Restaurer des anciens plans d'eau de chasse

Le conservatoire du littoral a acquis en 2000 et en 2017, afin de les restaurer, deux propriétés comprenant des anciens plans d’eau de chasse « le Grand Jacquet » et « les Courtiers », situés sur la commune du Pellerin. Ces plans d'eau font partie d'un ensemble de 2 700 hectares dans l'estuaire de la Loire, propriété du conservatoire et géré par le département de Loire-atlantique (44). Les travaux pour leur redonner un caractère plus naturel sont suivis par le département pour le compte du conservatoire. Un partenariat constructif et propice pour préserver les milieux aquatiques et favoriser le retour de la biodiversité.

Des sites en déprise marqués par les plantes envahissantes

Les Courtiers avant travaux de restauration

Photo des Courtiers
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Plan d'eau bordé de peupliers et envahi par la Jussie et L'Azolla

© Département de Loire-Atlantique

Les plans d’eau du Grand Jacquet et des Courtiers, à proximité du cours d'eau du Migron, servaient à la chasse, usage qui a décliné au fil du temps. La présence importante de l'Azolla et de la Jussie, deux plantes envahissantes, leur donnaient un caractère artificiel et biologiquement dégradé d'un point de vue fonctionnel, encore renforcé par la présence de peupliers sur leurs pourtours.

L’objectif du Conservatoire du littoral et du Département de Loire-Atlantique vise à leur rendre un caractère plus naturel pour favoriser la biodiversité.

Ils pourront  ainsi s'intégrer pleinement au cœur du site emblématique de l'estuaire de la Loire. Un site formé de milieux humides d'une grande variété et doté d'un patrimoine naturel remarquable intégré au réseau Natura 2000 et classé au titre des paysages.

Les espèces envahissantes sont des animaux ou des végétaux introduits intentionnellement (intérêt ornemental, aquariophilie,…) ou accidentellement dans une région où elles n'existaient pas naturellement. Elles concurrencent les espèces locales au point de les remplacer. Elles gênent les activités humaines (obstruction de voies d’eau, développement exubérant…). C’est une cause importante de diminution de la biodiversité et d’altération du fonctionnement des rivières. On utilise aussi l’anglicisme « invasives » pour les désigner.

Réhabiliter les sites pour plus de biodiversité

Restaurer des prairies humides naturelles

Les courtiers en cours de réhabilitation

Photo des Courtiers en cours de réhabilitation
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© Département de Loire-Atlantique

Le Département de Loire-Atlantique a démarré les travaux pour restaurer des prairies naturelles humides.

Sur le site des Courtiers, l’abattage des peupliers est réalisé. Les travaux pour combler le plan d’eau de 5 000 m² à l’aide de matériaux situés à proximité immédiat seront réalisés d’ici le printemps 2020. Les deux ouvrages hydrauliques qui alimentaient le plan d’eau, seront supprimés.

Cette restauration favorisera les oiseaux de prairie tels que la Pie-Grièche ou le Tarier des prés, les batraciens et les insectes. Les terrains seront confiés en gestion agricole extensive à un éleveur local.

Le Grand Jacquet après travaux de restauration

Photo du Grand Jacquet après travaux
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Plan d'eau et prairie humide

© Sandrine Robert

Sur le site du Grand Jacquet constitué de deux plans d’eau et de fossés, l’ensemble des travaux sont réalisés. Un des plans d’eau et les fossés d’alimentation sont comblés avec les matériaux à proximité (ancien merlon, levée) afin de créer une prairie humide. L’autre plan d’eau a été réaménagé pour obtenir un unique bassin de faible profondeur (20 cm) et les berges ont été adoucies. La circulation de l’eau a été modifiée pour limiter le développement de la Jussie. Le site ainsi restauré est plus attrayant pour les espèces nicheuses et permettra de favoriser la reproduction des oiseaux limicoles.

Le coût prévisionnel des travaux pour les deux sites s’élève à 70 000 euros. L’agence de l’eau Loire-Bretagne apporte une aide financière de 56 000 euros dans le cadre de l’appel à initiatives biodiversité 2018.

Suivre les résultats et gérer les sites

Une fois les sites réhabilités, le Département de Loire-Atlantique s'engagera dans un suivi, sur trois ans, de l'évolution des milieux et des animaux qui les recoloniseront. Objectif : conforter la biodiversité en place et mettre en place des mesures de prévention pour essayer d'éradiquer les espèces exotiques envahissantes.

La gestion pérenne ces prairies est confiée en gestion agricole, par convention renouvelable de 9 années, à un jeune éleveur local. En contrepartie d’un loyer modéré, un cahier des charges de gestion a été mis en place en concertation avec l’exploitant.

Une démarche reconduite

Le Département et le Conservatoire du littoral poursuivent la démarche. Ils ont mandaté un bureau d'études pour étudier 19 autres plans d’eau de l’estuaire de la Loire, en partie propriété du Conservatoire. A l'issue de cette étude, ils disposeront d'un diagnostic global et de préconisations de gestion pour l’ensemble des plans d’eau.

Jérôme Guével

Photo de Jérôme Guevel
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© Conservatoire du littoral

« Cette opération de restauration est la première de cette ampleur sur l’estuaire de la Loire. Elle concilie restauration de la biodiversité et confortement des usages agricoles extensifs locaux. Dans le cadre de la gestion menée par le Département, un suivi écologique dans le temps de l’évolution des milieux restaurés sera mené.

Cette expérience permet de capitaliser un savoir-faire, dans un contexte où le Conservatoire du littoral acquiert régulièrement sur ce secteur d’anciens plans d’eau de chasse en déprise, qui peuvent retrouver après restauration  une fonction écologique de premier plan. Le soutien de l’agence de l’eau sera nécessaire pour mener de nouvelles opérations de cette nature sur l’estuaire, et ainsi capitaliser l’opération à l’échelle, non pas d’un plan d’eau, mais d’un réseau de plans d’eau. »

Jérôme Guével, Délégué-adjoint Centre-Atlantique du Conservatoire du littoral

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