Faire de l'eau un atout pour le territoire
L'eau est indispensable pour les activités humaines et pour aménager le territoire. C'est aussi un atout pour son développement si on l'intègre dans toutes ses composantes naturelles, bien en amont des projets d'aménagement et d'urbanisme.
Intégrer l’eau dans les documents d’urbanisme
Dès leur création, les villes se sont installées près des rivières ou des sources d'eau car l'eau est indispensable à la vie. L'eau est aussi un facteur majeur de développement d'un territoire, important à prendre en compte car l'augmentation des populations et des activités humaines peuvent avoir un impact sur sa qualité et sa quantité et, par suite, limiter leur développement.
Un projet durable de territoire - urbain ou rural - se réfléchit en intégrant les enjeux de l'eau dans les documents d'urbanisme.
Prendre en compte les politiques publiques de l'eau
A l’échelle du bassin Loire-Bretagne, le schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux, appelé le Sdage, définit pour 6 ans (2016-2021), les grandes orientations pour une gestion équilibrée de la ressource en eau ainsi que les objectifs de qualité et de quantité des eaux à atteindre.
Les collectivités et organismes publics doivent s'y conformer : leurs actions, décisions de financement ou d'aménagement dans le domaine de l'eau doivent être compatibles avec le Sdage. Elles doivent veiller à la compatibilité des documents d’urbanisme - schémas de cohérence territoriale (Scot), plans locaux d’urbanisme (PLU), cartes communales – avec les orientations fondamentales et les objectifs de qualité et de quantité des eaux définis par le Sdage.
Les documents d'urbanisme doivent aussi être compatibles avec le Sage, qui décline localement le Sdage et avec le plan de gestion des risques inondations élaboré pa l'État.
Intégrer tous les enjeux de l'eau
Protection et accès à l’eau potable, préservation des cours d’eau, des zones humides et de la biodiversité, capacité d’épuration des eaux usées, gestion des crues et des inondations et limitation des ruissellements sont autant d'enjeux à intégrer dans les documents d'urbanisme et à l'amont des projets d'aménagement.
En intégrant les questions liées à l’eau, les documents de planification urbaine (Scot, Plu) concourent à limiter les impacts négatifs de l’urbanisation sur la gestion de l'eau : étalement urbain, suppression d'espaces naturels comme les zones humides...
Un territoire avec un environnement préservé (eaux de bonne qualité, rivières en bonne santé, zones humides préservées) contribuent à un cadre de vie de qualité et renforcent l’attractivité du territoire. La présence de végétation et d’eau près des zones habitées répond aux attentes de nature des habitants, en milieu rural comme en ville.
Préserver les ressources pour l'eau potable
La disponibilité de l’eau potable dépend de l’état de la rivière ou de la nappe d'eau souterraine, qui sont le reflet de l’aménagement du bassin versant car elles sont notamment le réceptacle de toutes les pollutions.
La qualité, la quantité des ressources en eau, la capacité des systèmes d’alimentation en eau potable et les potentielles ressources sont à prendre en compte pour répondre à l'accroissement des besoins dus à l'augmentation de la population.
© Les agences de l'eau
Les choix pour localiser les zones urbaines, les nouveaux équipements et infrastructures doivent tenir compte des secteurs à enjeux pour la préservation de la ressource : aires d’alimentation des captages d'eau potable et ressources stratégiques à protéger pour le futur.
Maîtriser les prélèvements, assurer le partage de l'eau sera un enjeu fort dans un contexte de changement climatique.
Faire de la rivière un atout
Une rivière en bonne santé est une rivière qui fonctionne bien. L'enjeu est de préserver, voire de restaurer tous les éléments qui permettent le bon fonctionnement écologique du cours d’eau : berges naturelles favorables à leur stabilité et à la biodiversité, ripisylves, espaces de mobilité pour maintenir la dynamique du cours d’eau et/ou permettre aux crues de s'épandre, continuité longitudinale et latérale avec les annexes hydrauliques et milieux humides.
