater l’effet des aménagements réalisés puisqu’on a eu une crue importante sur la Sazée qui a mobilisé tout le champ d’expansion comme prévu initialement. On s’est aperçu que cela avait épargné les habitations.
Marie-Agnès James : on était en recherche d’exemples parce qu’on avait un étang fermé qui était dangereux. On ne savait pas du tout comment l’aménager pour conforter les berges etc. On a donc été voir beaucoup de communes qui avaient des étangs. On se rend compte qu’on n’a pas du tout gardé notre étang et, qu’en fait, ce sont les communes qui viennent visiter notre site pour faire la même chose (à l’image : les bords de l’étang), dont une commune qui a réalisé un projet dans le même esprit que celui-ci.
La mairie d’Aviré (49) a été lauréate des Trophées de l’eau 2015. Concours de l’agence de l’eau Loire-Bretagne.