Elle peut être valorisée comme un élément contribuant au cadre de vie et à l’adaptation au changement climatique. Des secteurs peuvent être prévus pour leur restauration (réméandrage par exemple).
Préserver les zones humides, intégrer la biodiversité
Mobiliser les connaissances, faire un inventaire et une carte des milieux naturels associés aux cours d'eau est la première étape pour prendre en compte ces espaces sensibles qui ont plusieurs fonctions : régulation du régime des eaux, épuration, corridor écologique.
Leur classement en zone naturelle dans les plans locaux d'urbanisme permet de les préserver par l'interdiction de constructions ou d’aménagements irréversibles tout en laissant possible leur valorisation (pâturage, loisirs...).
Le maintien de zones tampons constituées de haies, de prairies, de bosquets permet de limiter les transferts de pollution, de conserver une biodiversité, de limiter la vitesse du ruissellement et par conséquent les inondations.
Bien penser l'assainissement
Le développement de la population impose de bien penser l'assainissement pour que le traitement et les rejets futurs soient compatibles avec la sensibilité des milieux récepteurs, en particulier là où il existe des usages dits sensibles (zones de production de coquillage, pêche à pied, baignade). Les documents d'urbanisme se doivent d'être cohérents avec les zonages d'assainissement et de prendre en compte la nécessité de réduire la pollution sur les cours d'eau là où les enjeux sont les plus forts.
Limiter le ruissellement des eaux de pluie
L'imperméabilisation des sols augmentent les volumes d'eau qui ruissellent, avec des conséquences sur l'eau et les milieux aquatiques : saturation des systèmes d'assainissement qui déversent et polluent les rivières, moindre alimentation des nappes souterraines, inondations...
Permettre l'infiltration des eaux de pluie là où elles tombent, de manière alternative au « tout tuyau » contribue à préserver la qualité des eaux tout en intégrant de la nature en ville avec ses bénéfices sur le paysage, la biodiversité et plus généralement le cadre de vie.
Croiser les regards entre eau et urbanisme
Partager les enjeux, croiser les regards entre services de l'eau et services de l'urbanisme permet d'enrichir les approches des acteurs de l'eau et ceux de l'urbanisme Ce rapprochement entre les élus locaux, les responsables de services techniques, les administrations, les urbanistes, les techniciens de l’eau est indispensable pour faire de la ressource en eau un élément central et intégré au projet de territoire, d'aménagement.
C'est ainsi que l’approche globale des enjeux de l’eau portée par les Sage pourra être intégrée dans les documents d'urbanisme et que les Sage pourront prendre en compte les projets d'aménagement.
L’eau, un facteur de développement du territoire
La disponibilité d’une eau de bonne qualité est un avantage compétitif certain pour les territoires et leur attractivité. Sur le bassin Loire-Bretagne :
- plus d’un million d’emplois dépendent de la ressource en eau,
- la gestion de l’eau représente plusieurs milliards d’euros de dépenses annuelles,
- et près de 30% du produit intérieur brut (PIB) national provient des activités économiques utilisant la ressource en eau sur le bassin.
Pour limiter les conséquences du changement climatique (augmentation des épisodes intenses d'inondation et de sécheresse), les services rendus par la nature et les écosystèmes sont de véritables alliés quand il s’agit de la qualité de l’eau. Ils permettent de limiter les coûts et de renforcer l'attractivité du territoire : la présence de végétation et d’eau près des zones habitées répond aux attentes de nature des habitants, en milieu rural comme en ville.
Mieux intégrer les enjeux de l’eau dans les documents d’urbanisme et d’aménagement, c’est agir en amont pour anticiper l’avenir et rendre son territoire résilient face aux effets du changement climatique.
Face au changement climatique, l'eau peut être une solution pour une ville plus durable et plus résiliente. La gestion intégrée des eaux pluviales, donne une place centrale aux espaces verts et forêts urbaines, limite les îlots de chaleur, désimperméabilise les sols pour éviter la saturation des réseaux d'eau et d'assainissement, végétalise les toits. Autant de solutions fondées sur la nature qui permettent de conjuguer la préservation de la ressource en eau avec l'aménagement et l'urbanisme.